Rôles inversés

Chapitre 9

Luna

- Luna, j'ai vraiment soif on doit s'arrêter, ma vie en dépend, hurle Lucas dans toute la rue.

- Moi aussi, je crois que je vais tomber dans les pommes, ajoute Aaron.

Je suis donc en compagnie de deux papis de plus de quatre-vingt ans qui ne supportent pas de marcher plus de quinze minutes sans s'arrêter. Une belle équipe de sportif.

- Vous n'êtes pas croyables, moi qui croyais que vous étiez des hommes, on n'a pourtant pas tant couru que ça pour échapper à cette bande de fans fous furieux, j'en rencontre au moins dix fois plus tous les jours ! je dis en exagérant.

- Je vais mourir tu comprends ? On peut s'arrêter dans un bar dans la rue et boire quelque chose. Tant que tu as tes lunettes de soleil et ta casquette super moche, personne ne peut te reconnaître, continue Aaron.

Moi qui trouve ma casquette assez sympa et passe partout, il faut croire qu'elle n'est pas au goût de tout le monde. Elle ne sort pas d'une boutique de luxe, c'est sûr, mais quand même.

Nous continuons de marcher dans la grande avenue en cherchant un endroit pour nous arrêter. Je suis avec deux chochottes qui ne supportent ni la chaleur ni de courir plus de cinq minutes. Les hommes font plus de sport que les femmes ? J'aimerais bien voir qui dit des bêtises pareilles.

Nous passons devant le bar de Scott et je baisse automatiquement la tête. J'espère que les deux garçons ne vont pas voir la devanture du café.

- Oh mais ce n'est pas le bar ou tu tournes ton nouveau film ? On peut s'arrêter boire un coup ici, dit Lucas.

C'est une très mauvaise idée.

- C'est une super idée, je suis partant, lance fièrement Aaron.

Bah bien sûr.

- Je ne suis pas sûr, Talia est venue prendre quelque chose ici et elle a été malade pendant des jours, je dis en mentant.

Les deux garçons me scrutent et lèvent les yeux au ciel en même temps.

- On ne va pas tomber malade en buvant une bière Luna, Talia est juste une chieuse.

Ils n'ont pas tort, une seule bière n'a jamais rendu personne malade. Sur ces mots, mes amis entrent dans le bar et je n'ai pas d'autre choix que de les suivre d'un pas trainant, comme à mon habitude.

- Bonjour ! hurle Aaron en passant la porte pour paraitre poli.

Lucas trouve une table à côté d'une fenêtre. Je m'y faufile sans faire attention à Scott qui me fixe depuis mon entrée, attrape la carte des boissons présentes sur la table et la colle contre mon visage.

- Tu fais quoi Parker ? T'es vraiment super bizarre, remarque Lucas.

Invente un mensonge ! Un mensonge !

- J'ai peur que des fans me suivent.

Quelle excuse bidon, je fais vraiment une piètre menteuse. Je me demande parfois comment j'arrive à être aussi bonne actrice. Je comprends qu'Aaron et Lucas ont crus mon mensonge quand ceux-ci se mettent à parler du dernier match de football, comme à leur habitude.

Je scrute la salle de tout son long, la connaissant malgré moi par cœur. Les tables blanches sont plus propres les unes que les autres et les petites chaises en bois sur lesquelles je m'assois d'habitude sont extraordinairement placées autour des tables. Les rideaux blancs touchent à peine le sol et le parquet en bois va bien avec la couleur dominante de la pièce. Sur les murs, d'énormes posters et affiches de joueurs de basket-ball sont mis en évidence. Il est donc toujours aussi fan de ce sport.