Dix-sept

1.5K 171 44
                                    

Je vous souhaite de passer une bonne semaine ♥



J'ai eu droit un appel parental quelques heures plus tard. J'ai dérogé à la règle de l'immersion, le temps de notre discussion. Je voulais leur faire la surprise et Thomas a approuvé l'idée. Nous avons discuté plusieurs minutes et, comme nous l'avions tous deviné, ils étaient déjà au courant pour la chienne. Ils m'ont félicité et j'en ai profité pour leur demander la permission de la garder avec moi. Ils ne se sont pas concertés ni même posé de questions supplémentaires : ils ont dit oui en cœur. J'en ai profité pour leur montrer la chienne grâce à l'appel vidéo et l'ont trouvé adorable. Les borders collies sont adorables de nature, comment leur résister ?

Après ce problème réglé, j'ai eu droit à quelques questions banales pour combler la conversation : « est-ce que tu vas bien ? », « est-ce la route n'a pas été trop longue ? », « as-tu bien mangé et bien dormi ? », etc. Passé ces questions, il y a eu ce moment gênant où l'on ne savait plus trop quoi se dire, et ça m'a fait mal. Horriblement mal. Je sais qu'il faut du temps pour nouer la relation qu'on aurait dû bâtir ces dix-sept dernières années, mais c'est douloureux de ne pas être capable d'aligner plus de deux phrases sans qu'il y ait des blancs dans la conversation. La seule chose qui me rassure, c'est le fait de savoir qu'aucun de nous trois n'est à l'aise, que je ne suis pas seule ni même le problème. C'est la situation qui veut ça. Ça s'arrangera, j'en suis persuadée.

Après avoir coupé l'appel, non sans un certain soulagement, je suis restée un moment dans la chambre que j'occupe. J'ai commencé à me demander qui l'avait déjà occupé auparavant. Mon père ? L'une de mes tantes ? Ou encore un cousin ou une cousine ? J'en ai combien déjà ?

J'ai tenté de lister mentalement la liste des membres de la famille, sans réussir à y parvenir. Ce n'est qu'au bout de vingt minutes que j'ai décidé de rejoindre le rez-de-chaussée et me voilà, en bas des escaliers, accueillie par notre nouvelle amie.

— Il va falloir que tu penses à un prénom, me dit Toby en passant d'une pièce à une autre.

Les humains ont en général neuf mois pour choisir le prénom de leur enfant à naître. Je ne compte pas mettre autant de temps, mais je me laisse quelques semaines avant de me décider définitivement. C'est un choix important, car ça la suivra toute sa vie. Tiens, en parlant de ça... Je rejoins le salon où se trouvent mes deux gardes du corps et me tournent vers Toby, le regard perdu sur l'une des bibliothèques.

— Hé ! Est-ce que tu te souviens si le vétérinaire a pu te dire l'âge qu'elle avait ? Grosso modo je veux dire ?

— Je crois qu'il a parlé d'un an, environ. Elle est assez jeune en tout cas.

Cette nouvelle amie risque de partager un sacré bout de chemin avec moi et ça me remplit le cœur de joie. Elle représente un peu un nouveau départ, un heureux, je l'espère.

— En anglais, je vous prie ! nous ordonne gentiment Thomas.

— Comment on dit « tais-toi » en anglais ? le questionné-je.

— Hum, ça dépend, tu veux le dire poliment ou pas ?

— Je n'en sais rien, tu préfères que je te le dise poliment ou pas ?

Thomas comprend où je veux en venir et lève les yeux vers le plafond. Je laisse un petit rire m'échapper avant de m'installer sur le tapis où s'est remise la grande boule de poils.

— Heureusement qu'aucun d'entre vous n'a peur des chiens ou n'est allergique, ça aurait été vachement plus compliqué.

— Qui te dit que nous ne le sommes pas ? me répond Toby.

Nos Années Volées ▬ Tome ✯✯ ©Où les histoires vivent. Découvrez maintenant