Je crois que c'est la première personne pour qui c'est logique. Dans son esprit, il n'y a pas eu de voix contradictoires ni d'animosité ou d'argumentaires à mon sujet. C'était juste une évidence pour elle et je suis encore plus perdue que je l'étais alors que je quitte la cuisine, le ventre bien rempli.
Je me demande si le peuple pense comme elle. Est-ce qu'il se sont tous dit que j'étais à ma place dans l'ordre de succession ? Est-ce qu'il se sont dits que c'était l'évidence même que je reprenne la place à laquelle on m'avait arrachée ? Le mieux serait de faire une élection entre Philippe et moi, ça me donnerait la réponse. Mais je sais que c'est absolument infaisable. C'est une monarchie, on élit pas un roi ou une reine en votant. Il est évident que ça résoudrait la situation : je n'aurais pas besoin de prendre cette décision seule. Je laisserais les gens choisir.
Ah, que c'est beau de rêver...
Je rejoins ma chambre d'un pas lourd... ou c'est plutôt mon estomac qui est lourd. Lorsque j'ouvre la porte, Madeleine émerge à peine de son sommeil.
— T'as une sale mine, la salué-je avec amusement.
— Mon teint serait plus radieux si j'avais mieux dormi. Le problème, c'est que la personne qui était à mes côtés n'a pas arrêté de me donner des coups !
— Hey ! C'est un lit pour trois personnes je te signale. Pourquoi tu t'es pas écartée au lieu de rester en plein milieu ?
— Parce que c'est la meilleure place.
— Bah alors, ne te plains pas !
— Râleuse est mon deuxième surnom, annonce-t-elle avec fierté. Et sinon, il est quelle heure ?
— Passé midi. Presque une heure.
— Argh, je suis sûre que mes parents m'ont harcelé de messages et d'appels.
Madeleine étend son bras pour attraper son téléphone qui est déposé sur la table de cheveux. Elle affiche très rapidement une moue ennuyée alors que ses doigts pianotent sur l'écran tactile. Au bout de quelques minutes, durant lesquelles je me suis installée au bout du lit, elle redresse la tête et lève les yeux au ciel.
— Non mais sérieux, dit-il avec désarroi. C'est à se demander si c'est pas juste pour m'ennuyer qu'ils font les parents effrayés de n'avoir aucune nouvelle. Hey oh, je dois vraiment leur rappeler qu'on a été entourées de gardes du corps et que le mien les a sûrement donné des nouvelles à chaque heure de la soirée et de la nuit ? Roh mais je te jure...
— C'est parce qu'ils t'aiment, Mad'.
Je lui souris doucement. Cette histoire de kidnapping n'a pas dû aider oncle Ernest et tante Eloïse à vivre sereinement et à profiter de leurs enfants. Entre sa prise d'otages et ce qui m'est arrivé, il est évident que mon oncle préféré n'a pas vécu les années qui ont suivi avec le coeur léger. J'espère que nos retrouvailles auront pu apaiser son coeur que j'ai senti lourd de regrets et de culpabilité.
— Bon, je vais aller me doucher, enusite je vais chipper quelque chose à la cuisine et après... on ira se promener ? Par pitié, dis-moi que grand-mère n'a pas prévu une autre réunion pour l'organisation de ton bal, je crois que mon cerveau ne pourrait pas le supporter.
— Ne t'en fais pas, la rassuré-je d'un rire. Il n'y aura pas l'ombre de grand-mère au tableau d'aujourd'hui. Maman lui a interdit de venir, elle savait très bien dans quel état on allait être. Y a que nous.
— Parfait ! s'exclame-t-elle, l'air soulagé.
En une fraction de secondes, Maddie est passée de la fatigue intense à une soudaine énergie. Elle envoie valser la couette sous laquelle elle était terrée et saute en dehors du lit. Elle attrape ensuite le sac de sport dans lequel se trouve des vêtements de rechange et rejoint la salle de bain en claquant la porte. Je m'apprête à m'étaler sur le matelas quand un coup à la porte m'arrête dans mon élan.
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Nos Années Volées ▬ Tome ✯✯ ©
Teen FictionLe monde entier est désormais au courant que la Princesse Adélaïde a été retrouvée, seize ans après avoir été enlevée. Encore sous le choc de ces dernières semaines, la jeune fille va devoir passer ses premières fêtes de fin d'années avec sa véritab...