𝑇𝑅𝐸𝑁𝑇𝐸 𝐻𝑈𝐼𝑇

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𝒦𝑒𝓃

J'ai déjà la nausée. Le mal de la ville. Mais cette fois-ci je suis prêt à l'affronter. Pour Mia.

Je vois Hakim et son regard encore plus bressom au loin. Je tire ma valise et le rejoint. On s'offre une simple accolade sans rien dire. Il me fait signe de le suivre. On marche en silence jusque ça voiture. Retrouver l'air pollué de Paris me fout encore plus les morts. J'ai déjà envie de faire demi-tour. Mais sans Mia c'est plus possible.

Durant tout le long du voyage en avion, je n'ai pas cessé de penser et d'imaginer nos retrouvailles. J'arrive, elle me saute dans les bras. J'arrive et elle me fait la gueule. Ou j'arrive et elle est partie. La première des options est ma favorite. J'espère vraiment que ça va bien se passer. Il y a trop de non-dits. Entre la nature de mon départ et l'erreur que j'ai commis, j'ai peur de tout devoir annoncer d'un coup, sous peine qu'elle m'évince complètement de sa vie pour quelqu'un qui l'a mérité complètement.

Hakim me rentrer dans sa audi, toujours sans aucun mot. L'ambiance est pesante et ça m'aide pas trop à me sentir mieux. Au contraire.

Il roule sur plusieurs kilomètres pendant que je me ronge les ongles. Je stresse à mort. J'ai vraiment peur de la réaction de Mia.

Soudain, Hak's s'arrête devant un immeuble non loin de chez moi. Il éteint la radio et déverrouille les portières.

– Sors.

– Qu...Quoi ? je balbutie

Il se détache puis sert son volant qui doit souffrir le martyr sous la force des poings du kabyle.

– Tu n'imagines pas à quel point j'ai la haine contre toi Ken. T'as pensé à Mia deux secondes ?

– Justement je ne fais que ça...

– Oh ta gueule !

Comme un enfant qui se fait sermonner pour avoir voler des bonbons, j'obtempère sans broncher. Je fais tourner mes chevalières autour de mon doigt en les fixant avec conviction.

– Je pensais vraiment que Mia allait aggraver ton cas. Mais putain, c'est toi qui aggrave le sien.

Je déglutis, une boule dans la gorge. Je ne vais pas dire que je me rends compte de ma connerie, parce que j'en ai conscience depuis que j'ai posé un pied dans l'avion.

– Alors maintenant tu sors de ma gova avant que je t'en foute une. Parce que je te jure que tu le mérites.

Apeuré par les menaces de mon frère dites sur un ton menaçant, je n'ose bouger de son siège en cuir.

– Appartement 18. Tu vas l'a voir, lui offrir les fleurs qu'il y a sur la banquette arrière et même si tu dois faire le babtou fragile, tu vas récupérer ta meuf parce que l'un sans l'autre c'est l'autodestruction.

J'hoche doucement la tête en pinçant mes lèvres. Je me détache, déter et motivé par mon kho. Je pose la main sur la poignée, mais au dernier moment je me rétracte et lance une œillade reconnaissante à Hakim.

– Merci Hak's.

– Dégage.

Son ton dur me fait sauter de la bagnole sans plus de complications. Je récupère ma valise et le bouquet de fleurs. Hak's repart sur les chapeaux de roues en faisant vrombir sa audi.

Je lève mon regard sur la hauteur de l'immeuble style Haussmanien. Je sais pas si c'est mal ce que je vais dire, mais je suis heureux d'apprendre qu'elle a déménagé.

Déjà ça éviterai de grosses disputes au cas où elle me fait la gueule sévère, ce que je comprendrais entièrement. Et ensuite, j'ai peur de fuir à nouveau si je suis constamment avec quelqu'un. C'est pas que je n'apprécie pas la présence de Mia. Vraiment pas. Mais Paris me fait parfois sortir de mes gongs à en avoir une puissante colère. Et je ne préfère pas prendre le risque de me défouler sur quelqu'un, et surtout pas Mia.

J'avance vers l'entrée alors que la pluie fait son arrivée, faisant fuir le soleil orangé. J'emprunte l'ascenseur jusqu'au quatrième étage. Plus le nombre d'étage augmente, plus mon cœur boxe contre ma cage thoracique.

J'arrive finalement à bon port. Devant la porte de l'appartement 18.

Il est 20 heures. Elle devrait être chez elle, non ? Et si elle n'était pas là ? Je l'attends ici ? Où je retourne chez oim ? Elle travaille peut-être ? Ou alors elle dort déjà ?

Putain t'as cas sonner pour savoir ducon.

Je souffle un bon coup, les paupières qui s'abaissent. Ma main tremble devant le bouton de la sonnette. J'ai peur d'appuyer dessus. Après ça, je ne pourrais pas revenir en arrière, obligé de l'affronter sans savoir comment elle va être envers moi.

Finalement j'appuie. Et je sens mon cœur louper un battement. Mes yeux se bloquer. Mes jambes trembler. Ma gorge sèche. Mon souffle s'arrêter.

J'attend. J'attend longtemps de l'a voir m'ouvrir la porte. Il n'y a pas de judas donc elle ne peut pas se douter que ce soit moi. Donc si elle est là, elle m'ouvrira certainement.

Sauf que les minutes passent et personne ne m'ouvre. Je commence à perdre patience parce que chaque seconde est un supplice d'attendre de revoir son visage, ses tâches de rousseurs, ses yeux aubains, sa bouche gourmande et tout le reste.

Je perds patience lorsqu'au bout de dix minutes d'attente à sonner de temps en temps, la porte est toujours close.

Je sens la déception m'emporter dans son pays, ma valise a la main et le bouquet orphelin dans l'autre. Je me dis que le bouquet ne fera que fané chez oim, il ne sera pas admirer par mes yeux mais regarder avec amertume. Il est plus raisonnable de le laisser ici. Au moins elle sera un peu heureuse de recevoir un bouquet, même si elle ne saura pas qu'il vient de moi.

Je m'abaisse devant la porte, bouquet de fleurs violette à la main. Je ne sais pas ce que c'est comme fleurs mais Hakim a bon goût. De mon point de vue en tout cas.

Mais alors que le bouquet touche le paillasson en forme de pêche, j'entends des geignements de l'autre côté de la porte.

Je reste qué-blo dans ma position devant la porte. Et si elle était en train de baiser avec un autre ? Rien qu'émettre cette hypothèse fait renaître en moi la partie la plus colérique de ma personnalité : nek le fennec.

Sauf que ces geignements ressemblent plus à un son de douleurs que de plaisirs. Et si il lui arrivait quelque chose ? Peut-être qu'elle s'est faite mal ou pire, que quelqu'un lui en fasse à l'heure même !

Toi aussi tu lui fais du mal.

Alors ta gueule toi, c'est pas le moment. Non j'suis pas schizophrène, je discute juste avec ma fouineuse de conscience.

Ne voulant pas rester baba comme un con devant sa porte alors que je l'entends souffrir à quelques mètres de moi, j'abandonne mon geste de lui déposer ses fleurs et les reprend en main pour lui donner en main propre.

J'actionne la poignée de sa porte d'entrée qui est, heureusement pour moi, ouverte. Je ne perds aucun temps ni secondes et rentre dans son petit appartement. Les geignements se font plus forts mais toujours aucune Mia en vue. Alors je m'avance dans son salon petit mais cosy. J'abandonne ma valise et le bouquet pour me laisser guider par les bruits. Je progresse dans l'appartement jusqu'à trouvé la porte qui cache Mia derrière elle.

Sans aucun suspens, j'ouvre la porte et découvre Mia, recroquevillée sur elle même dans sa baignoire, pleurant à chaude larmes, sa voix qui geigne mon prénom comme un supplice.

Ma conscience avait raison. Le connard qui était en train de lui faire du mal, c'était moi.

𝑑𝑒𝑟𝑛𝑖𝑒𝑟 𝑠𝑜𝑢𝑝𝑖𝑟 | nekfeuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant