𝑑𝑒𝑟𝑛𝑖𝑒𝑟 𝑠𝑜𝑢𝑝𝑖𝑟 | nekfeu

𝑆𝐸𝑃𝑇

ℳ𝒾𝒶

Je me tord de rire, les larmes aux yeux pendant que Doums continue de hurler comme une fillette en courant devant Hugz qui le poursuit avec un lézard en main à travers tout le jardin.

– J'en peux plus de ces sales gosses. souffle Théo

– Et c'est toi qui dit ça ?

– Blabla. T'en veux ? me demande-t-il

– Non merci. Je fume plus depuis que...

Un silence s'impose lorsque je me rend compte que j'allais parler un peu trop. Voire même beaucoup trop.

– Depuis longtemps. je conclus

– Et du coup, t'habite à Nice ?

Je reporte mon attention sur Kamille, la femme de 2zer qui caresse machinalement son ventre lui aussi arrondi par sa grossesse. Y'a tout le monde en cloque en ce moment ou quoi ?

– Oui. J'habite à la Trinité. Et vous ?

– On habite tous à Paname. répond Théo

–  Sauf Nek, c'est un svf. dit Eliott

– Un quoi ?

– Svf. Sans Vie Fixe.

Je plisse mes yeux, les détaille pour savoir si ils sont sérieux ou c'est juste l'effet des joints qu'ils enchaînent depuis avant. Mais non. Ils sont bien sérieux. Ledit "svf" arrive en trottinant, une grimace qui déforme son visage et complètement essoufflé.

– Faut retourner à la salle fennec !

– Ta gueule narvalo. répond le concerné

Il s'affale sur une des chaises autour de la grande table, mes yeux ne pouvant se détacher de son corps transpirant. Je dois avouer qu'il est séduisant. Mais Julian aussi l'était au début. Puis il est passé de charmant à dirigeant.

– Il me faut une bière.

– Putain mais mec, tu deviens un vrai beauf là, ça va plus !

Ken lève fièrement son majeur en guise de réponse. Ses amis ricanent en le laissant respirer. Ils sont plutôt sympa. Et bien plus chaleureux que l'autre con. "Haks l'éventreur" d'après les rumeurs du groupe. Il ne me fait absolument pas peur ce gaillard. J'ai connu pire. Et je crois que pire que Julian, ça vit en prison.

J'ai tout de suite matché avec Kamille et son mari, Théo. Ils forment un beau couple. J'imagine leur enfant qu'ils attendent. Un beau mélange entre la peau mat de Théo et les origines asiatiques de Kamille. Un mioche tropicale.

Je sors de ma songerie quand Hugo saute dans la piscine. Mes yeux, comme des aimants, sont attirés par Ken. Celui-ci semble perdu dans ses pensées pas très joyeuses contenu de son visage fermé tourné vers l'horizon. J'ai follement envie de revoir son visage enfantin et riant, comme lorsque j'ai joué les justicières en reprenant de droit, entre autre, ma voiture.

– J'vais rejoindre Hugo !

Le grand black au longs dreads se lève et sur l'itinéraire de la grande piscine, se dévêtit avant d'y plonger. Ken le suit mais se poste seulement devant la piscine.

Ça me démange, l'envie se décuple, alors je quitte ma chaise en bois et le rejoins, mes mains dans les poches pour ainsi me donner un air de confiance qui me manque cruellement lorsque je suis prêt de lui.

Debout derrière lui, sa casquette me cache de ses yeux aux couleurs d'un désert. C'est une incitation à ôter cette barrière qu'il instaure avec les autres.

Mais bien sûr, ma pulsion est coupée en pleine action. Hakim se dresse dans mon champ de vision et attire toute l'attention de son ami. Oui, j'suis jalouse.

– Alors Nek, ça se passe comment avec Cléo ?

Je remarque le très prompt regard en coin de Hakim vers moi, surtout pour voir mon visage partagé entre la colère et la déception. Hakim est définitivement fourbe.

– Y'a rien avec elle.

Et bim, dans ta gueule ptit con. Cette fois-ci j'ai même pas eu besoin d'intervenir pour qu'Hakim se renfrogne.

– Mais t'es amoureux, nan ?

Le pire, c'est qu'il continue à essayer. Persévérance doit être son slogan.

Ken pouffe, presque hilare de la remarque de son pote.

– Clairement pas !

C'est à ce moment là que je me rapproche et m'incruste entre les deux hommes.

– Vous êtes potes depuis longtemps ?

J'ai rien d'autre à dire, sorry.

– En quoi ça te regarde ?

– Tu sais Hakim, avec cette chaleur étouffante en ce mois de juillet, il est très important de s'hydrater mais surtout de ce rafraîchir les idées quand tu commences à raconter de la merde.

Sur ces belles paroles, je ne le laisse pas le temps au grincheux de s'exprimer et le pousse dans la piscine où il tombe soudainement.

Ken explose de rire en se pliant en deux, son œil rieur qui se fout ouvertement de son ami qui remonte à la surface.

– Ça va pas te faire de mal à toi aussi !

Le rire de Ken cesse aussitôt, ne laissant plus que des bulles d'air faire surface de sous l'eau.

– Girl Power ! hurle Kamille derrière moi

Je pivote et lève mes poings vers le soleil d'aplomb en signe de victoire.

– Un peu de répit ne fait de mal à personne ! je lui répond

– Je t'aime déjà trop Mia !

– C'est réciproque ma belle !

– Attention !

Sans rien comprendre, mes pieds quittent le sol de pierre. En l'espace d'une unique seconde fatale, je me rend compte que Ken et Hakim ont eu le temps pour prévoir leur vengeance en me tenant par les bras et les jambes. Et comme on le dit si bien : la vengeance est un plat qui se mange froid. Et j'avoue que l'eau de la piscine n'est pas très chaude.