𝐶𝐼𝑁𝑄

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ℳ𝒾𝒶

– Mia t'es tarée.

Je lui présente ma main et continue ma mission on ne peut plus compliquée. Ken n'arrête pas d'user le sol derrière moi, il va encore nous faire repérer.

Je suis contente et surtout rassurée que nous avons ressenti ce besoin de nous connaître encore plus tous les deux. J'avais peur que ce ne soit réciproque et que cette nuit d'été ne reste au singulier. Je ne sais pas comment l'expliquer, mais ce monsieur Ken a quelque chose de si unique, mais de si mystérieux. J'ai vraiment cru qu'il allait s'enfuir à toute vitesse ce matin alors que je dormais encore, étendue sur le sable. Comme lorsque qu'une étoile filante passe promptement entre les autres étoiles stagnantes. Ken est une étoile filante, spéciale et si rare. Et j'ai justement peur qu'il me file sous le nez. Mais j'ai l'heureuse impression que l'étoile filante veut bien stagner quelque temps avec une étoile stagnante.

Alors on a lié nos mains, nos doigts, pas encore nos lèvres mais ça va pas tarder. J'arriverais pas à me retenir de toute façon, d'autant plus que mon rêve de cette nuit n'a que accentué mon désir de posséder sa bouche au moins une fois, juste pour goûter. À voir si ses lèvres ont le même goût qu'une drogue dont je ne pourrais me passer...

En attendant, on avait un problème bien plus important que mes soucis d'addiction buccale. Notre moyen de transport. Comme deux insouciants, parce que oui c'est ce que nous sommes, nous avons marché jusqu'à ici, sans penser au moyen de rentrer le lendemain. Maintenant que nos portables sont respectivement déchargés et que son "chez-lui" est situé à la campagne, on doit se débrouiller avec ce qu'on a.

C'est pourquoi l'épingle à cheveux dans la serrure, j'essaye du mieux que je le peux de déverrouiller la porte. Mais je ne suis pas dupe, les techniques du cinéma fonctionnent pour le moins du monde. Je râle et Ken stresse.

– Nan mais t'es folle. Imagine ton ex sort et nous voit en train de cambrioler son garage !

– Alors primo, j'ai pas peur de ce kisama. Deusio, cette voiture c'est aussi la mienne, j'ai largement participé au financement. Et tertio, j'ai toujours pas peur de lui.

L'épingle se craque en deux au même moment et j'entends Ken parler tout seul, ses pieds effectuant bien plus que cent pas.

– Je vais finir en prison. Je vais finir comme MHD putain. Je peux pas, j'ai un label à gérer. Et merde Ken, tu peux pas aller en prison ! Je pourrais même pas me baigner dans la nouvelle piscine de Framal-...

– Mais oui !

Je me relève à la hâte, poussant le stressé en même temps. Je monte les marches, escalade le petit portillon que j'avais repeint l'année précédente, et accède au jardin.

– Mia putain !

J'ignore son appel et cours vers la piscine à l'autre bout du jardin.

– Me dis pas que tu va te baigner dans sa piscine aussi ?!

– Chut !

Je saute et me couche dans l'herbe en roulant vers derrière le cabanon, absolument pas discrète. Je vois par la bais vitré Julian, mon ex, et Victoire sa nouvelle meuf. D'un coup j'ai envie de pleurer, en les voyant s'embrasser en rigolant, les mains de Julian sur le ventre arrondis de mon ancienne meilleure amie. Et dire que ça aurait pu être moi... Sauf que moi, mes ovules ne sont pas très opérationnelles donc Victoire m'a évincé en puissance aux yeux de Julian.

– Mia je vais me pisser dessus de stress si tu bouge pas ton petit cul ! m'appelle Ken

Je sors de ma rêverie, ou plutôt de ma cauchemardie, reprenant conscience de la situation actuelle. Une colère s'installe dans mon organisme, le bout de mes doigts se chauffant et ma mâchoire qui se serrent. J'accorde un dernier coup d'œil au couple "parfait" et cours jusqu'à la piscine creusée. Je m'assure que personne ne me voit à par Ken en pleine panique derrière le portillon. J'ouvre le filtre de la piscine et récupère le double de la clé du garage.

J'avais la fâcheuse habitude de perdre toutes mes affaires et surtout mes clés qui adorait jouer à cache-cache. Alors pour être sûre que je ne sois pas enfermé à l'extérieur tel une sans-abri lorsque Julian était en "déplacement professionnel", il a décidé de cacher une clé dans le filtre de la piscine. Et à mon plus grand bonheur, il ne l'a pas enlevé. Quel con ma parole...

Je souris de toute mes dents en montrant de loin la clé scintillante qui pend à mon doigt à Ken. Il fronce d'abord ses sourcils arqués puis comprend et m'offre un pouce en l'air en souriant autant que moi. Avec la même attention que précédemment, je fais le retour du chemin sans croiser une seule fois le regard colérique de Julian ou sa pouf. Ken et moi descendons deux par deux les escaliers jusqu'à enfin insérer la clé du garage dans la serrure

– Putain la bagnole !

Je pose brusquement une main sur la bouche de Ken qui a les yeux écarquillés. Je lui assigne de se taire pour ne pas attirer l'attention des habitants, un étage plus haut.

J'attrape les clés de la décapotable dont je ne suis pas peu fière. J'avais galéré à convaincre Julian mais il avait finalement succombé. Et dire que c'est sûrement avec ce bijou qu'il a réussi à choper ses gonzesses...

Avant de véritablement quitter ce lieu avec les biens qui me reviennent de droit, j'attrape sa pair si précieuse de Yeezy Boost 350 qui traîne avec les autres chaussures de Victoire. Je me munis d'un stylo qui traîne dans la boîte à gants et lui laisse un petit mot d'amour, juste une dernière fois, sur ses baskets fétiches.

"T'as brisé mon cœur, moi je vole ma propre voiture. Je trouve ça plus qu'équitable. Bisous kisama !"

On monte à bord, Ken comme un gamin en admiration. Je met le contact en retrouvant cette sensation agréable du vombrissement de ma voiture à boîte mécanique lorsque je j'enfonce la pédale de débrayage en même temps que celle du frein. Ken rigole alors que je sors du garage une bonne fois pour toute.

– MIA ! hurle Julian derrière nous

– Kutabare !

Nous roulons tranquillement, le sourire aux lèvres. Ken ôte sa casquette et laisse ses cheveux encore humides volés dans tous les sens.

– Et ça voulais dire quoi ça ? demande Ken, un sourire audible

– Fuck you Julian.

Il explose de rire en s'enfonçant dans le siège en cuir.

– Mia.

– Ou. dis-je sans réfléchir

Stopé par un feu rouge, je dévie mon regard vers lui. Il me regarde, sourire scotché aux lèvres et ses yeux qui pétillent.

– Putain, t'es exceptionnelle.

𝑑𝑒𝑟𝑛𝑖𝑒𝑟 𝑠𝑜𝑢𝑝𝑖𝑟 | nekfeuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant