Oxelle

23] Réunion

-Alors je ne le répéterai pas deux fois: lâche ce que tu tiens.

Honoré est le plus jeune de la fratrie mais loin d'être plus bête ou le plus lent.

Oxelle a deux choix: obéir, ou bien tenter de lui planter à lui le morceau de miroir pour s'enfuir. Mais cette fois ils sont prêts et cela change tout.
La jeune femme hésite, elle ne sait pas quoi faire et Honoré ne détourne pas une seconde son regard du siens. Elle est prise au piège.
Alors elle finit par lâcher le morceau de bol brisé au sol et Honoré le ramasse en souriant:

-Merci. Maintenant c'est bon, tu peux la détacher.

Modeste, réalisant qu'il vient de justesse d'éviter à la mort s'exécute et Silvain donne une tape de fierté à son benjamin.

Une fois libérée de ses entraves aux chevilles, Modeste attrape Oxelle par le bras pour la forcer à se lever et ensemble se dirigent vers la porte. Elle lance un dernier regard à Nina et tous les quatre remontent les escaliers de la cave après avoir soigneusement refermé la porte à clef derrière eux même si en réalité vu comment est attaché Nina il est impossible qu'elle puisse s'enfuir même sans cette précaution.

Modeste à ses doigts si férocement enfoncés dans le bras de la jeune femme qu'il est impossible qu'elle lui échappe et il la traîne sans ménagement à côté d'elle si bien qu'elle doit presque trottiner pour suivre le mouvement. Honoré est à ses côtés mais sans la toucher, prêt à la rattraper si elle tente qui que ce soit et Silvain ferme la marche.
Ils la conduisent jusqu'à la salle à manger où elle avait jusqu'ici prit ses repas et la force à s'assoir sur une des chaises. Modeste et Honoré restent tous deux à ses côtés et le père va rejoindre sa femme qui est présente debout à l'autre bout de la table, face à Oxelle, son petit fils Hyppolyte entre ses bras.
Tous la regardent attentivement dans un silence de plomb qui la terrifient et le fait qu'elle soit assise tandis qu'ils sont tous debout ne fait qu'amplifier leur supériorité et son angoisse.
Finalement c'est Silvain qui brise le silence:

-Comme nous te l'avons déjà exposé tu vas désormais faire partie de la famille...

Plutôt crever espère de taré!

Oxelle se retient de dire quoi que ce soit, car sa vie vaut plus que sa fierté et elle n'est pas suffisamment stupide pour la risquer simplement pour avoir le dernier mot.

-Mais contrairement à ce que tu pourrais penser nous ne sommes pas des sauvages et nous aimons faire les choses dans les règles de l'art. Voilà pourquoi nous voulons officialiser votre union par quelques mots...

Et sur ce, apparaît Fidèle, élégamment vêtu d'un costard avec une chemise dont les deux premiers boutons sont ouverts et dont la veste ne fait que souligner davantage sa carrure d'athlète. Il arrive à côté de la jeune femme, se penche légèrement en avant en lui tendant sa main droit attendant qu'Oxelle lui donne la sienne. Mais la jeune femme se contente de le fixer, la bouche entrouverte par l'incompréhension qu'elle éprouve face à l'absurdité de la situation.

Comme elle ne réagit toujours pas, Victorine s'agace et grince entre ses dents:

-Honoré!

Aussitôt ce dernier, toujours debout aux côtés d'Oxelle, lui saisit son poignet posé sur l'accoudoir de la chaise et met sa main dans celle de son frère aîné.
Fidèle sourit, se redresse et la guide malgré elle jusqu'à l'autre bout de la table, à seulement un mètre de ses parents. Oxelle est comme sonnée, elle n'arrive ni à parler ni à avoir une volonté sur ses actions, elle est juste complètement perdue et son corps ne fonctionne que par automatisme sans que son esprit ne soit réellement là.

Silvain pose doucement ses yeux sur les deux jeunes gens puis s'exclame:

-Bien, nous allons pouvoir commencer...