76] Suffoquer

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Les rôles s'inversent et elle lui saute dessus, brandissant l'arme blanche. Mais avant que la lame n'atteigne la poitrine de Prosper il intercepte son bras dans son élan si violemment qu'Oxelle lâche le couteau qui est alors envoyé sur le sol et glisse sur plusieurs mètres dans le couloir.
La jeune femme le voit s'échapper et veut aussitôt aller la rattraper mais Prosper l'en empêche en la retenant par son t-shirt qu'il tire en arrière. Le cole du vêtement se met alors à étrangler Oxelle qui est forcée de reculer.
Prosper se redresse alors assis et ne desserre pas sa prise sur le vêtement pour continuer de l'étrangler. Elle essaye de glisser ses doigts entre sa gorge et le t-shirt mais impossible tant c'est enfoncé dans sa peau. Elle est en train de suffoquer, le dos collé au mur, assise sur le sol face à Prosper qui serre encore et encore.
Ses yeux se révulsent presque. L'oxygène n'arrive plus dans son cerveau. Elle a l'impression que tout devient trouble autour d'elle, puis de plus en plus sombre.
Le bord du t-shirt scie sa peau et elle se sent partir, partir loin, comme s'il elle planait et ne touchait plus le sol.

Prosper serre si forts que ses phalanges en deviennent blanches. Ses mâchoires grincent par la rage et des larmes de colère incommensurable roulent sur ses joues.
Il veut la tuer. La tuer de ses mains pour lui avoir fait tout ce mal. Cette femme a détruit sa vie, sa famille, celle qu'il aimait et l'enfant qu'elle portait... du moins, c'est ce qu'il pense.
Oxelle a voulu voir la souffrance dans ses yeux en mentant de la sorte, mais à présent c'est en train de causer sa perte...

Même si son esprit est embrumé par le manque d'oxygène et sa vue très atténuée elle comprend qu'elle ne pourra jamais passer ses doigts entre sa gorge et le tissu pour desserrer. Alors elle tend ses mains vers lui, essuyant au hasard et de manière totalement inintelligible de le repousser, de le griffer, de se battre encore...
Mais Prosper résiste. Il résiste aux faibles coups, il résiste aux griffures, il résiste à la douleur...
Et pourtant le coup que lui donné Oxelle il y a quelques instants au niveau de sa blessure pour qu'il lâche son poignet a réouvert sa plaie en faisant sauter les points de sutures. Du sang coule de nouveau de son flan alors qu'il en avait déjà perdu tant. Mais peu importe. Il continue de tenir le tissu serré autour de la gorge de cette salope qui ne sera plutôt qu'un cadavre et qui nourrira les verres!

Oxelle essaye de tenir. Elle ne veut pas mourir. Pas après tout ça. Pas maintenant. Pas comme ça. Pas de ses mains!
Mais sa volonté a beau être éternelle, sa vie, elle, ne l'est pas. Et justement, elle s'échappe peu à peu de son corps.
La jeune femme se sent partir. Totalement. Le noir engouffre son esprit, comme un sommeil qu'elle sait éternel. Et tout se termine finalement.
Comme ça.

OxelleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant