35] Corridor

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Courir jusqu'à la porte d'entrée en priant pour qu'elle ne soit pas verrouillée et qu'il n' y ait personne pour la voir des pièces adjacentes ou alors continuer d'avancer lentement et silence. Mais elle est loin d'être certaine que Prosper soit mort et il pourrait se réveiller à tout moment et donner l'alerte.
Néanmoins Oxelle a réellement frappé fort et elle décide de faire confiance à la puissance de ce choc plutôt qu'à la chance d'un sprint.

Elle descend de la dernière marche et se met à avancer d'un pas précautionneux sur le parquais grinçant.

Line. Nina.

Non. Elle ne peut pas les sauver, pas comme ça. Leur seule chance à toutes les trois est qu'elle réussisse à fuir et appelle la police pour que eux viennent à leur rescousse. Oxelle n'a pas le choix. Elle doit abandonner son amie. Mais elle jure de revenir, elle jure de ne pas la laisser mourir entre leurs mains et entre ses murs.

Et lorsqu'elle sera dehors elle sautera dans les bras de sa sœur et lui demandera pardon pour toutes les inquiétudes qu'elle lui a fait subir inutilement depuis sa plus jeune avance.
Et elle demandera pardon à Maxence aussi.
Si elle réussit à franchir cette porte elle jure que s'il le souhaite elle l'épousera lui et qu'ils auront des dizaines et des dizaines d'enfants si c'est ce qu'il désire. Elle finira sa vie avec lui, très vieux, et bien au chaud et en sécurité dans leur lit. Elle veut mourir entre ses bras, s'endormir paisiblement.

Elle avale sa salive avec difficulté. Sa gorge est serrée. Elle met ses cheveux derrière ses oreilles pour avoir sa vision panoramique dégagée et se met alors à avancer dans le couloir en jetant préalablement un coup d'œil dans chaque pièce avant de continuer sa route.

Il n'y a personne, ou bien les portes sont fermées. Elle y est presque. La porte est juste là. Il ne lui reste plus qu'à passer devant le salon. Mais alors, elle entend une respiration. Elle se fige aussitôt et arrête elle même de respirer. Elle se colle contre le mur et finit par trouver le courage de regarder à l'intérieur en priant pour ne pas être vue.
Et là, elle voit, dos à elle, assise sur l'un des fauteuils une longue tignasse noire.
Ces cheveux elle les reconnaît. Ce sont ceux de Line. Elle veut aussitôt se jeter sur elle mais elle se retient. Ce serait imprudent. Il y a peut être quelqu'un d'autre dans les parages. Elle attend une seconde mais personne d'autre. Ce qui signifie que la porte d'entrée est fermée à clef pour l'empêcher de s'échapper.

Ou alors...
Alors ils l'ont tellement battues, torturée, humiliée, violée et faite souffrir de manières que ne préfère même pas imaginer Oxelle qu'il n'y a même plus nécessité de la surveiller car ils savent qu'elle ne tentera rien.
Ils l'ont détruite...
Ils ont volé son âme et n'ont laissé que son corps.
Ce n'est pas une poule pondeuse qu'ils veulent d'elle. Mais une esclave sans volonté pour assouvir leurs pulsions sexuelles et perverses. Et le processus est déjà bien entamé...

Les images de ses vêtements déchirés et de son visage ensanglanté resurgissent devant les rétines d'Oxelle qui ferme aussitôt les yeux pour essayer d'effacer ces visions mais sans succès.

Elle ne peut pas la laisser.
Car alors, même si la police reviendrait, il sera sûrement trop tard... si ce n'est pas déjà le cas...

Oxelle attend encore quelques instants d'être sûre qu'il n'y a personne puis sur le pointé des pieds s'approche de Line qui est toujours dis à elle et vient poser sa main sur son épaule. La jeune femme tressaille de terreur et se lève précipitamment pour faire volte face en voulant hurler mais Oxelle lui plaque la main devant la bouche pour la faire taire.

-Chut c'est moi...

Elle retire alors doucement sa main et Line n'arrive meme plus à articuler. Les larmes lui montent aux yeux.

-Oh mon dieu... Oxelle... tu es là...

Sa vois se brise et les deux jeunes femmes se serrent l'une contre l'autre. Oxelle essaye de retenir ses émotions car elle se doit d'être forte pour son amie et pour leur survie.
Line a le visage nettoyé. Ils ont eu la pitié de lui retirer tout ce sang et Oxelle en est soulagée. Elle n'aurait pas supporter de la voir de nouveau défigurée et couverte de ce liquide rouge.

-Il faut qu'on sorte. C'est notre seule chance.
-Mais... on ne peut pas... s'ils nous rattrapent ils vont... ils vont...

De nouveaux sanglots la submerge et Oxelle pose un doigt sur sa bouche pour qu'elle ne dise rien de plus.

-Ils ne vont pas nous rattraper tu m'entends! On va s'en sortir! On va s'en sortir ensemble!

Line hoche la tête et Oxelle vient prendre la main de son amie, la lame de rasoir toujours dans l'autre, prête à s'en servir.
Elles se dépêchent d'aller vers la porte d'entrée mais comme elle s'en doutait elle est verrouillée.

-Et merde... bon viens avec moi. On va devoir passer par la fenêtre.

Elle avance dans le salon, regarde à travers la vitre qu'il n'y ait personne et l'ouvre. Le vois et ancien et elle a du mal à l'ouvrir en grand mais finit par réussir. Elle passe sa tête regarde la hauteur avant de se tourner vers Line.

-Vas y, je te suis. Fais attention en te réceptionnant. Il va falloir qu'on court.

Line, toujours aussi terrorisée, hoche la tête en tremblant et passe par la fenêtre avant de sauter.

-Aïe!
-Line ça va?

La jeune femme fait oui de la tête en se poussant pour laisser Oxelle sauter à son tour, ce qu'elle fait. Mais elle s'ouvre le doigt à l'atterrissage à cause de la lame de rasoir.

-Putain...

Elle regarde son index se mettre à pisser le sang. Mais peu importe. C'est bien le cadet de ses soucis en cet instant.
Elle se relève et aide Line à en faire de même mais cette dernière pousse de nouveau un gémissement de douleur.

-Qu'est ce que tu as?
-Ma... ma cheville...

Line pleure et Oxelle s'agenouille pour voir l'état de sa cheville.

-Je vais t'aider à marcher. Mais il faut qu'on se dépêche.

Elle se tourne alors vers son amie, prête à l'aider à se relever, mais avant qu'elle ne comprenne ce qui se passe, Line brandit une pierre et frappe Oxelle en pleine tête qui s'effondre alors sur le sol, inconsciente.

OxelleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant