Oxelle

37] Réaliser

Elle ne peut que fixer Line, incapable de parler, la suppliant du regard de lui expliquer ce qui se passe... Mais comme cette dernière ne fait rien d'autre à part se contenter de la toiser, les bras croisés et l'air nonchalant, Oxelle réussit à entrouvrir une seconde fois la bouche pour souffler:

-Line... pourquoi...?

Alors les autres se taisent et Line lève alors les yeux au ciel et s'approche en tournant d'un pas le temps autour de la chaise où est assise la jeune femme avec ses mains attachées dans le dos avant de se placer face à elle.

-Oh... pauvre, pauvre petite Oxelle innocente qui ne sait rien, ne comprend rien...

Elle dit ça en prenant un air absolument désolé et emplie de pitié puis retrouve son expression de froideur et de mépris:

-Je ne m'appelle pas Line. Seigneur un prénom aussi vulgaire... à vomir. Comme le tient. Mon véritable nom est Félicité.

Félicité.
Un prénom aussi particulier que Fidèle, Modeste, Prosper ou Honoré... Un prénom qui n'est pas un hasard...

Le visage d'Oxelle devient encore plus livide qu'il ne l'est déjà et un sourire vient éclaircir le visage de Félicité qui se penche vers elle:

-Tu comprends maintenant n'est ce pas... Oui bien sûr que tu as compris. Je suis la sœur de Fidèle, Modeste, Prosper et Honoré, la fille de Silvain et Victorine, la tante d'Hyppolyte et de tes futurs enfants. Oui on peut le dire... je suis ta belle-soeur désormais. Je suis tout ce que tu veux, mais pas ton amie. Je ne l'ai jamais été.

Oxelle réalise. Elle réalise peu à peu à quel point tout ça n'a été qu'un mensonge. Elle réalise mais n'arrive pas à l'accepter. Parce que c'est si dur, si énorme.

-C'est... c'est toi qui a voulu qu'on vienne ici... C'est toi qui m'a volé mon portable, mes clefs de voiture... Toi qui a voulu qu'on reste. Toi qui est tombée dans le sable pour leur laisser le temps de me rattraper. Et tu hurlais pour que je t'entende depuis la cave... pour que je pense qu'ils te faisaient du mal et que j'accepte tout. Et comme cela n'a pas suffit tu as fait croire que Prosper te frappait pour que je devienne docile, avec des vêtements déchirés et du faux sang... Tout ça c'est toi. Tu m'as attirée ici pour eux. Tu avais prévu tout ça des mois à l'avance. Tu m'as éloignée de Maxence, à fait en sorte que je ne dise rien à personne pour qu'on ne nous retrouve pas. Tout ça c'est ton œuvre. Et pour quoi? Pour que ton frère puisse se vider les couilles...

Félicité pousse un petit soupire amusé en se redressant et lâche avec un air satisfait:

-Franchement... je n'aurai pas pu moi même mieux résumé la situation...