Oxelle

36] Colère

Comme la dernière fois, Oxelle est réveillée par un violente gifle qui projette son visage sur le côté.
Elle ouvre les yeux et voit qu'elle se trouve dans le salon de la maison, assise sur une chaise, les mains liées dans le dos.
Face à elle toute la petite famille, dont Fidèle qui vient de la frapper et Prosper, un bandage taché de sang à la naissance de ses cheveux et des petits plaies parsemant son visage à cause des éclats de verres.
Tous les yeux sont rivés sur elle, et parmi eux... le regard de Line.
Lorsqu'Oxelle la voit le souvenir de ce qui s'est passé la saisit à la gorge. Elle l'a frappée, alors qu'elles allaient réussir à s'enfuir. Son amie l'a frappée. L'incompréhension et le désarroi envahissent la jeune femme. Elle finit par lâcher dans un soupire presque inaudible:

-Line...

C'est tout ce qu'elle arrive à articuler. Mais dans ce simple mot tellement de questions sans réponse. Il n'y a même pas de place pour la colère tant le bouleversement est grand.

C'est finalement Silvain qui vient briser ce silence insupportable:

-Tu es plutôt intelligente, nous devons bien le reconnaître, plus que les autres filles qui sont passées ici avant toi. Mais tu t'es surestimée si tu pensais pouvoir nous filer entre les doigts aussi facilement.

Alors, Fidèle n'arrive plus à contenir sa colère et attrape le visage d'Oxelle entre ses doigts, faisant exploser toute sa rage:

-Tu n'es qu'une petite salope! Une traînée! J'ai voulu te faire confiance et regarde... tu vas finir ta vie dans la cave, attachée et bâillonnée, avec pour seul but d'écarter les cuisses et d'enfanter jusqu'à tu ne sois plus bonne à rien et que l'on se débarrasse de toi sans la moindre pitié!
-Fidèle calme toi...

Ce dernier continue de tenir le visage de la jeune femme, la fixant au plus profond des yeux quelques secondes puis finit par la lâcher et recule en poussant un râle de colère.
Prosper dit alors avec un petit rictus:

-Arrête de faire ta diva en chaleur frérot... On va finir par croire que tu avais commencé à t'attacher à elle.

Aussitôt Fidèle attrape son frère par le col de son t-shirt et le plaque contre le mur:

-Toi tu pourras parler quand tu sauras surveiller une gamine sans te faire défoncer par surprise!
-Arrêtez tous les deux! Ce n'est pas le moment! s'exclame Victorine d'un ton froid.

Modeste s'avance alors vers ses frères et pose tranquillement une main sur leurs torses pour les séparer en douceur, ce qu'ils font après un échange de regards emplient de haine.

Mais Oxelle, elle, n'arrive pas à se concentrer sur le sort qu'on lui réserve ni sur la scène qui vient de se dérouler sous ses yeux.
Elle ne peut que fixer Line, incapable de parler, la suppliant du regard de lui expliquer ce qui se passe...