Oxelle

87] Magique

Lorsqu'Oxelle avait hurlé à Hyppolyte d'aller se cacher il s'était mis à courir le plus vite que ses petites jambes en étaient capables, était rentré dans la maison, remonté à l'étage et est retourné dans le placard du coffre au trésor, là où il avait déjà été en sécurité.
Il tenait de toutes ses forces le portable magique contre sa petite poitrine, terrorisé, refermé en boule sur lui même.
Des hurlements. Des hurlements en permanence. Personne ne veut se taire, tout le monde hurle. Les grandes personnes son si méchantes! Pourquoi crient-elles? Pourquoi veulent-elles lui faire peur?

L'enfant n'a aucune notion du temps. Il ne sait pas combien de temps il reste enfermé dans cet endroit si étroit et sombre, mais soudain, le silence finit par revenir dans la maison. Un silence presque plus effrayant que les bruits qui l'ont précédé.

Oxelle devait venir le chercher. Comme la dernière fois. C'était elle qui était venue. Et sa mère? Pourquoi l'avait-elle abandonné?

L'ennui prend alors le dessus sur la méfiance et, à pas de loups, comme on le lui a appris, il sort de sa cachette et se laisse guider par là hasard jusqu'à entendre des sanglots étouffés. Il arrive alors dans la chambre où il s'était caché sous le lit et voit dans la salle de bain sa maman, allongée sur le dos, le visage si pale. Et à côté d'elle, cette jeune femme. Celle qu'il ne connaissait pas il y a encore si peu de temps mais envers qui son instinct d'enfant a eu envie de lui faire confiance. Hyppolyte ne saurait même pas dire pourquoi, mais il l'aime bien, elle ne lui fait par peur elle. Elle est gentille avec lui. Elle lui a donné un téléphone magique...

Doucement il s'approche et comprend qu'Oxelle pleure et même avec ses yeux d'enfants il réalise bien que sa mère est bien trop pâle et que la mare de sang dans laquelle elle baigne n'est pas normale.

Il s'avance encore et, voulant consoler celle qui l'a autrefois rassuré, il pose une main sur son bras.

Oxelle sursaute et se retourne vers lui, le visage livide et les yeux rougis. Ils se regardent les yeux dans les yeux un instant sans bouger, puis Hyppolyte tourne son visage vers sa mère gisant au sol:

-Maman?

Mais la jeune femme, même si elle n'a pas perdu connaissance, ne répond rien, se contentant toujours de gémir et pleurer de douleur tandis que ses yeux ne fixent rien, comme perdus sans le vide.

-Elle... a quoi maman?

Son langage est moins timide, légèrement plus assuré qu'il y a encore quelques heures. Il ne se sent pas en danger, mais il s'inquiète en revanche pour sa mère.

Oxelle renifle et essuie rapidement son nez du revers de sa main avant de lui répondre:

-Ta maman... est un peu malade.
-Mais elle a quoi?
-...Son... son ventre lui fait mal...
-Le bébé?

Le bébé est mort! Et ta mère aussi va mourir si il reste à l'intérieur...
Oxelle aimerait être sa sœur en cet instant. Avoir fait des études de psychologie et de psychanalyse. Savoir quoi dire à cet enfant, quoi lui répondre, comment lui expliquer...
Alors la jeune femme reste muette, incapable de dire quoi que ce soit.

Hyppolyte lui tend alors le téléphone.
Oxelle sourit tristement:

-Merci mais... il ne marche pas, je ne peux appeler personne avec.

Le petit garçon secoue alors vivement la tête:

-Non! Pas ça. Il est magique. Pour guérir maman.