Oxelle

24] Union

Silvain a le visage emplie d'une émotion profonde et grave que ne réussit pas à interpréter Oxelle, toujours muette et sidérée, sa main dans celle de Fidèle.

-Le destin nous a mené celle qui permettra à notre famille de se voir offrir une descendance et un avenir. Elle portera tes enfants: mes petits-enfants. Elle sera le ventre et le sein. Elle sera soumise et dévouée. Mère et épouse. Muette et docile. Tandis que toi Fidèle, tu veilleras à sa sécurité, à la nourrir et à la féconder comme il se doit pour que votre progéniture soit la plus forte et la plus puissante de toutes. Maintenant pour que ces mots aient enfin un sens, embrasse la mon fils, que ce baiser scelle votre union éternelle.

Oxelle est stupéfaite. Vient-on vraiment de lui imposer une sorte de cérémonie de mariage, avec le maire et son accord en moins? La situation pourrait presque être comique tant c'est absurde et irrationnel.

Fidèle se tourne vers la jeune femme et retire sa main de la sienne pour venir la poser dans le creux de ses reins avant de se pencher vers elle. Et ce geste a sur elle un effet d'électrochoc. Elle revient soudainement à la réalité et repousse aussitôt le jeune homme, violemment avant de reculer d'un pas, le cœur battant et les yeux emplies de haine.
Fidèle jette alors un coup d'œil à ses parents qui ont les sourcils froncés et la bouche pincée. Le jeune femme tourne de nouveau son visage vers celui d'Oxelle, le regard dur, et en une enjambée est de nouveau tout proche de la jeune femme. Il la saisit par la nuque et sans lui laisser le temps de réagir vient plaquer ses lèvres aux siennes. Aussitôt elle se met à se débattre et à gesticuler pour essayer de le repousser de nouveau mais il la maintient en place et ne sépare sa bouche de la sienne que lorsqu'il en a décidé ainsi.
Lorsqu'il l'a lâché Oxelle s'essuie du revers de la manche en reculant précipitamment jusqu'à se retrouver dos au mur. Sa respiration est haletante et des yeux parcourant la pièce à toute vitesse comme si cela allait l'aider à se sortir de cette situation.

Silvain vient alors poser sa main sur l'épaule de son fils avec fierté:

-Que votre union soit féconde.

Et alors qu'il s'apprête à quitter la pièce, Oxelle retrouve l'usage de la parole et crache les dents serrées:

-Où est Line?

Aussitôt Fidèle la gifle du revers de la main.

-Adresse toi à nous avec respect.
-Allez vous faire foutre.

Il la gifle de nouveau, cette fois encore plus violemment si bien que sa lèvre inférieure se fend et que les plaies de son visage dû au coups qu'elle avait déjà reçu se remettent à saigner.

Oxelle respire longuement, la mâchoire serrée. Elle finit par tourner de nouveau son visage vers son « mari » le regard emplie de plus de colère et de détermination que jamais et articule distinctement:

-Continue de me gifler si tu en as envie. Tues-moi même si ça peut te faire plaisir. Mais je t'assure que jamais je ne te laisserai m'engrosser. Alors vas-y. Frappe encore sale fils de pute!