Oxelle

18] Horrifique

Oxelle ne veut pas.
Elle ne veut pas avoir le même sort que Nina.
Elle ne veut pas rester enfermé ici jusqu'à la fin de sa vie.
Elle ne veut pas avoir d'enfant de ces monstres.
Elle veut rentrer chez elle.
Elle veut revoir Maxence, elle veut revoir sa sœur, sa mère. Elle veut revoir Line.

Line...

-Line!

Oxelle reçoit comme un électrochoc et se jette de nouveau près de Nina, les mains tremblantes et son débit de paroles allant à toute vitesse:

-Écoute je suis venue ici avec une amie, est-ce que tu sais où elle pourrait être? Si elle va bien?

Le regard de Nina passe alors soudainement de la surprise à l'accablement, ce que ne manque pas de remarquer Oxelle:

-Quoi?! Qui y a-t-il?!

Nina reprend son crayon et se met à écrire après un instant de réflexion.

-Si elle n'est pas ici avec nous alors il n'y a que deux possibilités...
-Quoi? Quelles possibilités?!

Nina est retissante à écrire mais ne peut résister face à l'expression de désespoir de son interlocutrice. Elle se résigne et lui répond.

-Soit elle est déjà morte... soit ils se la réservent pour une toute autre activité que la procréation. Si c'est le cas, elle ne survivra de toute façon pas longtemps. Son calvaire sera toujours moins pire que le nôtre.

Lorsque les yeux d'Oxelle parcourent ces lignes, l'horreur et le dégoût vient marquer à chaque mot un peu plus son visage.

Elle se relève doucement tétanisée par l'atrocité de ce que signifie ces lettres tracées, et elle lorsqu'elle finit enfin par retrouver l'usage de la parole elle s'approche de la porte qui est juste à côté du matelas de Nina et se met à frapper les poings fermés contre celle ci, en hurlant et pleurant:

-LINE! LINE! LIIINE!!!

Mais elle se fait stopper par une main saisissant le bas de son t-shirt. Elle tourne alors son visage vers Nina qui la tire vers elle et lève son autre main pour lui montrer une page du cahier.

-Ne pas hurler!

En voyant ces trois mots, Oxelle se calme, du moins en apparence et se contente alors de sangloter silencieusement, horrifiée en imaginant ce que doit être en train de subir son amie si elle n'est pas déjà morte...
Elle se laisse tomber à genoux sur le sol en pierre, le front coller à la porte et des larmes coulant en cascade sur ses joues.

Quel est le pire supplice?
Savoir ce qui l'attend elle même? Connaître son destin funeste?
Ou bien ignorer si son amie est vivante, et si c'est le cas ne pas savoir pour combien de temps encore?...