Oxelle

88] Hochement

-Non! Pas ça. Il est magique. Pour guérir maman.

Oxelle regarde le téléphone puis de nouveau l'enfant et une nouvelle larme coule de ses yeux. Elle pose sa main sur le bras du garçon et dit d'une voix douce:

-Je suis désolée Hyppolyte... mais ça ne va pas marcher.
-Si!
-Non...
-T'as dit il est magique!
-Oui mais...

Les mots meurent sur ses lèvres.
Comme peut-elle laisser mourir une mère devant son fils? Après tout ce qu'ils ont vécu!Après tout ce à quoi ils ont survécu!
Oxelle s'y refuse. Elle doit continuer de se battre comme elle s'est toujours battue!

Elle essuie les dernières larmes qui coulent de ses yeux et prend le téléphone des mains de l'enfant:

-Tu as raison, il est magique. Écoute je vais... je vais essayer de soigner ta maman... Mais vas attendre dans la chambre d'accord.

Il hoche la tête, se penche une seconde sur sa mère pour embrasser sa joue et ce geste a comme l'effet d'un électrochoc pour Nina qui semble soudainement reprendre possession de ses esprits.
Le garçon se redresse et quitte la salle de bain. Oxelle ferme la porte derrière lui et plonge son regard vers Nina.

-Tu ne peux pas faire ça à ton fils Nina. Tu m'entends! Tu vas survivre. Et tu prendras encore mille fois Hyppolyte dans tes bras, puis tu mourras lorsque tu seras une vieille dame, paisiblement dans ton lit... Mais pas ici! Pas ici!

Elle tourne ses yeux vers Oxelle, le regard embué de larmes et cligne alors lentement les yeux de manière à acquiescer.

Oxelle  jette de nouveau un coup d'œil vers l'entre-jambe de Nina pour réaliser ce qu'elle va devoir faire.

-Je vais devoir... je vais devoir sortir le fœtus de ton ventre. Sinon son cadavre... va te tuer de l'intérieur. Line a... je veux dire: Félicité a déclenché la perte des eaux et c'est en train de causer une fausse couche. Je crois que ton corps est prêt à expulsé de lui même le bébé même si la grossesse n'est pas encore arrivée à terme. C'est pour ça que tu souffres sans doute par vague. Parce qu'il y a maintenant les contractions en plus de l'hémorragie... Tu es ouverte à...

Elle place ses doigts vers l'entrée du vagin de Nina pour compter:

-Sept! C'est bien. C'est très bien même je crois. Enfin je crois qu'il faut attendre une ouverture du col à dix normalement mais j'ai peur que si on attend...

Elle ne finit pas sa phrase, ne voulant pas penser à la mort probable de son amie. Elle reprend:

-Mais le fœtus est moins gros que si ça avait été un accouchement normal alors... alors j'imagine qu'il doit pouvoir passer...

Tout ça n'est que supposition, elle n'en a en réalité aucune idée et peut être que les décisions qu'elle est en train de prendre vont la condamner.

-Tu es à combien de mois?

Nina avale sa salive avec la plus grande difficulté pour entrouvrir enfin la bouche et murmurer le souffle court:

-Je ne... devais accoucher que... dans un mois.
-D'accord. Bon... écoute. A la prochaine contraction il va falloir que tu te mettes à pousser. Que tu pousses de toutes tes forces. Il faut qu'il sorte sinon je ne pourrai pas arrêter l'hémorragie. Tu as déjà eu un enfant par voie basse, ça sera plus facile, ton corps sait ce qu'il a à faire. Tu vas y arriver d'accord? Je sais que tu vas y arriver!

Mes deux femmes viennent alors joindre l'une de leurs mains, le regard plongé l'un dans l'autre et Nina se met à hocher la tête.
Survivre pour Hyppolyte!