Chapitre 1

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CALLISTO

Aujourd'hui

Je déteste les coups d'un soir.

C'est vrai ; je ne vois pas l'intérêt d'assouvir ses pulsions avec un inconnu, sous prétexte qu'on se sent seul ou qu'on a le cœur brisé.

Même si je dois bien avouer que niveau cœur brisé, je n'y connais pas grand-chose.

— Je déteste les coups d'un soir.

Je ne sais pas très bien pourquoi je me suis sentie obligée de prononcer cette phrase à voix haute, sûrement parce que je me sens un peu seule. Il faut dire que depuis le début de la soirée, je suis en grande conversation avec moi-même. À vrai dire, je l'ai un peu cherché ; j'ai très peu envie de regarder Camélia et Clément se chamailler ou d'écouter Émie vanter les mérites de la nouvelle salade vegan du Monoprix.

À ma plus grande surprise, la conversation de Camélia et Clément semble s'être arrêtée au moment où je me plaignais. Tandis que Clément me donne un coup de coude qui m'intime de ne pas déprimer – il a énormément de mal avec le concept de tristesse, lui et son optimisme débordant –, Camélia sirote tranquillement son vin rouge avec un air désolé sur le visage.

Je connais ce regard : c'est celui qui dit « je ne comprends pas pourquoi tu me dis ça parce que tu répètes à longueur de journée que tu détestes les hommes, mais d'un autre côté je te comprends parfaitement parce que oh, je sais à quel point c'est nul d'être seule même quand on dit détester le sexe masculin ».

Oui, Cam a toujours été douée pour parler sans même ouvrir la bouche.

— Est-ce que tu as déjà eu un coup d'un soir, d'abord ?

— Non, mais...

— Tu sais ce qu'on dit ? Qu'on ne peut pas dire qu'on aime pas avant d'y avoir goûté.

Cam dépose son verre à pied sur le bar, visiblement fière de sa répartie.

— Ça c'est vrai, confirme Clément en se penchant pour que je l'aperçoive derrière la brune. J'en suis la preuve vivante.

— La preuve vivante ? répété-je, dubitative.

Cam me lance un regard amusé en portant de nouveau son verre à ses lèvres, me prévenant silencieusement que ce qui va suivre risque d'être constitué à 90 % de conneries.

— Hé oui, mesdames ! reprend Clément. J'ai trop longtemps attendu la femme parfaite, et j'ai eu tord.

— « Trop longtemps », genre, dix minutes ?

— Douze, corrige-t-il avec un sourire en coin. Et crois-moi Callisto ; quand tu te rendras compte que le prince charmant n'existe pas, tu comprendras qu'il vaut mieux être mal accompagné que seul.

Je me recule dans mon siège, étonnée qu'il fasse preuve d'autant d'intelligence. D'habitude, c'est plutôt le Joey de la bande – sans vouloir vexer monsieur Tribbiani.

— Très bien, cédé-je. Dans ce cas, trouvez-moi un prétendant.

Émie, qui était jusque-là sur son téléphone, s'exclame :

— On cherche quoi ?

— Un type qui serait assez désespéré pour coucher avec Callisto.

Je fusille Clément du regard, qui se contente de me répondre par un baiser dans les airs. Ils se prennent vite au jeu ; en moins de deux minutes, il se mettent déjà à pointer des types du doigt.

— Tiens, celui-là ! propose Camélia. Cheveux blonds, chemise cintrée : franchement, il est plutôt mignon.

— Tu plaisantes ? Il a l'air d'un comptable. Ou pire

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