Chapitre 30

380 57 75
                                    

EDEN

Je n'ai pas encore gagné, je le sais, mais c'est tout comme.

Callisto me serre si fort que ses ongles se plantent légèrement dans ma peau, me griffant légèrement. Pourtant, je n'ai pas du tout envie de la lâcher. L'avoir contre moi est la plus belle chose qui me soit arrivée depuis ce matin.

— Tu vas gagner, me souffle-t-elle. Tu vas gagner et quand ce sera fait, je t'épouse.

Je me recule pour mieux l'apercevoir, un beau sourire aux lèvres. Ses cheveux bouclés caressent le tissu bleu marine de son blazer tandis que ses yeux en amande restent clos, rendant ses pommettes encore plus saillantes que d'habitude. Je n'arrive pas à détacher mon regard des tâches de rousseur brunes qui éclaboussent sa peau mate.

Mon dieu ce qu'elle est belle.

— Ne me donne pas de faux-espoirs, plaisanté-je.

Elle ouvre enfin les yeux et papillonne des cils, un immense sourire aux lèvres. Elle me fixe une seconde puis, sans rien ajouter, embrasse brièvement mes lèvres avant d'attraper ma main pour m'entraîner un peu plus bas.

Je n'ai d'ailleurs même pas fini de descendre les marches qu'une silhouette bien connue s'écrase contre moi, son shampooing à la pomme me chatouillant les narines.

— Avril, dis-je en la serrant contre moi.

Elle se recule, les joues trempées.

— Je n'ai pas encore gagné, lui rappelé-je en voyant qu'elle tremble sous le poids du soulagement.

Ses yeux verts brillent quand elle répond :

— Je sais. Sauf que maintenant, tu as vraiment une chance de gagner.

Après Avril, c'est Sacha qui me serre contre lui. Il me murmure qu'il a confiance en moi, que je vais y arriver et que j'ai toujours fait ce qui était juste. Sa grand-mère me salue aussi et la première chose qu'elle me dit est qu'elle a vraiment adoré voir Maître Jean au bord du malaise et rien que pour ça, je suis vraiment content qu'elle soit là.

Quand c'est au tour de Jeremy, il se contente de se planter devant moi avec les yeux brillants. Sa main se pose sur mon épaule et il la serre, fort. Je sais ce qu'il essaie de me dire.

— Eden !

J'ouvre grand les bras pour que ma mère puisse s'y blottir facilement, ce qu'elle fait sans rechigner. Ses yeux sont rouges et gonflés ; je la soupçonne de pleurer depuis des semaines.

— Ton père... commence-t-elle.

— Je sais, maman. Je sais ce qu'il a dit, la coupé-je.

Ses mains sur mes avants-bras, elle secoue doucement la tête avec un sourire triste sur ses lèvres fines.

— Ce n'est pas ce que je voulais dire. Ton père veut te parler, Eden.

Je crois qu'en entendant cela, mon cœur arrête de battre une seconde. Je scrute alors la foule des yeux et mon regard se pose sans peine sur le seul homme qui se tient en retrait : mon père.

Il est assis sur la dernière marche qui mène au tribunal, la tête entre les mains. Il lève la tête de temps à autres pour regarder les gens se serrer dans les bras, les yeux rouges. Je n'arrive toujours pas à réaliser ce qu'il vient de faire au procès. J'ai l'impression qu'on vient enfin me laisser respirer après des années enfermé sous l'eau.

— Je vais le voir, soufflé-je.

Ma mère acquiesce et je crois voir Jeremy sourire à côté de moi.

ForelsketOù les histoires vivent. Découvrez maintenant