Chapitre 23

405 53 40
                                    

CALLISTO

Aujourd'hui.

Le silence qui suit l'histoire d'Eden est assourdissant.

Mon cœur remonte et redescend dans ma poitrine comme un yo-yo et je sens que j'ai dû mal à respirer. Je savais qu'il avait souffert, mais pas à ce point-là. Et si j'en crois le regard qu'il me lance, ce n'était que le début.

— Tu veux dire que pendant tout le temps où vous étiez ensemble... Elle mentait sur son âge ? finis-je par demander pour être sûre d'avoir bien compris.

Il acquiesce lentement.

— Je sais que ça peut avoir l'air fou mais je te jure qu'en deux ans de relation, je n'ai jamais été amené à voir sa carte d'identité ou à avoir le moindre indice sur son vrai âge. Comme elle refusait que les gens sachent pour nous deux, personne n'avait pu me mettre la puce à l'oreille avant que Gabin ne l'apprenne.

J'hoche la tête et me rapproche imperceptiblement de lui. Nos genoux se touchent et je crois voir ses traits se détendre.

— Et donc... Tu ne l'as plus jamais revue ? demandé-je ensuite.

Je sursaute quand Eden se met à ricaner, surprise. On dirait que je me suis bien plantée, et ça me fait peur.

Qu'aurait-elle pu bien faire d'autre, après tout ça ?

— Oh que si, réplique-t-il. L'histoire n'est pas finie.

Je m'efforce d'avaler ma salive sans le quitter des yeux, les lumières de Paris se reflétant dans ses yeux. J'ai tellement de peine qu'il ait dû subir tout ça et le fait que je ne sache pas tout encore me fait d'autant plus mal.

Eden a peut-être des défauts, mais il ne méritait vraiment pas ça.

— J'ai réussi à l'éviter pendant toutes les vacances d'été et fin août, j'avais beau essayer de faire face, j'étais complètement détruit. Et étant donné que j'avais changé d'internat, je savais que Lilia ne me reverrait plus. Et je ne sais pas, je... J'ai craqué, et j'ai voulu aller lui dire au revoir. Une sorte d'adieu, tu vois.

Je suis littéralement suspendue à ses lèvres, la poitrine douloureuse. J'ai envie de le serrer contre moi, de le réconforter, de ne pas le forcer à terminer son histoire. J'ai peur que lui infliger un tel retour vers ses souvenirs ne le replonge dans une période difficile.

— Quand j'ai sonné chez elle ce jour-là, elle a semblé complètement sous le choc de me voir. Elle ne m'a même pas laissé le temps de lui expliquer pourquoi j'étais là et s'est mise à balbutier qu'il fallait que je parte tout de suite. J'étais littéralement sur le cul qu'elle ose me repousser alors que je revenais vers elle après tout ce qu'elle avait fait.

Mon cœur s'accélère, comprenant que le dénouement arrive. J'ai peur de ce qu'Eden pourrait m'avouer.

— Le père de Lilia, monsieur Antar, a alors débarqué de je-ne-sais-où en me hurlant dessus. J'étais tellement surpris que je ne me suis pas tout de suite défendu quand il m'a attrapé par le col et qu'il m'a traîné dans son jardin.

Avec la taille que fait Eden, j'imagine que le père de Lilia devait avoir une sacrée poigne. Et plus je pense à la violence qu'il a dû employer avec le brun pour le plier à sa volonté, plus mon sang se glace dans chacune de mes veines.

— Je me suis dégagé quand j'ai réalisé qu'il allait probablement me tabasser et je me suis mis derrière la table d'extérieur, complètement paumé. Monsieur Antar m'a alors hurlé que je n'étais qu'un sale violeur, que j'avais forcé sa fille à coucher avec moi et que j'avais profité d'elle et de ses faiblesses pour assouvir des pulsions dégueulasses.

ForelsketOù les histoires vivent. Découvrez maintenant