CALLISTO
— Tu vas payer pour ce que t'as fait à ma sœur, espèce d'enculé !
Sans que personne n'ait le temps de réagir, le blond me pousse sans ménagement et fond sur Eden. Déséquilibrée, je trébuche sur la table derrière moi et m'écroule dessus. Les tréteaux se cassent l'impact et un torrent de boisson s'écoule sur moi, douteux mélange de bière, de jus et de vodka.
— Callisto !
Malgré le choc de tout ce qui vient de me tomber dessus, j'arrive tout de même à garder l'esprit lucide et reconnaît Avril qui, le visage si tendu qu'elle semble au bord de l'explosion, me tend les bras. Sonnée, elle m'aide à me relever sans que je ne demande rien et attrape un rouleau de sopalin qu'elle vide à moitié pour essuyer mon body.
— Mon dieu, mon dieu, mon dieu, répète-t-elle.
Sous le choc d'avoir été poussée aussi brusquement, je mets bien quelques secondes à comprendre que derrière Avril se passe une scène d'une toute autre violence. L'immense blond hurle sur Eden et balance ses poings dans tous les sens pour essayer de le toucher tandis qu'Eliot, sorti de je-ne-sais-où, lui crie de se calmer.
— Comment est-ce que tu peux oser te pointer ici ?! rugit le blond. Comment peux-tu oser me regarder dans les yeux après ce que tu lui as fait ?
— Gabin, calme-toi putain ! hurle Eliot qui a de plus en plus de difficulté à le contrôler.
— Non, je ne me calme pas ! s'écrie celui-ci en se dégageant des bras de celui-ci. Tu sais qui c'est ? Hein, tu sais qui c'est ?
Il est si près d'Eliot que celui-ci le force à se reculer en posant deux mains puissantes au niveau des clavicules du type. Je remarque alors qu'ils se ressemblent beaucoup, que ce soit au niveau de leur chevelure blonde ou de leur carrure. S'ils ne sont pas frères, je parierai qu'ils sont au moins de la même famille.
— C'est lui, l'enfoiré qui a violé Lilia !
Quand je prends conscience qu'il parle d'Eden, je crois que mon cerveau cesse d'être oxygéné. Mon cœur arrête de battre, tous mes membres tremblent et la froideur de la nuit s'empare de moi comme la mort.
— Je ne l'ai pas violée ! se défend Eden, le regard plus noir que je ne l'ai jamais vu. Ton père n'est qu'un sale menteur et Lilia ne...
— Si tu prononces encore une seule fois son nom je te jure que je tue, crache le blond en repoussant Eliot une bonne fois pour toutes.
Et sincèrement, je crois qu'il le ferait.
Complètement sonnée, je repousse les essuie-tout qu'Avril est en train d'utiliser pour essuyer mon body et me rapproche d'eux. Je ne sais pas trop ce que je compte faire ni ce que je ressens mais tout ce que je souhaite, c'est que ça s'arrête.
Tremblante, je me glisse entre Eden et l'immense blond dont j'ai cru comprendre qu'il s'appelait Gabin. Celui-ci me lance un regard plus noir que le ciel de ce soir et lâche, la voix sanglante :
— Bouge de là, petite.
Je ne sais pas quelle mouche m'a piquée, mais je suis comme clouée au sol. Je dois avoir l'air pathétique à me dresser contre un type qui mesure trois fois ma taille et qui vient de m'envoyer dans le décor en moins de deux, mais je crois que je ne réalise pas. J'ai l'impression d'être dans un cauchemar.
Soudain, mon prénom retentit dans mes oreilles et je me fige aussitôt, engourdie.
La voix grave d'Eden est emplie d'une telle douleur et d'une telle honte que j'assiste à tout ça que je me retourne vers lui, désireuse de voir ce qu'il se passe dans ses yeux. Gabin en profite pour me prendre par l'épaule et me pousser sans ménagement sur Avril, qui me réceptionne avec plus ou moins de facilité.
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Forelsket
Romance[Roman préselectionné aux Wattys 2021 & Wattys 2022] En grec ancien, Callisto signifie "beauté". Eden, lui, aurait plutôt choisi "maladroite" ou "gaffeuse" en ce qui concerne sa nouvelle collègue. En effet, cette fille est une vraie catastrophe : le...