Chapitre 3

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    CALLISTO

— Tu es encore en retard.

J'adresse mon sourire le plus angélique à mon ami – celui qui dit clairement « quoique tu penses que j'ai fait : je suis innocente. » Cependant, Paul n'a pas l'air de le comprendre puisqu'il me dévisage en fronçant les sourcils sans réussir à déchiffrer mon message subliminal.

— Pour ma défense, je suis en retard de seulement quatre minutes.

Je profite du fait qu'il soit en train de vérifier mon temps de retard – quel maniaque je vous jure – pour retirer mon duffle coat et m'asseoir à côté de lui.

— Alors, c'était comment l'anniversaire d'Émie ? demande-t-il tandis que je sors mon ordinateur de mon sac.

— Plutôt cool.

Je ne peux m'empêcher de rougir légèrement à l'évocation de ce souvenir. La soirée avait franchement mal commencée : Clément s'était mis en tête de me trouver un type à draguer parmi les amis d'enfance d'Émie. J'avais finalement réussi à le semer quand je suis tombée sur Camélia, qui était en grande discussion avec Eden. Non seulement j'étais surprise de tomber sur lui ici, mais j'étais encore plus surprise de me rendre compte qu'il n'avait pas l'air d'avoir envie de me poignarder. À vrai dire, il était plutôt sympa.

À bien y penser, il était plutôt cordial ; oui, voilà, « cordial ». Sympa, c'est peut-être un peu trop. Après tout, je ne l'ai même pas vu sourire une seule fois.

— Et toi, ton repas de réconciliation « colociale » ? demandé-je.

Mon expression lui arrache un sourire qui s'efface malheureusement tout aussi rapidement. J'en déduis que sa soirée avec son coloc' ne s'est pas bien passée, lui qui avait pourtant pris le soin de préparer le repas pour apaiser les tensions. C'est vraiment un saint : à sa place, j'aurais abandonné depuis longtemps. Depuis le coup de la silhouette de clown soigneusement disposée dans son lit à un retour de soirée, en fait.

Inutile de dire que quand je suis tombée dessus – ce qui n'était sûrement pas prévu –, j'ai failli faire une crise cardiaque.

— Bof.

Je m'apprête à lui demander des détails quand la voix du professeur retentit dans son microphone, annonçant le début du cours.

Pendant près d'une heure, je vous assure que je fais tout pour être concentrée : je prends des notes et je mets même mes lunettes qui me donne l'air intelligente – c'est assez rare, alors j'en profite. Simplement, au bout d'un moment, je n'arrive plus à faire semblant et dégaine mon portable.

Je me perds un peu sur Instagram avant de tomber sur une photo prise hier soir. Un sourire apparaît automatiquement sur mes lèvres quand je reconnais toute ma bande d'amis en train de faire les cons, tels des enfants de six ans.

Puis, le souvenir de cette soirée refait dériver mes pensées sur mon très cher collègue et tape son prénom dans la barre de recherche. Sans surprise, un milliard de résultats s'affichent ; on dirait qu'il y a bien plus d'Eden sur cette terre que ce je croyais.

Je fais un effort monumental pour tenter de me remémorer son nom de famille que je me rappelle avoir lu sur son dossier avant qu'il n'arrive à l'association. Ce n'était pas Calquer ? Ou Cormer ? Merde alors. J'ai vraiment une mémoire infâme.

Finalement, mes instincts de détective privé reprennent le dessus et je fouille dans les abonnés de Cam pour retrouver la fameuse Avril qui aurait soi-disant été la raison de la venue d'Eden, à ce que j'ai compris. Une fois sur son profil, il ne me suffit que de quelques secondes pour tomber sur une photo sur laquelle apparaît le brun.

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