CALLISTO
Quand Eden recule et que sa main s'abat sur l'interrupteur, mon cœur est sur le point de se décrocher de ma poitrine et de tomber à ses pieds.
Les joues roses, je cligne des paupières pour m'habituer à la lumière et file rouvrir les stores pour qu'il ne remarque pas que je suis complètement chamboulée.
Il va me le dire. Eden va tout me raconter.
Tandis que je tire les volets, une chaleur monte en moi et irradie encore plus de mes joues. Je n'arrive pas à croire que quand je me coucherai ce soir, j'aurai percé le mystère Eden.
Je secoue la tête pour cacher mes rougeurs et le rejoint tandis qu'une vague d'excitation monte en moi. J'ai tellement attendu que maintenant ça me paraît complètement irréel qu'il accepte de se livrer sur ce qui semble être l'un de ses plus gros traumatismes. Une partie de moi a presque peur de ce qu'il pourrait m'avouer.
— Mais avant : on sort, annonce-t-il, toujours dans le fond de la salle.
Je suis obligée de me mordre la joue jusqu'au sang pour ne pas qu'il remarque à quel point je suis heureuse.
— On va où ? demandé-je en quittant la salle.
Il me rejoint dans le couloir et me regarde sortir mes clés, un air espiègle sur le visage. Déconcentrée par son regard, je suis obligée de m'y reprendre à deux fois pour réussir à enfoncer la clé dans la serrure.
— Ça te va si on va manger un bout quelque part ? Je meurs de faim.
J'hoche la tête, incapable de résister à l'appel de la bonne nourriture. Pour le coup, je crois qu'il m'a bien cernée. Et puis, il est presque dix-neuf heures trente et je n'ai rien avalé à part un pain au chocolat que Bassem m'a volé pour le goûter.
J'essaie de ne pas trop penser à ce petit monstre car ça ne m'apporte pratiquement que de l'inquiétude en ce moment. En voulant lui apporter un pull propre dans le dortoir, j'ai trouvé sa plaquette de médicaments complètement vide sur son matelas, mise bien en évidence. Et si j'ai tout d'abord cru qu'il avait enfin compris la leçon, un rapide calcul m'a permis de comprendre que cette plaquette ne devrait pas être vide en ce moment, pas alors que nous sommes encore au tout début du mois de février. Mais bien sûr, Bassem est plus malin que tout le monde et il a probablement dû balancer ses cachets quelque part en s'arrangeant bien pour que tout le monde pense qu'il les avais pris. Dommage pour lui que malgré mon niveau médiocre en mathématiques, je sache compter jusqu'à trente.
— Je connais un resto' italien qui propose une lasagne incroyable à quelques rues d'ici, intervient soudain Eden d'une voix légèrement timide en me sortant de mes pensées.
J'ai à peine le temps d'entrouvrir les lèvres pour parler qu'il enchaîne en disant :
— Enfin, tu n'es pas obligée de prendre de la lasagne, ils font aussi de supers raviolis et des... Merde, tu n'aimes peut-être pas la cuisine italienne ?
Je ne peux m'empêcher de lui sourire en me mettant sur la pointe des pieds pour récupérer mon manteau sur la patère, amusée que les rôles s'inversent ainsi. À vrai dire, je suis assez surprise de ne pas avoir encore dit de bêtise en sa présence – en général, c'est exactement le genre de trucs que ma traîtresse de bouche adore faire quand Eden est dans les parages.
— J'adore tout ce qui est italien. En fait, c'est plutôt l'Italie qui me déteste.
Eden arque un sourcil pour obtenir des détails en me tenant la porte pour me laisser sortir avant lui, galant.
VOUS LISEZ
Forelsket
Romance[Roman préselectionné aux Wattys 2021 & Wattys 2022] En grec ancien, Callisto signifie "beauté". Eden, lui, aurait plutôt choisi "maladroite" ou "gaffeuse" en ce qui concerne sa nouvelle collègue. En effet, cette fille est une vraie catastrophe : le...