Épilogue

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CALLISTO

Huit mois plus tard.

Dix heures quinze.

L'avion d'Eden était censé atterrir il y a exactement quatre minutes, où peut-il bien être ?

Le cœur battant, je coince une mèche de mes cheveux bouclés derrière mon oreille en essayant de ne pas stresser. Après tout, il m'aurait prévenue s'il avait eu un souci avec son vol et qu'il était plus ou moins en retard. Il doit juste récupérer sa valise, voilà tout.

J'ai beau être dans le hall des arrivées de l'aéroport, j'ai quand même du mal à croire que ça y'est, c'est le jour J : le jour où Eden rentre pour de bon de Singapour. Quand il m'a annoncé la date sur Skype il y a trois semaines, je me suis empressée de la noter sur le calendrier punaisé au-dessus de mon bureau – Camélia adore se foutre de moi en disant qu'il ne me sert qu'à noter les allées et venues d'Eden en France, et c'est totalement véridique. J'ai choisi mon plus beau stylo rouge pour entourer le quinze mars – même si au final, j'ai repassé avec un marqueur pour être sûre que ça ne s'efface pas. Et depuis, je comptais quasiment les jours jusqu'à aujourd'hui.

Je n'ai pas revu Eden depuis presque six mois, au moment où il est revenu pour le mariage de Sasha et Avril. À ce moment-là, je croyais que passer huit semaines sans lui était le maximum que je puisse supporter ; et puis voilà, six mois ont passé depuis sa dernière visite et je suis encore en vie. Je suis d'accord, c'est vraiment étonnant.

Je suis tirée de mes pensées par une petite dizaine de personnes qui commencent à descendre les escaliers. Mon cœur bat littéralement la chamade tandis que je détaille chaque passager, prête à mourir directement sur place au moment où mon regard croisera celui d'Eden. Pas question de me séparer de lui pendant toute la durée de son séjour – une semaine et cinq jours, pour être exacte. C'est peu, mais il doit retourner travailler ensuite.

Depuis son départ, un tas de choses ont changé. Eden a pris la tête d'un groupe de natation dans une grande piscine près de son appartement et est devenu quasiment bilingue à force de vivre dans une ville-état anglophone. J'ai également cru voir par Skype qui se laissait pousser la barbe un peu plus longue, chose qui est loin de me déplaire – il est diablement sexy avec. Il vit toujours avec Jeremy, quoique j'ai cru comprendre qu'il n'était pas souvent là. Il semble avoir trouvé quelqu'un et alterne entre visites chez elle et allers à l'hôpital psychiatrique dont il est le directeur. Pour une fois, tout fonctionne aussi bien pour le grand frère que pour le petit frère.

De mon côté, j'ai désormais pris les rênes de l'association. Barbara a décidé d'étendre le réseau et de dupliquer l'assos' en plusieurs endroits : elle est désormais directrice de cinq agences dispersées dans plusieurs grandes villes de France et est partie vivre à Strasbourg avec son fiancé – oui oui, vous avez bien lu. C'est un type adorable et même si je ne l'ai vu que deux ou trois fois, j'ai été forcée d'admettre qu'il était vraiment très gentil et fou amoureux d'elle. Bref, elle nage dans le bonheur.

Maintenant qu'elle est très occupée avec tout ça, elle m'a confié l'association d'origine dont je suis désormais la directrice. Ça ne change pas grand-chose comparé à avant, à part que j'y passe beaucoup plus de temps – ce qui est très cool. David ayant déménagé vers Bordeaux avec son copain, j'ai donc été forcée de nommer Laura associée et de lui donner un double des clés de mon bureau – ce qui est moins cool. Mais bon, elle est désormais obligée de me faire les cafés gratuits quand je passe la voir au travail près du parc du Luxembourg, donc je la tolère à plus ou moins grosse dose.

Maintenant que je suis directrice, j'ai effectué d'autres changements au sein de l'association. Chaque salle a désormais un nom : la nursery s'appelle David en l'honneur des milliers d'heures qu'il y a passé à s'occuper des enfants, la salle d'informatique s'appelle Eden et la bibliothèque a pris le nom de Bassem. J'ai également étoffé le rayon sur la mythologie et je m'efforce d'en lire un nouveau toutes les deux semaines. C'est bête mais chaque fois que je commande de nouveaux livres sur Zeus ou Athéna, j'ai une petite pensée pour lui.

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