Chapitre 25

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CALLISTO

— Je crois que je suis amoureux de toi.

Je cligne des yeux une fois, deux fois, mille fois.

Ai-je bien entendu ?

— Quoi ?

À mes côtés, Eden grogne de frustration, une main sur le visage.

— Ne m'oblige pas à répéter, s'il te plaît.

Je n'arrive toujours pas à croire ce que je viens d'entendre. Eden, amoureux de moi ? C'est impossible. Personne n'a jamais été amoureux de moi ou du moins, ça n'a jamais été réciproque. J'ai dû mal à croire qu'il y a encore quelques mois, je me plaignais quasiment chaque jour de ma vie amoureuse chaotique – chaotique est ici un mot codé signifiant « complètement inexistante » – et que je cherchais un plan cul avec mes amis pour me remettre en selle.

Et voilà qu'aujourd'hui, j'ai Eden.

— Je... C'est... Woah, lâché-je. Je ne pensais pas qu'on me dirait ça un jour.

Il n'ose pas encore me regarder et heureusement, car il lirait probablement dans mes yeux que je le pense vraiment. Je suis prête à partager beaucoup de choses avec lui mais j'avoue que je préférais éviter qu'il sache que j'étais complètement désespérée amoureusement parlant avant de le rencontrer.

— T'as raison, je n'aurais probablement pas dû dire ça comme ça, reprend-il en secouant la tête. C'est con, j'aurais dû...

Je le coupe en posant ma main sur son bras. Ses derniers mots meurent sur sa langue et il tourne alors les yeux sur moi, m'envoyant des petites décharges électriques dans tout le corps. Ses yeux sont d'un bleu-gris si particulier que je suis persuadée que de nombreuses personnes ont dû se noyer dedans, comme les sirènes qui attirent les marins dans les rochers. Eden est dangereux, et je le sais.

Alors pourquoi est-ce que je joue les inconscientes, et je reste ?

Ma main remonte le long de son bras et se pose sur sa joue, insolente et tentatrice. Il frissonne quand mon pouce atteint sa pommette et articule mon nom tout bas, si bas d'ailleurs que je crois presque l'avoir imaginé.

Imperceptiblement, je me rapproche de lui, près, si près que nos nez se touchent et que je sens son souffle sur mes lèvres. Je meurs d'envie de l'embrasser depuis qu'il est venu me chercher devant chez moi au milieu de la nuit, comme un ange tombé du ciel.

Cette tension dure quelques secondes puis, semblant ne plus en pouvoir, Eden rompt les derniers centimètres qui nous séparent et ses lèvres se plaquent sur les miennes. À cet instant, j'ai l'impression qu'on vient de faire exploser une bombe dans ma cage thoracique.

Comme ça, boum.

Ce n'est pas la première fois que nous nous embrassons, mais c'est la première fois que c'est de cette façon. Ce n'est plus un baiser tendre, doux, nourri par les mots que nous n'arrivions pas à nous dire jusque-là. Non, cette fois, c'est différent : je sais ce qu'il pense de moi et même si je ne lui ai pas dit explicitement, je sais qu'il sait aussi ce que je ressens pour lui.

En moins de temps qu'il ne le faut pour le dire, ses mains se posent sur mes hanches et je me retrouve à califourchon sur lui, un genou de chaque côté de ses longues jambes tendues. Ses lèvres sont pressées contre les miennes, urgentes, nourries par un désir qui ne cesse de monter en lui comme en moi. Chaque fois qu'il est près de moi, j'ai l'impression que vais mourir sur le champ s'il ne se rapproche pas davantage. C'est une comme une grosse fièvre, une excitation ardente qui me fait presque mal.

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