Chapitre 11

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CALLISTO

C'est officiel : je hais être embrouillée avec Clément.

Quand il passe à l'appartement, ce n'est qu'en coup de vent et c'est simplement pour récupérer des affaires qu'il laisse toujours traîner ici et là – lundi soir c'était son tube de gel pour cheveux et ce matin un balai – no comment –, par exemple. Cette semaine, il n'est quasiment pas venu et a carrément boycotté la soirée entre amis qu'Émie avait prévu ce week-end. J'ai pu apprendre grâce à Paul qu'il avait apparemment un second rencard avec une fille, et que ça devenait sérieux. J'ai échangé un regard entendu avec Cam, et nous n'en n'avons plus reparlé.

En parlant de Cam, je pensais sincèrement qu'elle me demanderait pourquoi est-ce que Clément ne squatte plus notre canapé H24, mais non. Elle ne m'a posé aucune question et n'a jamais fait une seule allusion à notre ami, ayant probablement eu des échos des raisons de notre dispute par la bande, solidaire avec moi coûte que coûte. Heureusement qu'elle est là.

Nous n'avons pas reparlé non plus de Thomas ou d'Eden, ce qui à vrai dire m'arrange très bien. Ces derniers-jours, il n'y a que ce dernier qui a réussi à me changer les idées – à ma plus grande surprise. Il faut croire que malgré tout ce qui a pu se passer et les ressentiments que nous avons l'un envers l'autre parfois, nous sommes capables de bien nous entendre. Et, fait étonnant mais vrai : sa présence me fait du bien. J'ai doublé mes heures de travail à l'association et même si nous n'avons fait que nous croiser c'était suffisant. J'ai cru comprendre qu'il avait lui aussi augmenté le volume horaire de son bénévolat. Visiblement, nous essayons tous de nous changer les idées de la même façon.

Heureusement, certaines choses me remontent le moral : il a neigé cette nuit et Cam m'a promis de venir faire un bonhomme de neige sur le trottoir comme quand nous étions gosses, j'ai eu des notes excellentes à mes partiels et Paul m'a invitée boire un chocolat chaud et manger une gaufre à la chantilly pour fêter ça et pour finir, j'ai réussi à obtenir des plats gratuits pour le Noël de l'association. On dirait qu'il y aura finalement des huîtres, du foie gras et même de la bûche glacée ; à croire qu'il ne manquera plus que le sapin, finalement. J'ai dû tout gérer toute seule pendant qu'Eden s'occupait des internes puisque David était de nouveau en week-end avec son copain, Laura s'est faite porter pâle et Barbara était introuvable. Il paraît qu'elle voit quelqu'un, en ce moment. Je n'arrive toujours pas à me résoudre à l'idée que ça puisse être Clément.

Bon sang, qu'est-ce que je déteste être disputée avec lui.

— Tu dors ?

Bien emmitouflée sous ma couette, je sors un bras de ma caverne et le secoue pour que Cam l'aperçoive. Mon geste lui arrache un rire et elle glisse sa tête près de moi, curieuse de découvrir mon installation un peu plus en détail.

— Dis donc, tu hibernes ? commente-t-elle, souriante, en comprenant que suis littéralement en train de binge-watcher n'importe quoi sur Netflix en mangeant des M&M's depuis ce matin.

Je secoue la tête avant de lui passer le paquet, qu'elle refuse.

— Je regarde un documentaire sur Michael Jordan, répliqué-je.

Cam fronce les sourcils, un soupçon d'inquiétude dans les yeux.

— Mais tu détestes le basket, réplique-t-elle.

J'hausse les épaules avant d'avaler un M&M's, lasse. C'est visiblement la goutte qui fait déborder le vase de ma sœur puisqu'elle déclare soudain :

— J'ai une super idée : on va aller se balader.

— Dehors ? me plains-je. Mais il fait moins mille !

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