CALLISTO
Sincèrement, j'ai dû mal à croire ce qui m'arrive.
Il y a encore une semaine j'étais en train de me promettre de ne plus approcher Eden en dehors du cadre de mon enquête. Et voilà qu'hier soir, il... Nous...
Bordel.
Honnêtement, j'étais tellement sous le choc que je n'ai pas su comment réagir. Après tout, quelle réaction aurais-je dû avoir alors qu'il venait de se tirer juste après m'avoir embrassée ? Mon côté parano m'a aussitôt crié qu'il avait deviné qu'il s'agissait de mon premier baiser depuis longtemps et que j'avais tout simplement bavé dans sa bouche. Et mon autre côté, le côté raisonnable, m'a dit que...
Ah bah non, il ne m'a rien dit en fait.
Je me suis retrouvée comme une conne à l'association sans trop savoir quoi faire. Puis, désespérée, j'ai fini par composer le numéro de Camélia. Elle a décroché à la première sonnerie comme si elle attendait mon appel et ne m'a même pas laissée parler. Un flot d'excuses est sorti de sa bouche et elle m'a expliqué en long, en large et en travers pourquoi est-ce qu'elle avait cherché son père.
Elle m'a expliqué qu'elle avait toujours eu envie de savoir d'où elle venait, si elle ressemblait à ses parents et si elle avait hérité de leurs traits de caractère. Elle m'a aussi dit qu'elle ne souhaitait pas avoir une autre famille, qu'elle avait eu une enfance incroyable dont elle n'aurait jamais pas changé le moindre détail et surtout, elle a répété un million de fois qu'elle m'aimait.
Puis, elle a entendu que je pleurais et elle a aussitôt rappliqué à l'association sans même que je n'ai besoin de lui préciser où j'étais.
— Callie ?
Sortie brusquement de mes pensées, je me retourne péniblement dans mon lit. J'aperçois alors la silhouette de Cam près de la porte malgré l'obscurité qui noie la chambre.
M'ayant vue me retourner, elle referme la porte et vient me rejoindre dans mon lit. Je lui soulève la couette quand elle se laisse tomber sur le matelas, son sourire brillant dans la nuit. Puis, elle s'emmitoufle dans les draps avant de se coller contre moi comme une enfant.
— Tu sais, tout à l'heure... Je n'ai pas eu le temps de t'avouer quelque chose.
Je caresse ses cheveux, rassurée qu'elle soit auprès de moi. Quand Cam est là, j'ai l'impression qu'elle récupère une partie de mes problèmes et que tout est moins lourd à porter, même le rejet d'Eden.
Parce que même si je fais semblant d'ignorer les récents évènements, des sentiments douloureux remuent au fond de moi et je me sens blessée. Et humiliée. Et conne.
— Quoi ? murmuré-je alors, mon menton contre son front.
Je nous revois alors serrées dans mon lit une place quand on était petites, mes bras enroulés autour de son tout petit corps et les paupières closes, en sécurité.
À ma place.
— J'ai menti. Je... J'ai menti à tout le monde, dit-t-elle alors.
Mon cœur s'accélère aussitôt, ayant un mauvais pressentiment. Je sens qu'elle s'est raidie contre moi, et je sens aussi le col de mon t-shirt s'humidifier.
Elle pleure, bon sang.
— Qu'est-ce que tu racontes ? chuchoté-je en la serrant plus fort contre moi.
— J'ai menti à la police, et aux foyers d'accueil, et à papa, et à maman, et surtout à toi.
Sa voix se brise sur les derniers mots, piétinant ce qu'il reste de mon cœur.
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Forelsket
Romance[Roman préselectionné aux Wattys 2021 & Wattys 2022] En grec ancien, Callisto signifie "beauté". Eden, lui, aurait plutôt choisi "maladroite" ou "gaffeuse" en ce qui concerne sa nouvelle collègue. En effet, cette fille est une vraie catastrophe : le...