Chapitre 33

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CALLISTO

— C'est bon, je peux ouvrir les yeux ?

Je sais déjà qu'Eden va me dire non avant même qu'il ne le fasse puisque ses mains se plaquent un peu plus encore contre mes yeux. Elles sont d'ailleurs tellement grandes et puissantes que je n'aperçois même pas le moindre rai de lumière, plongée dans l'obscurité totale.

— Pas tout de suite, souffle-t-il.

Je devine au son de sa voix qu'un sourire s'est dessiné sur ses lèvres et bêtement, je me mets à sourire aussi. Il continue de me guider tandis que j'essaie de comprendre où nous sommes en tâtonnant à l'aveuglette les meubles que je croise. Tout ce que je sais, c'est que je suis chez lui ; après ça, c'est le néant. Il m'a rendue aveugle dans le couloir et m'a fait faire plusieurs tours de l'appartement pour brouiller les pistes – un vrai petit malin. Seulement, ça fait au moins dix minutes qu'il me fait patienter, et je commence sincèrement à brûler d'envie de découvrir sa surprise.

— On y est. Tu es prête ?

J'hoche la tête, le cœur battant. Il commence à retirer doucement ses mains quand je plaque les miennes par-dessus en m'exclamant :

— Promets-moi que tu ne vas pas me plonger dans une piscine de mygales !

Il rigole dans sa barbe et pose sa joue contre la mienne avant de dire :

— Promis.

Puis, il retire ses mains pour de bon et j'aperçois enfin sa foutue surprise.

Le souffle coupé, je comprends qu'il a fait de sa chambre un endroit romantique à en mourir. Tous les clichés sont là : les bougies à la vanille qui sentent trop fort, la musique douce et le chemin de pétales de roses sur le sol qui se termine en cœur, assemblé directement sur la couette. Il a aussi tiré les volets et désormais, seule la lumière orangée du coucher de soleil passe à travers le velux. J'ai l'impression d'être dans un rêve.

— Tu... Tu as fait tout ça pour moi ? bégayé-je en me tournant vers lui.

J'ai la gorge serrée par l'émotion. C'est peut-être con, mais je suis émue.

C'est la première fois qu'on me fait ce genre de surprises.

— Non, c'est pour Camélia, réplique-t-il. Je commence à la trouver vraiment sexy, alors je me disais que...

— Idiot !

Il rit doucement tandis que je caresse la couette recouverte de pétales de rose du bout des doigts, amusée.

— Je ne savais pas qu'Eden Cordier était un romantique, dis-je en me retournant.

Il me sourit.

— Moi non plus. C'est sûrement un peu trop, non ?

Je m'apprête à le contredire quand il enchaîne :

— Je savais que j'aurais dû m'en tenir à un truc moins cliché. Sauf que Google a insisté sur les bougies, alors j'ai craqué et...

— Hé, le coupé-je en attrapant sa main. C'est parfait.

Je l'embrasse sur la lève inférieure et me recule pour regarder de nouveau la pièce, une main sur la hanche.

— En tout cas tu t'es bien débrouillé : j'ai presque envie de coucher avec toi, maintenant.

Il écarquille légèrement les yeux, amusé.

— Oh, pardon, j'ai peut-être mal interprété la situation ? le taquiné-je. Bon, tant pis. Après tout, ce n'est pas m...

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