Chapitre 12

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EDEN

— Vous n'êtes qu'une bande de nuls !

J'attrape ma serviette et m'essuie le front avec sans trop écouter le coach, encore galvanisé par l'adrénaline.

— Ce n'était qu'un match amical, je veux bien l'entendre, mais vous vous êtes fait la-mi-ner. J'ai rarement vu une équipe aussi éclatée !

Sur le dernier mot, nous étouffons tous un rire. À la fin de chaque entraînement, le coach insiste pour que nous lui apprenions un mot de 'djeuns' – spoiler : ne jamais prononcer ce mot si vous voulez bel et bien avoir l'air jeunes. Nous ne pensions pas qu'il se mettrait véritablement à les utiliser mais honnêtement, je dois dire que ça m'amuse. Ce qui ne semble pas être son cas, vu le regard noir qu'il nous lance.

— Si vous jouez aussi mal quand la saison aura commencée, on se fera éliminer dès le premier match. Et je vous préviens : j'ai perdu en finale l'année dernière, et j'ai parié exactement cent vingt balles sur notre victoire cette année. Alors si on perd 1) je vous haïrais et 2) je suis ruiné. À vous de voir si vous voulez vous réveiller avec une testicule en moins le lendemain du match.

À la suite de ce petit discours fort sympathique, nous retournons tous dans les vestiaires.

Je dois dire que je ne regrette pas du tout d'avoir postulé à cette équipe. Les joueurs sont plutôt sympas et honnêtement, ça me fait du bien de ne pas être seul trop souvent ; j'ai même doublé mes heures de bénévolat à l'association et je viens m'entraîner ici quasiment trois fois par semaine. Je croyais qu'être seul était la meilleure chose à faire pour éviter de faire porter ses problèmes aux autres mais j'avais tort.

Quand on est entouré, nos problèmes ne se transfèrent pas aux autres. Ils deviennent simplement moins lourds à porter.

Après une douche rapide, je vide mon casier et enfile mes baskets. Levi et Eliot me rejoignent pour se chausser à leur tour, suivi de près par Joachim – qui, surprise, porte ses deux chaussettes cette fois.

— Le coach me casse les burnes à nous hurler dessus tout le temps, râle Levi. On est venus pour décompresser, par pour se faire engueuler.

— On s'en fout, mec, rétorque Eliot. Tu veux que je te dise ? Ça nous fait même une excuse pour sortir se changer les idées.

Je secoue la tête, souriant.

— Et tu proposes quoi ? demandé-je.

— Un truc qui ne concerne ni l'alcool ni la beuh s'il te plaît, intervient Joachim en claquant la porte de son casier. La dernière fois que j'ai voulu tester j'ai failli me noyer  à cause des vagues.

— Des vagues ? En plein Paris ? lâché-je en arquant un sourcil.

Eliot s'approche alors de moi avec un sourire joueur et me donne une grande claque sur l'épaule.

— Hé bah voilà, j'ai eu une idée de dingue, déclare-t-il simplement.

J'échange un regard avec Joachim, qui semble tout aussi paumé que moi. La dernière fois qu'Eliot a eu une idée de génie c'était lundi dernier et il a essayé de draguer Rose, la sœur de Levi. Sans vouloir vous spoiler la fin de cette histoire hilarante, il s'est pris un vent. Et un poteau, parce qu'il s'est retourné un peu trop vite.

Croyez-moi, il faisait moins le malin.

— Ma grand-mère a une maison en Normandie, dans la baie de Somme. Il pleut souvent et c'est dans un village paumé mais je vous jure que c'est vraiment super cool.

— C'est vrai que ça fait rêver, là.

Levi se mange un regard noir qui le fait aussitôt sourire.

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