Chapitre 4

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Son carnet serré contre elle, Lola suivait Mirko dans les couloirs, le regard tourné dans toutes les directions à la fois. Le même carrelage noir vernis se trouvant dans la pièce dont elle venait de sortir s'étalait sur les murs et le sol. Des chandeliers muraux ponctuaient le couloir au même rythme que de brèves saillies, plongeant la longue pièce dans une douce lumière. Les abat-jours en verre formaient des fleurs de lotus au centre desquelles brillaient de petites flammes qui s'éteignaient dans un souffle sur leur passage. Des tapisseries représentant des scènes qu'elle ne parvenait pas à identifier avec précision s'étendaient entre les sources de lumière.

Malgré la détresse qu'elle ressentait, la jeune fille ne put s'empêcher d'éprouver de la curiosité vis-à-vis de ce décor étonnant. Aussi splendides que soient les fleurs semblables à du cristal, les représentations sur les tapisseries l'intriguaient davantage : trois femmes devant une bibliothèque, un homme et une femme enlacés dans une accolade amicale, une chouette posée sur l'épaule d'un lion, une toile d'araignée sur laquelle la rosée s'accrochait et contenait différentes images au sein de ses gouttes... Elle ressentait que ces images étaient importantes, mais elle était incapable de comprendre ce qu'elles signifiaient réellement.

-Par ici, signala la voix calme de Mirko, sortant l'adolescente de sa contemplation.

Le professeur lui indiqua une volée d'escaliers, couverte du même carrelage noir, qu'il lui intima silencieusement de gravir. L'absence de fenêtre aurait dû lui mettre la puce à l'oreille, mais ce n'est qu'en voyant les rayons de la lune baigner le couloir dans lequel ils débouchèrent que Lola se rendit compte qu'ils étaient probablement au sous-sol encore quelques minutes auparavant. Ni flamme ni tapisserie apparente ne décorait le rez-de-chaussée, mais la lumière extérieure s'infiltrant par les nombreuses fenêtres suffisait amplement à se repérer dans les lieux. Le regard attiré par un mouvement provenant de dehors, l'adolescente tourna la tête et se dirigea instinctivement vers la fenêtre la plus proche.

-Que... ? s'interrogea Mirko en entendant les pas qui le suivaient s'éloigner.

Le professeur se retourna et son regard parcourut une seconde le couloir avant de se poser sur la jeune fille, penchée pour observer au mieux le paysage nocturne s'étirant à l'extérieur de l'Académie et les deux mains déposées sur l'appui de fenêtre. Il esquissa un mince sourire mais n'ajouta rien, la laissant profiter de son émerveillement. Ses yeux étaient écarquillés de surprise et de joie face à ce qu'ils découvraient au fur et à mesure de leur analyse, et sur son visage se peignait lentement un large sourire.

Les rayons argentés de la lune illuminaient les cimes d'une étendue d'arbres s'amassant en une petite forêt. La plaine la précédant était baignée de la lumière douce de l'astre du soir, mettant en valeur quelques reliefs défiant la monotonie de l'étendue plate. Une forme sombre s'apparentant à celle d'un renard avança silencieusement dans l'herbe pour rejoindre la sécurité que les arbres pourraient lui apporter alors qu'un oiseau nocturne vola à quelques centimètres de la fenêtre, faisant sursauter Lola.

Celle-ci tenta de suivre le volatile du regard, ses yeux glissant vers la gauche, et sourit de plus belle ; elle ne pouvait que l'apercevoir de manière très réduite, mais elle distingua clairement la lune se reflétant sur un miroir sombre qu'elle devinait immense et infini : était-ce la mer ? Était-ce l'océan ? Lola n'en avait aucune idée et le mince aperçu qu'elle en avait ne lui permettait pas de le déterminer ; ce qu'elle savait, c'est qu'elle était impatiente de pouvoir le découvrir de plus près.

-C'est absolument magnifique, parvint-elle finalement à souffler.

-C'est vrai, acquiesça Mirko, c'est un magnifique paysage. Mais la beauté est partout, quand on se donne la peine de la voir.

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