9. L'archimage de Nocte.

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À neuf heures précises, Morgan frappa à la porte de l'étude de son nouveau maître. Pendant une heure, le magicien testa les connaissances de son élève. Il s'avéra que l'adolescent possédait de solides connaissances théoriques. Il connaissait les mécanismes généraux qui régissent la trame universelle, les sortilèges, les composantes et leur fonction dans la pratique de l'art. Arénès vérifia également ses connaissances du draconique, la langue la plus utilisée par les humains pour les incantations, de l'utilisation des composantes matérielles et gestuelles.

Le garçon s'en sortait bien. S'il avait possédé un tout autre lien avec la trame que celui, mystérieux, qui était l'apanage des Sans-Esprits, Morgan aurait fait la fierté de son école. Arénès comprenait parfaitement le désarroi du garçon : celui d'un esprit logique qui sait parfaitement ne pas s'être trompé !Sans Erion Sylvanus pour lui enseigner, le magicien aurait souffert autant que son apprenti.

Le maître mage se félicita d'avoir fait traduire certains ouvrages de l'elfique vers la langue commune : les elfes enseignaient aux Sans-Esprits depuis la nuit des temps ! Leur manière d'aborder la trame pouvait donc parfaitement convenir à n'importe quel arcaniste, quelle que soit son affinité Trammaire, pourvu qu'il se débarrasse des œillères communes aux hommes. Voyant dix heures approcher, il s'empara de l'un deux, le premier que lui avait confié Erion et le tendit à son disciple. Celui-ci le prit, en étudiant le titre - Pratiques de concentration - avec curiosité, puis crainte.

« Maître, cet ouvrage est à l'index ! » Il lui tendit le livre, comme refusant de prolonger son contact avec lui.

Arénès repoussa l'ouvrage de la main vers le garçon.

« Sais-tu de quoi il traite ? »

L'apprenti hésita, puis répondit par la négative.

« Je n'en ai lu qu'une référence, dans un livre qui traitait des sources d'effets imprévus aux sortilèges. Je cherchais un moyen pour corriger mes erreurs.

- Et c'est une attitude très positive ! » Arénès approuva du chef. « Pourtant ce livre peut t'aider. Je souhaite que tu l'étudies avant que nous progressions. Il est interdit car il traite des sans-esprits.» L'arcaniste chercha les yeux de son élève. « Je comptes sur ta discrétion. »

- Je pensais que personne n'écrivait sur le sujet !

- Aucun humain n'écrit sur le sujet. » Le magicien posa le livre sur le pupitre adopté par son élève et l'ouvrit. « Les elfes enseignent aux sans esprits, sans les traquer comme nos semblables le font. Cet ouvrage t'en apprendra plus sur tes difficultés. Lis le, nous discuterons ensuite des raisons pour lesquelles tu obtiens des effets indésirables. »

Le garçon regarda un moment la première page avec méfiance, comme si elle allait l'avaler. Il ne répliqua cependant plus et finit parse plonger dans sa lecture. Arénès reprit son bâton, appuyé contre le mur, et se dirigea vers la porte.

« J'ai à faire. Poursuis ta lecture. »


Le maître mage referma la porte derrière lui et se rendit directement dans le hall d'entrée. Il n'y vit pas trace de la jeune femme...

Où est-elle ? Elle a intérêt à ne pas me faire perdre mon temps !


***


La jeune femme était en avance. Il ne devait pas être loin de 9h30.Le flanc encore douloureux, la tempe marquée d'un bleu jaunissant dissimulé sous ses cheveux, elle avait préféré ne pas forcer et prendre le temps de marcher lentement.

Sans-Esprit : 1. La Pierre BleueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant