23. Arénès

14 2 0
                                    



Les derniers événements avaient fait prendre conscience au magicien quelle vie protégée il avait vécue jusqu'alors! Après quelques heures de repos, le magicien était retourné dans le salon où il avait discuté plus tôt avec Daran et longuement réfléchi à la situation.

Arénès avait grandit dans un château dominant ses terres dans la campagne Zeinhaldienne. Protégé par sa fortune, son rang et les hommes d'arme de son père, il n'avait guère craint, enfant, les terribles ravages des Errants. Les dix années passées dans la Tour-Arbre d'Erion n'avaient guère été plus périlleuses:  entouré d'Érudits et d'amis des elfes en quête de savoir, le jeune magicien n'avait jamais connu d'autres difficultés que celles liées à l'acquisition du savoir nécessaire à la pratique de l'Art.

Ensuite la confrérie l'avait protégé de l'inquisition.

Non, Arénès de Hautfort n'avait jamais réellement connu de péril direct. De ce point de vue, la jeune femme qui se remettait de ses blessures un étage plus haut était bien plus expérimenté qu'il ne l'était en ce domaine.

De fait, Nora s'était révélée redoutable. Le Maître mage se souvenait de ses réflexes et se la précisions de ses gestes, dague à la main. Son élève l'avait d'autant plus surpris en exécutant parfaitement un sort. Mineur, certes, mais dans ce type de situation, seul le résultat comptait !

« On peut réduire ses propres espoirs à néant et dévaster un village avec une arcane de neuvième cercle »répétait souvent Erion « là où un sort mineur aurait suffit. »

La jeune femme avait tout compris, sans que son mentor eut besoin de lui donner cet enseignement. Elle avait l'esprit d'une grande arcaniste. Autant que son geste spontané lorsqu'elle avait sauvé la vie de son mentor, cela le confortait dans son choix de ne pas la dénoncer à la garde.

Ça... et le fait qu'elle était sa seule piste pouvant lui permettre de découvrir qui en voulait à Ereni et pourquoi.

La pierre serait inutile à un porteur illégitime.

La voler serait donc inutile.

Ce qui menait Arénès à une conclusion : les commanditaires du vol possédaient peut-être des information sur la famille impériale disparue.

« Vous devriez prendre encore du repos. »

La voix, celle d'une dame âgée, était ferme et autoritaire. Ce disant, elle posa sur la table, un plateau prêt pour le thé.

« Votre majordome prépare un thé merveilleux. J'espère qu'il me donnera son secret avant mon retour chez moi. »

Surpris par cette intrusion autant que la perturbation du cours de ses réflexion, le maître mage leva les yeux vers la vieille guérisseuse. Plus occupée à vérifier que ses protégées ne manquaient de rien et étaient bien soignée qu'à s'adresser au maître des lieux, Esmë ne lui avait pas adressé la parole depuis son arrivée la veille au soir.

La dame avait le visage rude de celles qui ont beaucoup vécu. Versé trop de larmes et autant rit. Elle portait des vêtements simples, pratiques et solides. Une simple robe, faite d'un tissus vert épais. Ses cheveux gris étaient noués en chignon d'où s'échappaient des mèches folles, semblant plus fait pour lui éviter d'avoir les cheveux dans la figure que par soucis d'élégance.

Une femme simple, mais qui s'assit devant lui avec l'autorité d'une grande dame et lui servit une tasse de thé, avant de se servir elle-même sans lui demander quelque permission que ce soit.

Elle lui plut.

« Veuillez me pardonner pour la man... »

Arénès n'eut jamais l'occasion de terminer ses excuses pour la brutalité avec laquelle il l'avait fait amener chez lui la veille - encore qu'il crut avoir entendu que le jeune lieutenant Derlön s'était montré très humain malgré l'urgence !

Sans-Esprit : 1. La Pierre BleueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant