Sans-Esprit : 1. La Pierre Bleue

29. Aktar

Ses hommes étaient déployés dans les bois, à lar echerche d'un survivant où, à défaut, d'autres corps que les hommes signalés par Darän de Ker.

Le lieutenant de la garde écoutait le rapport de l'un de ses hommes, tout en observant l'Archimage de Tempus du coin de l'oeil. Celui-ci menait une discussion des plus animées avec l'un des Druides du bosquet du Grand Loup et Arénès de Hautfort. L'envoyé du Bosquet semblait très en colère. Il tapotait le sol du bout de son bâton noueux tandis que le Tempussien déployait toutes ses astuces diplomatiques afin de maintenir le calme.

Aktar acheva d'écouter le rapport de son soldat, puis le renvoya à ses occupations avant de revenir vers le Druide et les deux Magiciens.

« ... est intolérable, Archimage ! Que votre tour tienne en laisse ses apprentis, où je ne pourrai retenir les enfants de la nature !

- Que diriez-vous d'une sanction pédagogique pour le responsable ? » Proposa Hautfort.

Le Druide renifla avec dédain, un regard équivoque posé sur le magicien.

« On ne peut pas remplir une outre pleine. Vos nobliaux se moquent des miens depuis des générations !

- Je vous garanti que vous aurez la un tout autre...terreau ! » Répliqua Darän, qu'Aktar salua intérieurement pour son choix de mots. « C'est un garçon d'origine humble qui ne demande qu'à apprendre.

- Me garantissez-vous sa bonne conduite ?

- Je vous le garanti. » Assura Hautfort. « Il se conduira de manière exemplaire. »

Le Druide sembla jauger du regard le maître mage. Aktar ne savait que penser lui-même du personnage, ni des forces destructrices et interdites dont il semblait enseigner le maniement àses élèves.

« Que devrais-je croire des mots de celui qui a enseigné au responsable de ce... désastre ! »

Il embrassa d'un geste la scène qui les entourait. Les arbres morts, la végétation noircie et sans vie, les corps que les gardes entassaient sur un chariot.

« La nécromancie est interdite par votre confrérie ! Le bosquet est on ne peut plus d'accord avec ça et nos accords en dépendent !

- Je n'enseigne pas la nécromancie. » Trancha Hautfort. « Mon élève a perdu le contrôle en tentant de tisser un projectile magique, alors que ces hommes s'en prenaient à sa vie ! »

Ce fut au tour du maître mage de se montrer démonstratif en désignant les corps allongés dans le chariot. Les cadavres avaient tous le même teint d'un blanc presque laiteux et leurs veines avaient noircis. Ils étaient maigres, émaciés, la peau craquelée... signes évidents de l'énergie négative qui les avait frappés de plein fouet.

Cette vision, loin de convaincre le druide, lui fit pincer les lèvres et foudroyer les deux magiciens du regard.

« Qu'il se présente au bosquet demain au lever du soleil. Il viendra chaque jour jusqu'à ce que les miens aient guéri cette forêt. »

Le lieutenant de la garde vit l'Archimage arrêter une vive réaction de Hautfort d'un geste ferme. La demande du Druide était parfaitement légale : les griefs entre le Temple, la Tour et le Bosquet étaient souvent réglés à l'amiable. Cette tradition était tolérée par le Comte tant que les tensions étaient apaisées et que la paix était garantie sur ses terres.

Aktar espéra que l'apprenti convaincrait les Druides de ses remords : les Suivants de Gaïa se montraient intransigeants en matière de magie interdite. À leurs yeux, cette destruction était une insulte à la Vie et à l'équilibre qu'ils révéraient.