24. Le Masque Noir

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Cette garce sait se servir d'une dague !

Le masque noir n'avait éprouvé aucun plaisir à s'en prendre à la jeune maîtresse des ombres. Une exécution cruelle, lui semblait-il, autant qu'inutile. Contre productive.

Le lieutenant de la guilde se rendait compte, à présent, qu'il avait sous estimé la jeune femme. L'invocation d'ombre n'était pas à la portée d'un débutant! Sans doute Nora avait-elle plus de souvenir de l'enseignement reçu au sein de sa famille que la guilde ne l'avait estimé.

Ses nouvelles compétences étaient également intéressantes: Il était rare qu'un maître des ombres s'adonne à la magie telle qu'elle était étudiée par les Magiciens, mais cela n'avait rien d'impossible pour un esprit vif et déterminé.

Quel gâchis que de la condamner à mort !

Mais telle avait été la sentence du Gris.

Et maintenant que les craintes et les colères de la jeune femme étaient dirigées entièrement contre les Masques, il ne serait plus possible de l'intégrer à l'organisation.

À présent, le Masque noir devait répondre de son échec au temple.

Non pas le temple du Prisme, dont la coupole de vitraux scintillait au grand jour, à la surface – et qui comptait lui aussi des fidèles de Nocte – mais celui, souterrain, qui servait de base aux Masques.

Les esprits avaient plusieurs visages, détachés qu'ils étaient des préoccupations humaines. Les deux visages de Nocte étant diamétralement opposés.

Les Noctesiens du temple du Prisme se posaient en protecteurs. La dame d'ombre qui protège des dangers tapis dans l'obscurité était celle qu'ils prétendaient servir.

Illusions ! Contes pour enfant que cela ! Le Masque Noir savait que la dame de la nuit était une prédatrice. À son image, les membre de la guilde s'attelaient à être chaque jour plus riches que le précédent, amassant ces richesses par des actions impitoyables, planifiées et sans témoins.

La richesse, cependant, pouvait revêtir bien des formes. Informations, influence, compétences...tout autant que l'or, tout cela était considéré comme autant de richesses par ses pairs.

Aujourd'hui, cette question allait être posée au Masque Noir :

« As-tu enrichi la guilde ? »

Le pouvoir de la guilde, c'était celui de chacun des Masques.

Aujourd'hui il allait devoir répondre d'une défaite. Avouer un échec. Avouer avoir affaibli la Guilde.

Le Temple de la Dame n'était pas un édifice visible aux yeux de tous. Pour y parvenir, les membres des Masques devaient traverser un dédale d'égouts désaffectés et de cavernes naturelles. Ensuite, il n'y avait qu'une porte.

Simple, de fer forgé, la serrure était verrouillée et l'unique clef avait été détruite sitôt après que la porte fut posée. Il était de tradition que ne puissent entrer que des êtres capables de crocheter la serrure sans laisser de traces. C'était un rite de passage autant qu'une manière de rappeler aux fidèles de Nocte que de hautes responsabilités dans la Guilde ne devaient pas être un prétexte pour laisser s'émousser ses réflexes!

Il y avait une chapelle dans laquelle on entrait directement. Loin du luxe de la surface, elle n'était constituée que de bancs de pierre dont l'arc de cercle entourait un autel de la même matière. Les offices n'étaient pas fréquents, aléatoires et toujours organisés à la faveur de la nuit. Ils ne rassemblaient que les fidèles les plus hauts placés.

Sans-Esprit : 1. La Pierre BleueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant