Malgré Moi

35.

En même temps que la porte s'ouvre. Je repousse Alec, brisant au même instant notre contact. Putain ! Qu'est-ce qu'elle veut ? J'essaye de paraître le plus naturel possible. Sachant très bien que je suis une très mauvaise comédienne.

— Oula ! Je vous dérange ? Demande Oriana en fronçant les sourcils. 

— Non non. Qu'est-ce qu'il y a ? Dis-je essayant de déglutir comme je peux. 

Je lance un regard à Alec qui est à côté de moi. Je ne sais pas si cette situation le fait rire. Où qu'il sourit parce qu'il est gêné. Je balaye cette remarque de mon esprit en me disant qu'il ne fait plus la gueule. C'est déjà un bon point. 

— On est en alerte ROUGE FONCÉ ! crie-t-elle. 

Bon sang ! Qu'est-ce qu'elle va bien pouvoir me sortir encore ? La seule fois que je l'ai vu dans cet état, c'est quand on lui a éclaté un œuf sur la tête et badigeonné de farine. Je souffle et m'attends au pire. 

— Calvin est devant la maison ! continue-t-elle hystérique. 

D'un coup, mon sang ne fait qu'un tour. Attendez ! Quoi ? Il ne suffisait que d'un mot pour que mon monde imparfait s'écroule. Calvin. Putain ! Je viens d'embrasser Alec. Et, il y a  mon ex. Qui, au passage, je ne sais pas vraiment si lui me considère comme son ex est devant la baraque. Mais qu'est-ce que j'ai fait au Bon Dieu pour mériter ça ? 

Je regarde Alec qui me dévisage d'un regard interrogateur. Je ne sais pas ce qu'il pense en ce moment même. Mais, j'espère qu'il n'est pas en train de remettre en question ce qu'il vient de se passer.  

— Il m'attend ? demandé-je toujours dans un état de panique.

— Ben.. En faîte, quand je l'ai vu je suis allé le voir... Je lui ai dit que tu n'étais pas là.. Je me suis dit qu'il allait dégager tu vois.. Mais..

— Ma position sur la carte de SnapChat... La coupé-je.

Putain d'application à la con ! Je souffle un bon coup. Je pense qu'il me reste qu'une seule chose à faire. Me confronter à ma peur. La combattre. Je pense qu'au fond de moi j'ai toujours voulu fuir, fuir cette discussion, les complications.. Mais cette nuit, je n'ai plus le choix. 

J'avance en direction de la porte. C'est alors que la voix d'Alec résonne pour la première fois dans la pièce depuis qu'Oriana est arrivée.   

— Tu veux que je vienne avec toi ? demande-t-il.

— Non, c'est quelque chose que je dois faire seule. Lui répondis-je en me retournant et en sortant de la pièce. 

Je traverse le couloir de la mort, puis descends les escaliers. Quand, je pense que tout le monde est en train de s'amuser. Pendant que moi je dois affronter ma plus grande peur. Chouette on est dans le thème au moins. Lance ma conscience. Je lève les yeux à la remarque et pousse la double porte d'entrée du BDE.

Calvin est là, devant celle-ci. Habillé d'un jean "destroy" clair, et d'un pull Adidas gris. Mon Dieu ! Mais c'est un géant en faîte. Il doit bien faire dans les deux mètres. Cependant, à part sa taille rien ne me surprend. Il est comme sur les photos. 

Je marche dans sa direction la boule au ventre. J'ai l'impression qu'il est stressé lui aussi. Plus je me rapproche, plus je me pose des questions dans ma tête. Qu'est-ce que je vais lui dire ? Est-ce qu'il a compris qu'on était plus ensemble ? Pourquoi il est là ? 

— Nina.. Me lance-t-il quand j'arrive à sa hauteur.

— Je ne sais pas si tu vois de quoi je parle, mais un téléphone portable s'est fait pour répondre ! Dis-je en essayant de camoufler ma peur intérieure. 

— Écoute, j'ai bien lu ton message, mais c'est fini. On aura plus à vivre notre relation à distance, je viens vivre ici avec toi.. Dit-il, sa voix me fait légèrement flipper.     

Avant, je ne rêvais que de cela. Qu'on vive une vie normale, près de l'autre. Mais aujourd'hui, c'est plus ce que je veux. Je veux plus d'une vie entièrement rose, parfaite. Je veux des problèmes, de l'action, des imprévus. J'en ai assez de vivre dans une routine permanente ou ma vie est déjà tracée depuis ma naissance. 

— Calvin.. Je suis touchée..Sincèrement.. Mais je ne t'aurais jamais quitté seulement à cause de la distance... Je n'ai plus envie de vivre ce que je vivais avec toi.. La perfection. C'est plus ce que je recherche. Me confié-je 

C'est à ce moment-là qu'il m'attrape brusquement le bras. Il est à la limite de me l'arracher. Cette action a pour conséquence de le repousser encore plus. Il sait très bien que m'attraper comme il le fait. Comme mon père le faisait n'arrangera rien.

— Je n'ai pas fait 300 kilomètres pour avoir un refus. Tu vas venir. Point final ! crie-t-il. 

Il commence à me tirer par le bras en direction de la route, ou je devine dans la pénombre une voiture grise. Il compte faire quoi ? Me kidnapper ? Me retenir prisonnière ? Je n'arrive cependant, pas sortir le moindre son de ma bouche.

— Lâche là ! Cris une voix derrière moi. 

En me retournant, je me rends compte d'une chose. Malgré que, la musique soit toujours le bruit de fond de la soirée. Les étudiants sont tous là à nous regarder, à me regarder. S'il comptait être discret. C'est raté. 

— Elle t'a dit de la lâcher crie Alec en bousculant les autres statues en avançant vers moi. 

— Oh ! Mais tu t'es trouvé un prince charmant...