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Je pousse la maudite porte de la résidence universitaire. Je dois vous avouer que je n'ai pas très bien dormi. Je n'ai pensé qu'à ce que j'allais bien pouvoir lui dire. Comment allais-je aborder le sujet. Direct ou par étape.. Puis, dès que je trouvais une solution, elle disparaissait aussitôt. C'était à me rendre folle. Enfin..

Il est environ 8 h 10. Je commence les cours dans moins de vingt minutes. Je pense que cela me laisse le temps de faire ce qui doit être fait. Je prends mon téléphone dans ma poche. Ma main tremble comme elle ne l'a jamais fait. Je sais que si je compose ce numéro. Aucun retour en arrière n'est possible. Je vais devoir assumer mes choix. Mes battements de cœur commencent à s'accélérer. Je cherche son nom dans mon répertoire.

Je traverse la petite route, puis m'assois sur un banc qui se trouve juste là. Je regarde une dernière fois devant moi. Souffle un bon coup. Puis, me pose la question ultime. Est-ce que c'est ce que je veux réellement ?

Au fond de moi ,je sais que oui. Que c'est un mal pour un bien. Pas seulement pour moi. Mais aussi pour lui. Enfin, je me rassure comme ça. Je pense. 

Avec tout le courage qui me reste, j'appuie sur le logo qui sert à l'appeler. J'apporte mon téléphone à mon oreille.

Une sonnerie. Deux sonneries. J'ai l'impression que la vie autour de moi s'est arrêtée. Comme si le temps ne s'écoule plus normalement. Comme si toute la planète retenait sous souffle. Et dont elle n'attendait qu'une seule chose. Qu'il décroche.

— Salut bébé, ça va ? me répond Calvin.

D'un coup, les larmes me montent aux yeux. Je dois rester forte. J'essaye de calmer mes mouvements de menton pour qu'il puisse comprendre quelque chose.

— Calvin, écoute j'ai un truc à te dire. Lui dis-je en essayant de paraître le plus calme possible.

— Qu'est-ce qui a ? Tu as un problème ? Qu'est-ce qui...

— Calvin laisse moi parler ! Le coupé-je toujours avec cette maudite fébrilité dans la voix.

J'entends au téléphone une sorte de validation. Je sais que c'est le moment. L'instant de vérité. Je ferme les yeux. Me rappelle tous les souvenirs sur ce maudit jeu vidéo. Notre rencontre, nos combats, nos enquêtes, nos délires, notre complicité... Tout. Du début jusqu'à la fin.

— Calvin, je veux que tu saches. Que tu es la personne à qui je tiens le plus sur cette maudite planète ! Tu es la personne qui m'a redonné le goût à la vie ! Pour ça, je te serais, mais à jamais redevable. Mais, on doit se rendre à l'évidence...

J'entends à mon tour le même affaiblissement dans sa voix. Comme si son menton tremble, pleure. Je me sens coupable, coupable de lui avoir fait du mal alors que c'est la personne la plus gentille et attentionné du monde.

— Tu me quittes c'est ça ? Me demande-t-il en reniflant.

J'imagine l'état dans lequel il doit être. Le même que le mien. Nous devons sûrement être deux larves en train de pleurer toutes les larmes de notre corps. Mais au fond, nous le savons très bien. Cela ne peut plus durer. Nous devons évoluer. Sortir de ce cocon confortable que nous nous sommes créé. Même si nous devons nous déchirer.

— Oui... je suis désolé... Lui répondis-je en ne retenant plus mes larmes.

C'est à ce moment-là que le téléphone raccroche. Je ne sais pas s'il s'agit d'un problème technique. Ou qu'il a tout simplement coupé cours à la discutions. Cependant, je ne le rappelle pas. Je me mets les deux mains sur mon visage et pleure. Je viens de perdre la personne qui compte le plus pour moi. Je pensais ressentir la même douleur que pour ma grand-mère. Mais cette douleur est encore plus forte. Plus dur, plus insoutenable.

Après plus de deux minutes d'horreurs, je regarde à nouveau mon téléphone. Cependant, je ne vois rien à cause des larmes qui embuent mes yeux. Je passe un rapide coup d'avant-bras dessus puis jette un œil à nouveau. Il est 8 h 25. Malgré mon envie de rester ici, à me morfondre. Je prends les derniers soupçons de courage qu'il me reste et pars en direction de l'amphi.

Après une dixième de minutes de marche, je me retrouve devant la salle fermée. Le cours a dû commencer. Je frotte une dernière fois mes yeux et pousse la double porte d'entrée. Je passe la tête et commence à m'avancer. J'essaye de me faire la plus discrète possible.

Je commence à descendre les escaliers. Puis m'assoies à côté d'Oriana. Elle me regarde avec un regard de détresse.

— Mlle Brown ? En re.. Il s'arrête net qu'il aperçoit mes yeux rougis.

— Ouais, je pense que ce n'est pas le bon moment pour faire une blague Mr Harrys. Lance Oriana qui d'après sa tête est à deux doigts de le tuer.

Je sors mes affaires et essaye de faire abstraction de ce qui vient de se passer. J'en discuterai avec Oriana plus tard. Cependant, je sens le regard des autres peser sur moi. Je ne sais pas combien de temps je vais tenir..  


Malgré MoiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant