18.

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Je ne m'attendais pas du tout à cette question. Comment a-t-il pu la remarquer ? Je porte la veste en cuir d'Oriana... Il est peut-être très observateur. Me répond ma conscience. Je lève la tête.

— Pourquoi cette question ? Je ne savais pas, que mon passé t'intéresser tant.. Lui répondis-je.

Il eut un léger rictus et se repasse de nouveau la main dans les cheveux. Il fait une moue gênée, comme si l'on venait de surprendre un enfant voler des bonbons. Je rigole.

— C'est juste que j'essaye de te connaître un peu plus. Je ne savais pas que c'était un crime.. Me lance-t-il.

— Je ne pense pas que dévoiler mon passé, te permettra de mieux me connaître. Ça s'est passé, c'est tout... Je suis quelqu'un de différent maintenant. Puis, j'essaye d'avancer.

Il a l'air surpris de ma réplique. Je pense qu'il s'attendait à une réponse du style. Je suis tombée dans les escaliers. Ou encore, je me suis fait mal en vélo. Mais non. Il a l'air légèrement mal à l'aise d'avoir posé cette question.

— Écoute.. J'suis désolé. Je ne voulais pas..

— Ce n'est pas grave t'inquiète.. Parfois, la vie est un peu plus compliquée pour certains. Le coupé-je.

— Ouais.. Je vois ce que tu veux dire.. Souffle-t-il.

Nous restons là comme deux enfants perdus dehors à nous regarder mutuellement pendant quelques secondes. J'ai l'impression de découvrir une nouvelle personne. Une personne sensible, qui a peur de faire du mal aux gens. Je ne comprends pas comment on a pu se déchirer autant pendant ce dernier mois. C'est vrai. Au fond, je pense que nous sommes pareils. Nous avons vécu des choses qui nous ont transformées. En bien ? En mal ? Je ne sais pas. La seule chose, en revanche, dont je suis sûre. C'est que nous avons tous les deux une immense carapace, munie d'une centaine de piques. Finalement, c'est peut-être à cause ça, que nous avons réagi tous les deux de cette façon. Avec brutalité, méchanceté et égoïsme. Dans le seul but de nous protéger. Nous-mêmes. Quand je pense que parfois, il suffit juste d'une petite discussion...

— Écoute, Alec. Tout à l'heure, j'ai fait ce pacte. Mais pour être totalement franche avec toi. Je pensais pas le tenir, c'étais juste l'histoire que tu me foutes la paix. Mais, en réalité. J'ai découvert, une nouvelle personne. J'ai vraiment envie qu'on se donne une seconde chance. Dis-je avec un élan de franchise.

Je ne sais pas se qui me prends de me confesser comme ça. J'ai l'impression que plus je reste à côté de lui. Plus, mes barrières tombent. Je me sens faible. En proie à toutes sortes de dangers, quand je suis avec lui. Mais au fond de moi, j'aime ce risque. Je veux vraiment apprendre à le connaître. Devenir ami.

— Je dois t'avouer que pour moi c'était pareil. J'ai fait ça sous la contrainte des autres. De moi-même, je ne serais jamais venue. Mais plus le temps passe, plus je me sens coupable. Je ne voulais pas que tu dévoiles mon secret.. Se confie-t-il.

— Que tu es un livreur de sushis ? demandé-je avec un léger rictus.

— Ouais.. Que je suis livreur de sushis ! Putain. Qu'est-ce que je peux être con parfois ! s'exclame-t-il.

— Ouais. Mais à-ce qui paraît. Tu es compliqué. Lancé-je avec un sourire débile sur le visage.

Nous finissons cette discussion en rigolant. Puis nous re-rentrons pour rejoindre les autres à l'intérieur. Ils n'ont pas bougé de place. Pauline n'est toujours pas revenue. Tandis, que Oriana est à califourchon sur Tayler, assis sur la banquette. Je lance un regard de désespoir en direction d'Alec. Cependant, cela ne semble pas le déranger. Je dirais même plus. Que cela l'amuse. Je regarde ma montre. Il est 23 h 50. Je m'étais promis de ne pas rentrer tard. Malgré que ça soit le week-end.

Ne voulant pas déranger notre couple, je donne un coup de cou à Alec. Il penche sa tête vers moi, jusqu'à la mettre dans le creux de mon cou. Son parfum.. J'adore.. Un Diesel...

— Qu'est-ce qu'il y a ? Me demande-t-il.

Je pose mes mains sur ces épaules. Je me mets sur la pointe des pieds, puis approche ma bouche près de son oreille.

— Je vais y aller Alec, dit juste à Oriana de ne pas faire trop de bruit. Lui répondis-je en rigolant.

— Trop de bruit ? Comment ça ? Me lance-t-il un peu perdu.

— Si elle vient dormir, dans notre chambre, sale pervers ! lui crié-je dans l'oreille.

Il rigole et me fait un signe de la validation de la main.

— Fais attention en rentrant. Me lance-t-il. En se rapprochant une dernière fois de moi.

Je lui réponds d'un signe de tête, et me dirige en direction de la sortie.

D'un coup, une main m'arrête. C'est encore Alec. Il me tend son téléphone et me fait comprendre par des gestes d'inscrire mon numéro. Je rigole et m'exécute. Cependant, j'apporte une légère modification à mon nom. Je me renomme DramaQueen. Je ne sais pas pourquoi. Une folie passagère. Je lui tends son téléphone, lui sourit en repensant à mon surnom et sort du hangar.     


Malgré MoiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant