Malgré Moi

4.

J'ai rangé mes affaires tout le reste de l'après-midi. Nous avons pu faire connaissance avec Oriana. Mais de vous à moi. Je ne sais pas comment je vais faire pour tenir jusqu'à la fin de l'année. Elle a beaucoup trop d'énergie cette fille. Enfin. Il est environ 19 heures quand j'arrive au bout de mes valises. Avec le recule, j'ai peut-être pris trop d'affaires. Mais bon. Il vaut mieux en avoir plus que pas assez, comme on dit.

-Pfiou, une bonne chose de fait. Lancé-je en direction d'Oriana.

Elle n'avait pas bougé de son lit de toute l'après-midi. Je me demande comment son téléphone fait pour avoir encore de la batterie.

-Ben c'est pas trop tôt, j'ai faim moi ! On commande quoi? Chinois? Japonais? Pizza ? Encore mieux ! KFC ?! Me dit-elle avec des étoiles dans les yeux.

-On peut commander ici ? Il ne faut pas être dans un restaurant ? lui demandé-je perdu.

Oriana prit un air choqué. Comme si je venais de sortir une absurdité. Venant d'un milieu rural. Oui. J'ai vu des vaches dans ma vie. Ne soyez pas choqués. Je n'ai jamais commandé à domicile. Enfin, à part une pizza de temps en temps.

-Allô ! Uber eat ! Tu ne connais pas ?? Non, mais dans quel monde tu vivais avant de venir ici ? Demande-t-elle étonné en me montrant son téléphone.

-Le monde réel ? lancé-je ironiquement.

-Ah ! Ah ! Ah ! très drôle... me répond-elle avec une tête désespérée.

Finalement, nous nous mettons d'accord sur Japonais. Nous commandons des sushis. C'est la première fois que j'en mange. Oriana m'a assuré que c'était le meilleur plat au monde. Après le poulet de KFC, bien sûr.

Après une vingtaine de minutes d'attente, le téléphone de l'hystérique sonne. Oui, on va la surnommé comme ça. Je trouve que cela lui correspond bien. Elle décroche.

-Allô ! Ah oui, j'arrive ! dit-elle avant de raccrocher.

D'un coup son regard se pose sur moi avec insistance. Elle commence à faire le fameux regard du chien battu.

-Il faut que je descende chercher la commande. C'est ça... Soufflé-je.

-Tu es LA colocataire PARFAITE ! crie-t-elle.

Je me lève et baragouine un "ouais ouais" avant de partir. Je descends les escaliers rapidement. Ouvre la porte et tombe directement sur le livreur. Il est grand, muni d'une casquette noire. Dans la pénombre, je n'arrive pas vraiment à voir son visage. Mais je peux vous dire que son corps vaut le détoure.

-Oriana Vitelo ? demande-t-il avec une voix grave.

-C'est mon amie, elle n'avait pas envie de remonter les trois étages. Dis-je en rigolant timidement.

-OK. Lance-t-il froidement en me tendant le paquet encore chaud.

Je n'ai pas vraiment le temps de lui dire merci qu'il est déjà parti sur son vélo. Au fond, je ne sais pas si c'est à cause moi. Où qu'il est tout simplement mal poli.

Après ma troisième, monter des escaliers de la journée. J'arrive dans la chambre. Je pose le sac par terre et m'assois sur le tapis blanc. Oriana fait pareil.

-Je lui mets combien d'étoiles? Il était cool ? Me demande-t-elle avec son téléphone dans les mains.

-Il ne m'a pas vraiment parlé, mais il était beau goss. Mets-lui la moyenne. Lui dis-je.

Elle pianote une dernière fois sur son téléphone et le pose. Je commence à ouvrir le sac. C'est là qu'une sonnerie Skype retentit. Mais ce n'est pas possible. Me dis-je dans ma tête en soufflant. On ne va pas être tranquille pour manger. Je décroche et j'entends la voix de Calvin. Mon humeur change du tout au tout.

-Salut Calvin. Lancé-je niaisement.

Oriana qui était en train de manger son premier sushi tourna radicalement la tête.

-C'est ton petit ami ! crie-t-elle.

-Oui ! Mais arrête de crier. Je ne comprends rien quand il me parle. Dis-je en rigolant.

C'est à ce moment-là que je commence à regretter d'avoir répondu oui à cette question.