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L'information qu'il vient lancer fait l'effet d'une bombe dans ma tête. Quoi ? Il vient de perdre sa mère ? Attendez ! Je ne comprends plus rien ! Je me sens honteuse. Honteuse d'avoir pu penser qu'il s'agissait d'une histoire banale. Il vient de perdre sa mère ! La personne la plus importante dans sa vie.. À sa place je ne sais pas comment je réagirais.. Enfin du moins, la seule chose dont je suis sûre. C'est que je serais sûrement dans le même état alcoolisé que lui.

– Alec.. Je suis désolé..  Dis-je en me rapprochant tout doucement de lui.

— Ouais ! Comme tout le monde ! Je suis désolé Alexander ! J'adorai ta mère Alexander !  C'était une personne incroyable Alexander ! Il marque une légère pause, puis continue. Mais PERSONNE ne la connaissait ! crache-t-il.   

— Écoute, je pense qu'il faut tu arrêtes de boire.. Ça ne t' aidera pas... Lancé-je avec la voix la plus douce puisse formuler.

Il plonge ces yeux dans les miens et tend la main dans laquelle il tient la bouteille. Il me lance un dernier regard plein tristesse et lâche le flacon de verre. Comme si, l'avenir du monde qu'il l'entoure lui est égal. Celle-ci s'écrase sur le toit, libérant le peu breuvage sucré restant qu'elle contient. Ne voulant pas qu'il se blesse, je me baisse et commence à ramasser les bouts de verre éparpiller sur le toit. 

— Non.. Je peux le faire.. Embête-toi pas.. Lance-t-il en me prennent les mains.

Au moment où celui-ci les touches. Un frisson parcourt mon corps. Putain, ça recommence ! Cette maudite tension indescriptible refait surface. Ma respiration se bloque au moment où nos regards se croisent. C'est comme si, il aspirait tout l'oxygène de l'air. Me laissant en proie à mon propre désespoir.   

Tout en gardant le contact visuel, nous nous relevons. Nous ne nous sommes pas encore lâché les mains. Je déglutis et reprends contrôle de mon traître de corps.  

— Viens.. On descend de là.. Je n'ai pas envie que tu tombes. Dis-je avec un léger sourire sur les lèvres. 

Je lui tiens la main et l'aide à sortir de son perchoir. Mais je dois avouer que c'est plutôt lui qui m'aide. Je ne suis vraiment pas à l'aise ici. Le point positif, c'est que j'ai réussis un lui arraché un demi-sourire. 

Nous arrivons après quelques minutes dans la chambre par laquelle je suis arrivé.  Je dois vous avouer que cela me change de ma pièce à la résidence. Celle-ci est décorée d'une façon personnelle. 

— C'est ta chambre ? lui demandé-je. 

— Ouais.. En quelque sorte... Je ne dors pas ici en général... Me répond-il en s'asseyant sur le lit muni de drap blanc. 

— OK.. Bon.. Je vais te laisser.. Je te vois demain.. Lancé-je.

Je ne veux pas l'embêter plus longtemps. Je pense qu'il a besoin de recentrer sur lui-même. De faire son deuil, sans avoir une personne comme moi dans les pattes. Je commence à m'éloigner, j'ai comme une sorte de pincement au cœur. J'ignore ce sentiment, ouvre la porte. Puis, commence à m'engouffrer dans le couloir morbide.

— Nina.. Murmure Alec.

Je me retourne pleine d'incompréhension et croise son regard encore rougi par les larmes. Mon corps se tend. La force invisible comprime à nouveau mes poumons. Ma respiration se fait de plus en plus irrégulière.  

— Oui ? lancé-je avec une voix que je ne reconnais pas. 

— Il faut que je te dise un truc.. Me dit-il dans un murmure.

Je le regarde avec un regard interrogateur tandis qu'il se lève et s'approche de plus en plus de moi. Une fois à ma hauteur. Il pousse la porte. Comme pour répondre, la poignée de celle-ci s'écrase contre le mur laissant échapper un bruit sourd. Son corps est de plus en plus proche du mien. Ces lèvres pulpeuses s'approchent dangereusement de moi. Je suis comme paralysé. Enfoncé dans des putains de sables mouvants. La force qui m'envahissait jusqu'à présent double de volume. La peur et le désire remplissent peu à peu mon corps de leurs hormones enivrantes, brisant au passage mes dernières barrières protectrices.

Puis, après un moment qu'il m'a paru une éternité. Ces lèvres se posent sur les miennes me laissant en proie à d'antiques ténèbres.      

  

Malgré MoiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant