Malgré Moi

32.

La nuit fut assez courte. Je suis dans un état second depuis ce matin. Oriana est dans le même que moi. Elle s'est endormie pendant le cours d'économie. Moi ? J'ai tenu bon, tant bien que mal... Enfin, je ne dis pas que j'ai tout entendu non plus. Je traîne mon corps endormi jusqu'à la salle informatique. Il faut que j'imprime mon projet d'analyse comportemental.   J'ai un peu la boule au ventre. Je dois le rendre cette après-midi. Ce dossier va peut-être compter pour la moitié de ma note semestrielle dans les cours de Mr Meawill. Je dois vous avouer que j'ai un peu peur d'avoir fait un hors sujet.. Mais bon.. Maintenant que c'est fait, je ne peux pas en l'espace de 1h30 maximum refaire mon rapport de dix pages sur Alec.

Je me pose sur un ordinateur, m'identifie et insère ma clef USB. En quelques cliques, le rapport sort imprimé de la grosse imprimante. Le papier est encore chaud. C'est une sensation agréable. Je range le tout dans une enveloppe marron. La ferme, puis inscris mon nom sur la face avant de celle-ci. Bon, il manque plus qu'à lui rendre, me lance ma conscience. Au fond de moi, j'espère qu'il ne va pas m'aborder le sujet d'hier...

J'avance avec détermination l'enveloppe à la main, jusqu'à son bureau. J'espère qu'il est dedans. J'ai envie de lui rendre mon projet en main propre. Et non, dans sa maudite boîte aux lettres trop petite pour recevoir tous ces dossiers. 

Je tourne à l'angle du couloir et aperçois sa grande porte marron ouverte. Pour une fois que j'ai de la chance. Je me précipite et toc à la porte. Un « Oui, entrez » s'en suit. Je passe dans un premier temps ma tête dans l'entrebâillement de la porte pour m'assurer que je ne le dérange pas.

— AH ! Nina, je t'attendais. Dit-il en se relevant sur la chaise grâce à ces mains.

Je n'étais encore jamais venue ici. C'est magnifique. On dirait une sorte de bureau de psychologue. Avec des tableaux abstraits, une étagère avec des livres sur l'étude comportementale. Puis, dans le fond, une sorte de mini-salon avec une vue sur le campus. Franchement, la classe.

— Je vous dérange ? C'est pour vous rendre mon projet.. Lancé-je un peu gêné.

Il rigole à la remarque et me tend son bras comme pour m'indiquer de lui donner l'enveloppe que je tiens dans ma main.  Je la lui transmets et il la pose sur son bureau. 

— Nina, attends ! Tu n'as pas fini de répondre à ma question hier.. Me lance-t-il m'empêchant de partir de la pièce. 

Je lève la tête au ciel. De toute façon, la vérité est un peu expliquée dans le rapport donc.. Ah quoi bon le faire mijoter. 

— Écoutez.. Je ne suis pas forte pour mettre des mots sur ce que je ressens. Je viens de perdre la personne qui était la plus importante moi hier.. J'avais juste besoin d'être seule pour réfléchir, me remettre en question... Vous voyez ? Me confié-je.

— Ah.. Je suis désolé.. Enfin, je ne voulais pas être intrusif comme ça.. Mais tu m'as fait peur. Du coup.. Dit-il en se passant les deux mains dans les cheveux, relevant au passage ses mèches rebelles.   

— Hum..Je ne vous en veux pas.. Par contre, je ne serais pas contre un bonus pour harcèlement physique. Lancé-je en rigolant. 

— Et ça essaye de gratter des points ! Sortez de mon bureau avant que je change d'avis ! s'exclame-t-il avec un sourire nier sur le visage.

Je lève les deux mains au ciel et sors d'une façon provocante du bureau. Je l'aime bien ce prof.. Il est cool.. Je me retourne d'une façon nonchalante et tombe nez à nez avec Alec. Je sursaute. Bordel ! Qu'est-ce qu'il fait là ?  Je regarde la seconde après qu'il est muni de la même enveloppe que moi. Il vient rendre son projet.   

— Putain Alec... Tu m'as fait peur ! soufflé-je en regardant le sol.

— Désolé.. Je venais rendre lee.. Enfin tu sais.. Dit-il tu façon maussade. 

J'en conclus qu'il a toujours mal au fond de lui. C'est un peu normal après tout.. Il pose sa main sur mon bras et me contourne. Je décide de l'attendre. On pourra discuter de se qu'il c'est passé hier soir, enfin plutôt ce matin. 

Après quelques seconds, il sort à son tour du bureau de Mr Meawill. On dirait un zombie. Ces cernes sont immenses. Il n'a pas dormi... 

— Alec.. Tu veux en parler ? dis-je en me postant devant lui pour qu'il ne prenne pas la fuite. 

— J'ai le choix ? Demande-t-il

— J'aimerais bien te dire oui, mais je mentirais...