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Je ne sais pas vraiment ce qu'il m'a pris de lui parler comme ça. La vérité me revient-elle en pleine face ? Je n'en ai aucune idée. Cependant, au fond de moi je ne peux m'empêcher de penser que l'hystérique à raison. Je ne le verrais jamais. Nos vies sont complètement différentes. À l'heure d'aujourd'hui, il travaille dans une ville qui se situe à plus de 300 km de l'université. Comment voulez-vous que cela fonctionne.

Je marche sans savoir où je vais pendant plus de dix minutes, jusqu'à retomber, sans le vouloir sur le vieux hangar. L'endroit où il y a eu la soirée fluo. Quelle soirée! me lance ma conscience. C'est vrai que c'était l'un des moments où je me suis le plus amusée. C'est aussi le seul jour, où je n'ai pas appelé Calvin le soir. Coïncidence ?

Je m'assois sur le banc qui se situe sous un érable. Il commence à perdre ces feuilles. Elles commencent à se teinter de rouge, d'orange ou encore de jaune. Certaines tombent. D'autre reste accroché tant bien que mal à leurs perchoirs. Suis-je dans ce cas moi aussi ? Est-ce que je m'accroche tant bien que mal à une réalité qui n'en ait plus une ? Au fond de moi, je connais toutes les réponses à ces questions. Mais serai-je capable de les assumer ? Je ne sais pas.

Peut-être que j'ai réagi comme ça avec Alexander, car je ne voulais pas voir la vérité. J'ai directement joué avec lui sans vraiment le connaître. Peut-être parce que, cela me permettait de faire un transfert. Transformer une réelle attirance en une haine fictive. Je me rends compte que j'ai choisi la facilité...

D'un coup, une main vient de poser sur mon épaule. Ce qui au passage me fait sursauter. Je tourne ma tête en un claquement de doigts et aperçois Tayler.

— Qu'est-ce que tu fais ici ? demandé-je avec une voix tremblante.

— Je t'ai vu partir comme un zombie de la résidence, je me suis inquiété. Tu veux en parler ? Me lance-t-il.

Ils se sont bien trouvés avec Oriana. Ils ne sont tous les deux vraiment nulle question psychologie humaine. Mais bon. Je souris à la remarque et tape le banc pour lui faire comprendre de s'asseoir à côté de moi.

— Je suis un peu perdu, avec tout ce qui arrive. J'avais besoin de réfléchir. Lancé-je pendant qu'il prend place sur le banc en ferraille.

— On va t'enlever ta bourse ? Me demande-t-il en me regardant inquiet.

— Aha.. Non.. Ce n'est pas à cause des études. C'est de ma vie sentimentale.. Mais je ne suis pas sûre que tu ais envie d'entendre une fille se morfondre. Dire qu'elle ne sait pas quoi faire. Je dois t'avouer que moi aussi en ce moment je m'énerve un peu. Dis-je reniflant légèrement et en camouflant un rire gêné.

Il me regarde et me prend la main droite.

— Tu sais, parfois, un point de vue masculin sur une relation change beaucoup la vision des choses. Dis-moi Nina. Lance-t-il.

Sa voix est calme, douce et posée. Je n'ai pas forcément envie de lui raconter mes problèmes personnels. Mais une petite voix intérieure me convient de le faire. Ma langue se dénoue.

— Je suis en couple avec Calvin depuis deux ans. Mais je vous ai menti. En réalité, je ne l'ai jamais vu. Je vous dis qu'il était dans mon ancien lycée pour que vous me foutiez la paix. Me confié-je

— Mais aujourd'hui tu en souffres... Car tu veux évoluer, mais il y a cette relation ? demande-t-il avec la même voix que tout à l'heure.

— Ouais.. Avoué-je en baissant la tête parterre.

— Écoute, parfois l'inconnue peut faire peur. Nous avons tous besoin d'une bouée de sauvetage de temps en temps. Mais celle-ci sert uniquement à te sauver, et non à t'aider toute ta vie. Puis, Nina, je pense que ce gars mérite mieux que d'être un support pour toi. Il mérite de vivre lui aussi...

Je me prends la tête dans les mains. Je sais au fond de moi qu'il a raison. Pourtant, j'ai peur de réalité. Peur que tout recommence, et que cette spirale infernale renaisse.

— Tayler...

— Je sais c'est dur.. Mais c'est soit tu décides d'avancer une bonne fois pour toutes en laissant tout derrière toi et en prenant des risques. Soit tu continues de vivre dans ton idéal virtuel et la terre continua à tourner sans toi..

Nous restons sur ce banc pendant un petit moment. Je ne sais pas combien à vrai dire. Je sais juste qu'après cette discussion. J'ai enfin pris ma décision. Celle de vivre ma vie. Une vie à la lueur du jour et non à celle de la lumière bleutée d'un l'écran d'ordinateur.      


Malgré MoiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant