Chapitre 1 : Echec et mat

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Dans l'entrepôt, Sierra pointe le pistolet sur le professeur. Celui-ci la fixe debout, sans bouger.  Il lève doucement les mains. 

- C'est pourtant évident. Continuer à te planquer dans l'un des endroits les plus paumés !

Sierra approche et un sourire illumine son visage.

- Mais tu ne trouves pas que tu commençais à étouffer ? Avec tous tes plans, tu as oublié qu'une enquête était toujours ouverte !

Elle se délecte, persuadée de l'avoir fait tomber de l'échiquier. Celui qu'il a tant abrité. Tenant fermement le pistolet, elle avance. Le professeur maintient son attention sur elle, sans un mot. Il n'arrive pas à réfléchir, surtout lorsqu'il est pris par surprise.

- La faiblesse, voilà pourquoi.

Alicia apprécie son silence. Cela voulait dire qu'il se sent vaincu.

- Pourquoi n'est-elle pas avec toi ? Tu t'en ai déjà lassé ?

Elle rit, tellement insolente.

- Reste à ta place où je te tire une balle dans les couilles !

Le professeur tente de reculer mais il se ravise rapidement en levant les mains. Alicia avance de nouveau. Quelques centimètres les sépare. 

- J'en ai tellement envie que j'en crèverai de ne pas le faire, oh professeur !

Sergio tente de rester calme, même si ses émotions s'emmêlent. L'inspectrice le contemple d'un sourire rayonnant. Il suffit d'appuyer sur la gâchette et tout est réglé.

- Tu as besoin de moi, dit le professeur. 

Alicia le désigne d'un regard malhonnête.

- Toi, Sergio ?

- Tu es en cavale. tu es venue ici parce que j'étais la seule solution. La meilleure, sans doute.

Sierra émet un rire.

-Il y en avait bien d'autres mais j'ai cherché à ce qui me ferait le plus plaisir. Partir loin d'ici sans rien de fascinant ou trouver le professeur pour mettre un terme à sa gloire !

Sergio est paralysé, incapable d'ajouter un mot. Il devrait pourtant. Il veut continuer à jouer ses atouts mais il en est incapable. Alicia est devant lui avec un flingue. Ses émotions sont bloquées et il n'arrive pas à les gérer. Son corps tremble légèrement sans qu'il le contrôle.

- Je crois que j'ai préféré la meilleure option, ajoute Sierra. Celle qui ne m'obligeait pas à me débarrasser de ce pauvre pistolet.

Elle le recharge.

- Qu'est-ce que tu veux Alicia ?

Le professeur la regarde mais cette dernière pose un doigt sur sa bouche.

- Ne gâche pas tout, voyons. Il ne faut pas précipiter les choses.

Dans sa tenue vagabonde avec ses lunettes transparentes, l'inspectrice ressemble à une marginalisée. Ses cheveux sont camouflés dans sa capuche et son maquillage a disparu. Elle ne pense pas à éprouver de la pitié. C'est impossible.

{Dans la banque d'Espagne}

Ils sont tous descendus, les visages rayonnants. Ils arrivent dans le hall d'entrée silencieux où quelques otages chuchotent. Puis, ils se retournent. Un membre se détache du groupe. Le bâtiment est soudainement plongé dans un silence et quelques regards sont confus. Lisbonne avance. Elle souhaite que le moment ne s'arrête jamais et c'est presque comme dans un rêve. Elle tourne son visage vers les otages d'un air soupçonneuse avant de ralentir, puis d'émettre met un léger sourire.

- Bonjour !

Les captifs n'osent pas parler. Ils sont focalisés sur son regard, sur ses yeux comblés. Sur Raquel Murillo, l'ex-inspectrice de la police. La crainte de quelques-uns refroidit l'atmosphère. Cette fois, Raquel revient en faveur des braqueurs. Elle est maintenant dans la banque et prête à l'action.

- Et bien quel accueil, constate Palerme.

Il avance doucement, enroulant un bras autour de Lisbonne. Il est amusé de voir leur tronche apeurée. Rio se rend directement dans les sous-sols avec Tokyo qui lui montre la boîte avec le circuit électrique. Il a ramené du matériel de rechange puis il la regarde. 

- Il a voulu te soutirer des informations et toi tu l'as mis K.O.

Il déconnecte les fils et Tokyo lève les yeux au ciel. Elle ne veut plus entendre parler de ce connard. 

- Est-ce qu'il avait d'autres projets ? Je veux dire dans son plan, pour toi ?

Rio rebranche les fils puis s'arrête. Cette fois, Tokyo le regarde. Rio voulait savoir si Gandia avait d'autres intentions sur elle. Le militaire a tellement été cruel qu'il méritait bien plus qu'un ciseau dans le dos mais il est encore parmi eux à cause du plan du professeur. Elle s'est juré qu'un jour il vivrait son pire cauchemar.

- Non.

L'installation émet un son qui réactive les caméras puis Rio se redresse.

- Je suis désolé pour Nairobi...Je sais que vous étiez proches.

Il a constaté la relation de sœurs qu'elles partageaient. Tokyo a encore du mal avec sa mort. Elle hoche simplement la tête, puis se relève pour rejoindre les autres.

{Dans l'entrepôt du professeur}

Les écrans s'agitent et Alicia remarque que le système de surveillance est réactivé. Le gros plan de Rio sur l'une des caméras indique qu'il vient de redonner accès aux images intérieures de la banque. 

-Regarde comme ils sont heureux ! Ce que tu as fait est prodige et une victoire se savoure !

Le professeur se tourne pour observer les caméras. Puis il ne bouge plus. Il a les mains toujours levées et attachés et son esprit est bloqué. La sueur perle son front. 

- Pourquoi prends-tu cet air-là ? Regarde !

Alicia le plaque devant les écrans. Tokyo, Denver, Bogota, Palerme, Helsinki, Stockholm, Rio et Lisbonne sont réunis dans le hall, face aux otages un sourire heureux. Chacun manifeste sa joie et leur lien est fort. Sergio, au fond de lui, est fier. Les braqueurs sont regroupés et ce n'est pas sans importance.

- Tu vois, c'était pas trop dur, finit Alicia qui le relâche.

Son arme est toujours derrière la tête du professeur. Elle le tourne brusquement vers elle puis prend un sourire maléfique. Elle murmure à son oreille.

- Ne t'en fait pas trop, une Reine protège son Roi.

Sergio ne comprend pas. Son ouïe résonne et sa vision devient flou tandis qu'il sent son corps lâcher après avoir reçu un coup sur la tête. 

LA CASA DE PAPEL SAISON 5Où les histoires vivent. Découvrez maintenant