Chapitre 7 : Cartes sur table

316 14 2
                                    

Lisbonne est assise sur les marches des escaliers et réfléchit. Tout le monde ne sait pas quoi penser et ils n'ont plus aucunes nouvelles depuis la veille. A chaque appel, Alicia ne répond plus. Tokyo et Palerme se sont disputés. Ils voulaient tous les deux commander mais les autres braqueurs ont mis un terme aux propos de l'ancien chef qui n'est plus en mesure de décider. Lisbonne se souvient que c'était Tokyo, depuis la fois où elle les a surpris avec le professeur dans leur chambre, qui a décidé de prendre les devants. Elle les a volontairement interrompu et usé de leur intimité pour montrer de quoi elle est capable. A ce moment, Tokyo aide Rio à distribuer à manger aux otages et Manille continue de les surveiller.

- Petit Arturo, Roi de la perfidie et de la lâcheté, ta jambe va mieux ou il te faut un bisou magique ?

Arturo lève ses yeux vers Manille. Il est assis à une certaine distance des otages parce qu'on avait dit qu'il fallait un périmètre de sécurité autour de lui. Son visage trahit ses émotions.

- Quoi, tu veux faire un jeu de regard avec moi ?

Il baisse aussitôt les yeux. Il est plus silencieux depuis son opération et Manille ne le lâche pas d'un regard. Denver arrive avec Stockholm. Voyant Arturo, il affiche un sourire et va le rejoindre.

- Tu t'es calmé Arturito ? Tu sais que nous t'avons éloigné parce que tu représentais une menace. On est arrivés au point de te considérer comme le mec le plus exécrable !

Il prend du dégoût à le revoir mais ça lui fait plaisir de se moquer. Arturo s'en est sorti de son opération mais Manille selon elle, aurait dû toucher plus profond, à un endroit qui l'aurait fait souffrir. Un point qui l'aurait tordu de douleurs à chaque fois qu'il se met à bouger. Puis elle le laisse pour continuer à surveiller les otages. Denver veux rester avec lui et le regarde. Il chuchotte.

- Tu t'es déjà posé la question si d'autres otages étaient des nôtres ? Parce peut-être que certains d'entre eux nous ont murmurés des choses sur toi, nous ont soufflés des détails sur ton comportement que tu ne sais pas...

Arturo regarde autour de lui. Denver lui met subitement le doute. Il ne s'est jamais posé la question mais peut-être qu'il a raison et qu'il y a d'autres taupes. Arturo défie chacun des regards et ne sait pas si Denver dit vrai. Ce dernier se lève en lui tapotant le dos. Il se met à serrer la main de plusieurs otages pour entretenir son doute. 

- T'en fais pas Arturo, maintenant on t'a à l'œil !

Denver montre ses yeux avec ses doigts puis ceux des otages. Il part ensuite, le sourire au coin des lèvres.

{Dans le hangar}

- Qu'est-ce que tu nous cache Alicia, demande le professeur, même s'il sait qu'elle ne va pas répondre directement.

- Tu es quelqu'un d'intelligent Sergio. Continue de réfléchir et tu trouveras la réponse par toi-même !

Sergio en a marre de ne pas trouver de réponses. Alicia peut faire n'importe quoi à n'importe quel moment mais passer du temps avec elle est la pire des choses. La radio qui sonne sans cesse ne l'aide pas à se calmer.

- Il faut que je m'adresse aux braqueurs, Alicia. Je dois leur annoncer la suite du plan et expliquer la mission de Lisbonne !

- Quoi, ils ne savent pas ce qu'ils doivent faire ? Tu as libéré ton amour sans lui donner d'instructions ?

C'est un peu vrai. L'évasion a dû se dérouler rapidement et il n'a pas eu le temps de communiquer avec Raquel. Marseille s'assoit pour faire marcher sa mémoire afin de trouver ce qui peut les aider à avancer.

- C'est en partie la vérité, répond le professeur. Depuis que j'ai organisé son évasion, nous avons perdu du temps et surtout, juste avant nous avons perdu une grande combattante énergique et dynamique qu'était Nairobi !

Il devait jouer là-dessus. Le temps. La clé de son plan. Sierra émet un rire en se remémorant son meilleur tour mais Sergio ne rigole pas, il est très agacé et en colère. Il veux poursuivre son plan et celui de son frère.

- Quel message voudrais-tu leur faire passer ?

Le professeur se dit qu'il doit obligatoirement inclure Alicia dans la moindre des choses. Si elle veux coopérer de cette manière tout en jouant avec lui, il doit aussi trouver le moyen d'agir intelligemment dans son petit jeu. Transmettre un message personnel aux braqueurs est bien la dernière des choses qu'il a la possibilité de faire. Il doit jouer carte sur table parce qu'à sa plus grande surprise, Alicia connait le plan et c'est la chose qui le déstabilise le plus...

- Je veux leur dire que maintenant nous travaillons ensemble et qu'ils devront autant t'écouter parce que tu connais les plans. Que tu nous aideras à continuer et tu t'impliqueras parce que nous collaborons. Ils devront accepter et je leur dirai que Lisbonne prendra les commandes dans la banque. C'est elle qui m'écoutera et qui les fera aller au bout. Nous communiquerons principalement avec elle. Ils respecteront cet accord et tu auras la part qui te reviendra si toi aussi tu la respecte.

Il ne pensait jamais dire cela un jour mais il n'a pas d'autre choix s'il veut poursuivre son plan qu'elle a l'air de connaître. C'est sa manière de lui dire que si elle veut collaborer, il faut qu'elle le prouve. Et qui a-t-il d'autre que de la mettre à l'épreuve face aux braqueurs ? Si elle passe d'un camp à un autre, qu'elle les attaquent un jour puis se dénonce à la police le suivant pour venir jusqu'à eux, a-t-elle peut-être changé son jugement sur le système qu'ils dénoncent ? Sierra doit maintenant penser à son avenir. Ou y a-t-il une autre raison pour qu'elle soit ici ? Probablement. De toute manière, elle n'a pas le choix. Alicia ouvre une sucette et réfléchit.

- Non, pas Lisbonne aux commandes. Ce n'est pas une personne apte et elle m'affrontera indéfiniment, espérant avoir le dernier mot alors qu'elle était sur le point de vous tourner le dos avant de voir ta montre sur le poignet d'Antoñanzas.

La manière dont Alicia s'y prend réprime le professeur mais rien ne peut le faire changer d'avis. Elle essaye de mêler sa vie sentimentale alors qu'elle sait très bien que ça ne fonctionne pas avec lui. Il garde la tête haute et il reprend son rôle du professeur. A la police, ils sait comment ils fonctionnent et ils ont suffisamment de moyens de pressions pour s'en prendre aux points les plus faibles. Sergio ne se laissera pas affaiblir par les mots d'Alicia et il sait qu'il doit se focaliser sur le plan.

- C'est ma seule condition.

- Ou sinon quoi ?

- Je ne leur dit rien et ils s'échapperont car ils n'ont pas besoin de moi pour leur rappeler comment ils doivent faire. Comme tu le sais, ils arriveront à le réaliser sans notre aide même si leur chance est mince. Tu pourras m'électrocuter, me frapper et même me torturer à mort si tu le souhaites mais au moins, ils s'en sortiront. Et si nous devons en arriver là, Marseille te tuera juste après. Il effacera toutes les preuves avant que la police arrive ici puisque ton ami nous dénoncera !

Alicia approche, un sourire aux coins des lèvres.

- Intéressant, tu joues les plus fortes cartes. 

Elle parle à son oreille et savoure en même temps sa sucette. Puis, elle offre un regard à Marseille qui ne dit rien et elle retire la sucette de sa bouche.

- Essayons. Mais s'il arrive malheur à l'un d'entre vous de déjouer quoi que ce soit, pouf !

Elle imite le professeur en train de se tenir la gorge et d'agoniser.

{Dans la tente des policiers}

La télévision est allumée et passe en boucle les informations depuis l'évasion de Raquel Murillo. Alberto lance des regards vers l'écran puis il se rassoit sur sa nouvelle chaise d'inspecteur. Toute l'équipe travaille à partir des nouveaux ordres qu'il leur a donné. Sa chaise est confortable et Alberto attrape un crayon dans les mains. Tout le monde bosse et le bruit des claviers lui donne le sentiment d'un travail plein de rapidité. L'ex-mari de Raquel se sent bien même si leurs efforts n'avaient encore rien donné. Cependant, il est ravi de la nouvelle place qu'il occupe. Désormais, c'est lui le nouvel inspecteur.

-S'il vous plaît, je vais passer un appel alors je veux un silence !

Il pose le crayon qu'il finit de contempler et qui lui rappelle son ex-femme lorsqu'elle en coinçait dans ses cheveux quand elle s'adressait aux braqueurs. Il s'est toujours demandé pourquoi. Puis, il attrape le casque qu'il positionne sur sa tête. Plusieurs collègues s'installent à côté de lui, Tamayo y compris. Ce dernier lui fait un signe de la tête puis Alberto établit le contact avec le professeur.

LA CASA DE PAPEL SAISON 5Où les histoires vivent. Découvrez maintenant