Avant de se coucher, Thys essaya d'évacuer la boule qui lui nouait la gorge et projetait des tentacules de mauvaise humeur dans tout son corps. Il expira plusieurs fois pour chasser cette gêne. Mais curieusement, dès qu'il fermait les yeux afin de se soustraire à la tension qui le parasitait, c'était le visage de Briac en gros plan qui s'affichait quelques secondes avant d'être détrôné par la vision d'une spirale noire, engloutissant tout sur son passage. Puis des têtes se succédaient à une vitesse folle. Il vit ainsi défiler Mathieu et Thibault, les poings dressés ; puis Cid, le regard inquiet ; enfin, Théo avec sa longue chevelure qui se transformait en cette espèce de vortex de mort. Inlassablement, Thys essayait de faire disparaître ces images tumultueuses qui s'imposaient sans relâche à son esprit comme dans les nuits fiévreuses. Il se sentait habité par la démence. Son Ingéni se mit alors à vibrer tel le ronronnement d'un tout petit moteur à hélice. Portant la main à sa tempe, Thys entra en contact avec le cristal froid. Ses doigts perçurent les légères palpitations que dégageait la pierre.
À cet instant, Mélia pénétra dans la chambre. Il fut agacé. Cette colère qui nappait son cœur depuis la soirée enfla davantage. Il fallait qu'elle soit toujours dans ses pattes, celle-là ? Ne pouvait-elle pas lui laisser un peu d'intimité, non ? La « fifille à sa maman » qui ne savait que gémir et passer ses journées au lit, que voulait-elle encore ?
Sa jumelle avança à pieds nus sur la moquette vanille et vint sans un mot se poser à ses côtés. Ils restèrent assis côte à côte, silencieux, plusieurs minutes. Lui, bouillant de fureur, la poitrine haletante, une main crispée sur son Ingéni, l'autre enfoncée au fond de sa poche, résigné à se taire et faire comprendre à l'indésirable qu'elle n'était que poussière insignifiante. Elle, fleurant bon le shampooing à la camomille, le dos droit inondé de cheveux doux, les jambes pliées sous ses fesses et les mains jointes sur ses cuisses. Puis, Mélia extirpa son pendentif en cristal de dessous sa chemise de nuit. Elle le montra à son frère qui tourna la tête, bien déterminé à ruminer seul.
— Thys, regarde-le, il vibre et émet une petite lueur blanche.
— Je m'en fous, laisse-moi ! Fiche le camp dans ta chambre, j'ai pas envie de jouer à ça, ce soir ! Tu me saoules ! Tu es toujours dans mes pattes !
Mélia grimaça. Jamais elle n'avait vu son frère dans un état pareil. Il avait un air cruel, ses yeux étaient durs, ses lèvres pincées. Il n'était pas lui-même. Il semblait habité par une énergie malsaine qui gouvernait son esprit.
— Regarde-toi ! C'est pas toi, ça ! À quoi tu joues, Thytou ? On dirait que tu ne te contrôles plus, lui souffla la jeune fille inquiète.
— Ouais c'est ça ! À la place de délirer, tu ferais bien de te barrer, car le monstre qui vit en moi va exploser ta jolie petite tête d'angelot blond !
Thys se recroquevilla un peu plus sur lui-même et tourna complètement le dos à sa sœur. Il n'était que tension. Le moindre muscle était contracté et prêt à rompre. Mélia n'en revenait pas, elle ne reconnaissait pas son frère, jamais elle ne l'avait jamais entendu parler comme ça, encore moins tenir de tels propos à son encontre.
— Thys, ce n'est pas toi ce soir, que t'arrive-t-il ? Tu as eu des problèmes au collège ? lui demanda -t-elle en contenant difficilement ses larmes.
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Thys, l'éveil des Ostendes (Tome I) [ Terminé ]
ParanormalIl y aurait eu une civilisation avancée bien avant la nôtre, disparue dans d'étranges circonstances sans laisser de traces de son passage. Thys est un descendant des Ostendes, cette lignée originelle d'humains. Il capte, bien malgré lui, les énergie...