Chapitre 3

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Alice attendait depuis un long moment dans la salle d'interrogatoire, elle regarda l'officier qui était posté dans la pièce, près de la porte. Il était stoïque et ne la regardait pas, rien ne semblait pouvoir le détourner de son travail. Alice avait les bras posés sur la table, elle toucha la trace violette sur son poignet, puis porta son regard sur ses mains qui étaient toujours pleines de sang. Personne ne l'avait emmené se nettoyer, elle savait qu'elle n'avait pas le droit pour l'enquête, mais elle aurait aimé retirer le sang de ses mains et de son visage. Elle toucha le sang séché, puis se frotta les mains sur son pantalon, qui était tout aussi rouge. Elle sentit les larmes lui monter aux yeux quand elle repensa à ce qu'il s'était passé. Elle n'avait pas eu le choix, c'était sa vie ou la sienne. Elle soupira et essuya rapidement ses joues, alors que le capitaine Muller faisait enfin son entrée dans la salle. Il claqua un dossier sur la table, et s'installa face à elle.

- Si un jour, on m'avait dit que la grande Alice Nevers allait se retrouver de l'autre côté de cette table, je n'y aurais jamais cru.

Alice ne dit rien et posa ses mains ses cuisses. Par ce geste, elle tenta de cacher au capitaine, le tremblement de ses mains. Elle regarda le capitaine ouvrir le dossier, et sortir quelques photos de la victime, il les posa devant elle.

- Bon, vous connaissez la chanson. Vous me racontez ce qu'il s'est passé, et après un officier viendra récolter vos vêtements comme preuve, et puis vous serez inculpé pour meurtre.

Alice baissa la tête et observa ses mains pendant un certain temps. Elle releva le regard sur le capitaine, alors que celui-ci venait de taper sur la table.

- Vous avez tué un de vos collègues, je vous conseille vivement de me dire la vérité.

- Je n'avais pas le choix, finit-elle par dire après de nombreuses minutes.

- Ce n'est pas vous qui aviez toujours dit, que l'on avait toujours le choix dans la vie.

- Pas quand il s'agit de ma vie et de celle de mes enfants.

Elle vit le capitaine Muller rigoler légèrement. Il croisa les bras et regarda autour de lui dans la pièce. Il reporta son attention sur la juge qui avait toujours les mains sur ses cuisses, et qui avait les larmes aux yeux.

- Votre cher et tendre commandant ne sera pas là pour vous sauver cette fois, dit-il en se levant de la chaise.

Alice le regarda faire le tour de la table et s'installer à côté d'elle. Il baissa la tête et un petit sourire se dessina sur ses lèvres. Il posa une photo d'identité à côté de celle du corps sans vie de la victime.

- Bien Madame le Juge. Pourquoi avez-vous tué Mathieu Brémont ?

La respiration d'Alice se bloqua, et elle sentit les larmes lui monter aux yeux. Elle n'avait pas eu le choix, répéta-t-elle plusieurs fois dans sa tête.

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Alice était installée dans le restaurant en face du Palais de Justice. Six ans qu'elle travaillait ici, et elle ne pouvait être plus heureuse. Elle avait enfin pu réaliser son rêve et elle remerciait tous les jours le ciel, de pouvoir exercer ce métier qui était magnifique. Elle but son café tout en pianotant rapidement sur son téléphone. L'appellation de son nom lui fit relever la tête, elle regarda l'homme qui était face à elle et qui lui souriait.

- Je n'étais pas sûr que ce soit toi, mais finalement, j'avais raison. Tu n'as pas beaucoup changé en huit ans, Alice.

- Toi non plus, Mathieu.

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