Le divisionnaire observa Madame le Juge, qui s'était réinstallée sur la chaise près de la table. Quand il avait reçu l'appel du président du Tribunal, qui l'informait qu'un juge avait tué un autre de ses juges, il aurait pu penser à tout le monde, mais pas au juge Nevers. Une femme très juste et qui respectait toujours les lois, quinze ans qu'elle travaillait au côté du commandant Marquand et tous les deux formaient un de ces meilleurs duos. Alors quand le président lui avait demandé de rentrer le plus rapidement possible pour s'occuper de cette affaire, il n'avait pu refuser. Il avait dû quitter sa mère malade, et avait pris le premier train en direction de Paris. Le divisionnaire sortit de ses pensées, et reprit place en face de la juge. Elle le regardait et ne pleurait plus, mais elle frottait toujours ses mains.
- Le juge Brémont était un homme violent ? demanda-t-il hésitant après quelques minutes.
- Très violent, répondit-elle en baissant la tête.
- Je ne le savais pas, finit-il par avouer.
- Ne culpabilisez pas, personne ne le savait, dit-elle en le regardant.
- Sauf le commandant Marquand ?
- Fred et Victor.
- Votre greffier ?
Alice hocha la tête et regarda le divisionnaire, qui semblait maintenant mal à l'aise. Il se racla la gorge et appuya son dos contre la chaise. Il se frotta rapidement le visage, et la regarda de nouveau. Elle ne savait pas vraiment quelle heure, il était, très tard probablement.
- Il vous frappait souvent ?
- Assez, oui, avoua-t-elle en se réinstallant sur la chaise.
- Tous les jours ?
- Pas au début.
- Il vous frappe depuis longtemps ? demanda-t-il hésitant.
- Cinq ans, répondit Alice après de longues minutes.
Le divisionnaire hocha la tête, et fit un petit sourire à Alice en lui prenant la main, pour lui montrer qu'il comprenait que ce ne soit pas facile pour elle. Alice essuya les nouvelles larmes sur ses joues, et retira sa main de celle du divisionnaire. Elle posa ses mains sur ses cuisses, et attendit que les prochaines questions arrivent. Elle savait qu'elle devrait sûrement parler de ce que Mathieu lui avait fait, et de ce qu'il s'était passé ce soir.
- Et vos enfants ? Alice releva la tête. Il a déjà frappé vos enfants ?
- Non jamais, et ce, peu importe que Melina le mette en colère ou pas.
- Votre fille n'a jamais été très fan de lui ?
- Quand elle était petite, ça ne la dérangeait pas plus que cela. Et puis, elle a grandi et a compris les choses.
- Sur le fait qu'il vous frappait ?
- Oui. Je l'ai toujours prévenu qu'il ne devait jamais toucher aux enfants.
- Mais il se défoulait sur vous alors.
- La sécurité de mes enfants était beaucoup plus importante que la mienne.
Le divisionnaire hocha la tête et croisa les mains qu'il ramena près de son visage. Il observa la juge qui était recouverte du sang de l'homme qu'elle avait tué. Il regarda la blessure près de son œil droit, et descendit ses yeux sur les bleus autour de son cou. Il se racla une nouvelle fois la gorge, et pointa celle de la juge.
- Il a tenté de vous étrangler ?
Alice toucha son cou, qui était douloureux, avant de descendre sa main, et de la poser de nouveau sur sa cuisse.
![](https://img.wattpad.com/cover/224655091-288-k178007.jpg)
VOUS LISEZ
Destruction
RomansaL'amour d'une mère envers ses enfants est inconditionnel et éternel. Alice Nevers commettra un acte irréparable pour les protéger d'un homme qu'elle pensait aimer.