Il n'avait pas fini sa phrase que je ne le voyais plus. Tiens ça recommence, ne pus-je m'empêcher de me dire.
Ce fût la première fois qu'une telle figure se présentait. Jamais auparavant, du moins durant ma présence, une clochette ne tinta.
L'annonce du danger était certes une évidence, mais quant à savoir s'il y avait une quelconque procédure à suivre si tel cas devait se produire, j'étais dans l'ignorance la plus noire.Aussi me dis-je, qu'ayant été deux contre de parfaits inconnus, jusqu'à même leur nombre, la meilleure procédure à suivre était de les repérer et les prendre en traître, un seul à la fois, dans la mesure du possible.
Je jetai mon regard devant, sur le chemin qui conduisait à la ferme et dont il était le seul accès possible. Je ne vis personne. Je présumai alors qu'il ne s'agissait pas d'un désespéré affamé. On l'aurait vu soit s'enfuir, soit se figer, de peur tétanisé.
Nous étions attaqués par deux ou plusieurs hommes, estimai-je. Vu les circonstances de l'époque, je penchai pour plus de deux assaillants.
Se faisant surprendre par le tintement des clochettes, les brigands avaient dû s'éparpiller à la hâte autour de la maison, concluai-je mon analyse.Tout cela traversa mon esprit en bien moins de temps qu'il n'en faut pour en lire le compte-rendu.
Je sortis par la porte de devant et m'avançai du côté droit de la chaumière. Je vis alors un homme, à une vingtaine de pas de moi, debout devant un buisson. Il n'avait point l'air de m'avoir vu. Je courus vers lui, non sans m'être assuré qu'il n'y en avait pas d'autres qui risqueraient de me surprendre. Cependant des surprises de toute autre nature m'attendais.
A l'instant où je pris la décision de charger cet homme, j'avais la lame plantée dans sa poitrine !
La dernière phrase de Layth me revint à l'esprit : Ne t'étonne plus de rien !
Je n'eus pas le luxe de m'étonner un instant de plus, car un autre homme apparut non loin de moi, chargeant dans ma direction. Il se passa alors un fait encore plus étrange que le précédent : mon assaillant avait beau chargé sur moi, il tardait à arriver!
Il avait l'air de courir au ralenti ! J'eus alors le loisir de retirer ma lame de la poitrine de son infortuné compagnon, bien avant qu'il ne m'atteigne!
J'eus même le second loisir de voir sa hache fendre l'air dans ma direction et de pouvoir l'esquiver en toute sérénité, avant de lui envoyer la mienne en pleine tête.
C'était assez drôle de regarder ma hache tournoyer au ralenti avant d'atteindre sa victime. Il me semblait bien capable de l'esquiver, s'il voyait les mêmes images que moi, et surtout au même rythme que le mien. Vraisemblablement ce ne fût pas le cas, car sinon il n'aurait pas été étendu devant moi, une hache plantée dans la poire. Je n'en avais pas encore repris mon souffle quand j'entendis la voix de Layth.– Il t'en a fallu du temps!
Dit-il en souriant - un sourire qui me fit comprendre que tout était terminé - puis il ajouta :
Tu en as eu deux! C'est bien ! Cinq autres gisent de l'autre côté ! Il faut se dépêcher de les enterrer avant que les vautours n'ameutent les loups!
Je ne dis mot, car la seule chose que j'avais envie de dire c'était :
– Mais que diable s'est-il passé?!
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ÎLE DE L'AIGLE (TOME I)
Teen FictionLayth est un jeune homme qui a certes à peine 16 ans, mais sa valeur n'a pas attendu le compte de ses années. Suivez-le dans cette épopée qui changera sa destinée, ainsi que celle de tout son monde. Les pires moments d'un monde, comme les plus merve...