Chapitre 13

25 9 0
                                    

A l'entête de la feuille il y avait une phrase bien visible : Si tu n'es pas le destinataire de cette lettre alors la main du destin t'a touché et tu mourras dans deux heures, à moins que tu ne brûles cette feuille sur le champ.

Un peu plus bas commençait le corps de la lettre que je vais vous résumer du mieux que ma mémoire me le permette :

Le Behram habite où cette carte l'indique. Tue le et rapporte sa tête ainsi que la malle de Hod, sur laquelle est gravé le dessin ci-contre.

Le dessin ressemblait à ceci : XII

Encore un peu plus bas, était dessiné une sorte de plan avec quelques indications écrites, des flèches et des croix.

En dernier, terminant la lettre, était écrit : 

Si tu perds cette lettre c'est que tu es mort et ce serait mieux pour toi, car sinon je te tuerai de la pire des façons. De même si tu ne me ramènes pas la tête du Behram et la malle.

Au pied de la feuille il y avait le symbole suivant:

(Symbole à dessiner)

Je traduisais à Layth au fur de ma lecture. J'étais derrière lui, donc je ne pouvais voir les expressions de son visage. Cependant, une chose est sûre c'est que je ne le sentis pas bouger un muscle.

Quand je terminai la traduction du texte, il me demanda de traduire les indications sur la carte.

Il chercha alors une feuille blanche et commença à copier la carte avec les indications traduites. Dès qu'il finit, il jeta un coup d'œil sur la carte originale et dut constater, comme moi d'ailleurs, qu'il en avait fait une copie parfaite. Il prit alors la lettre, la mit dans une sorte de plat creux, chercha une bouteille dans l'armoire et en vida une bonne moitié dans le plat. Noyée dans le liquide, la feuille disparut devant nos yeux, comme dissoute dans son solvant. Layth chercha alors une autre bouteille dans l'armoire et commença à en verser dans le même plat, jusqu'à ce que le liquide change de couleur et devienne transparent. Il prit alors le plat et le vida dehors sur le sol avant de le laver et le ranger à sa place.

Durant tout ce qui venait de se passer Layth ne parla que pour me demander la traduction des indications de la carte. Midi ne tarda pas à pointer et nous déjeunâmes en silence, puis nous vaquâmes le reste de la journée aux travaux de la ferme. Le soir venu, nous soupâmes, toujours en silence, pour la première fois depuis un mois. Dans mon fort intérieur, je maudissais cette lettre et ses infortunés facteurs. Je ne me doutais guère ni des suites de ces événements ni de ce qui nous attendait en conséquence, et qui allait changer ma vie et celles de tous les êtres de notre île. A la fin du souper Layth me souhaita bonne nuit, signe qu'il voulait rester seul. 

Ma nuit ne fût point bonne, car je restai longtemps allongé avant que le sommeil daigne s'intéresser à moi. Des cauchemars d'un genre inédit m'accompagnèrent le reste de la nuit. Ils étaient tellement éprouvants, qu'au petit matin j'étais encore fatigué mais soulagé de leur avoir faussé compagnie. 

Je fis ma toilette et je sortis, pensant rejoindre Layth dehors, mais je ne l'y trouvai point. Je rentrai et allai à la grande salle où je le vis, affairé comme je ne l'avais jamais vu l'être.

Ah! tiens tu es réveillé ! Dit-il de son ton jovial retrouvé.

Je saluai et attendis, ne sachant quoi faire ou dire, tant la situation me paraissait inédite et brumeuse.

Assieds-toi! nous avons à parler! Dit Layth, toujours jovial.

Je m'assis et écoutai mon jeune ami :

ÎLE DE L'AIGLE (TOME I)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant