A l'écurie, nous donnâmes aux bêtes à boire et à manger. Une discussion mouvementée eut lieu entre Layth et Pha. Le ton fut assez vif, bien que le contenu restât incompréhensible, sauf de ses deux protagonistes.
Comme Pha restait derrière nous lorsque nous quittâmes l'écurie, j'en conclus que la discussion portait sur l'opportunité que Pha vînt avec nous ou pas. Comme toujours, c'était la volonté de Layth qui prévalait. J'imaginai la tête de Pha et un mélange de peine et d'amusement me partageait l'âme.
En quittant l'écurie, il fallait traverser une grande cour pour atteindre le grand bâtiment.
La maison, comme on appelait le bâtiment principal, était une ancienne bâtisse stylée, sur trois niveaux. Il y avait un sous-sol côté rue, mais rez-de-cour de l'autre côté. Ce premier niveau était réservé au garde-manger et aux couchettes des deux domestiques hommes : celui de l'écurie et celui de la maison.
Il y avait ensuite un rez-de-chaussée, côté rue, composé d'un grand salon, une bibliothèque, un boudoir, une salle à manger, ainsi qu'une cuisine et une chambre où dormaient les domestiques femmes, qui étaient au nombre de deux elles aussi.
Enfin, il y avait l'étage, auquel on accédait par un grand escalier, partant du salon et donnant sur un grand palier avec balustrade. Du palier, partaient de chai côté un couloir, balustré d'un côté et donnant sur des portes de l'autre. Ainsi l'étage était séparé en deux ailes. Celle de droite était réservée à Gayth, sa femme et sa fille, tandis que dans l'aile gauche se trouvaient un bureau et deux chambres d'amis.
De la cour, on pouvait accéder au bâtiment par deux portes : une au rez-de-cour, la plus grande, et une autre à laquelle on arrivait par un petit escalier. La première porte donnait sur le garde-manger et servait principalement à son approvisionnement. Quant à la seconde, elle donnait directement sur le grand salon du rez-de-chaussée.
Connaissant la maison comme si elle était mienne, pour y avoir vécu trois longues années, je savais que la petite porte restait ouverte jusqu'à la tombée de la nuit. La grande porte, quant à elle, ne s'ouvrait que lorsqu'il y avait une quelconque livraison.
Impatient de revoir mon cousin et sa famille, je pressais le pas vers la maison, lorsque Layth me retint par le bras et commença à me poser moult questions sur la maison et ses habitants. Malgré le caractère tardif et inattendu de son soudain intérêt à la famille de mon cousin et à sa maison, Layth était intransigeant. Il exigea de fait des réponses claires et précises dans les moindres détails. Mes objections qu'il n'allait pas tarder à obtenir satisfaction de ses interrogations, en voyant par lui même n'atténuèrent pas son zèle. Je dus donc renseigner mon jeune et curieux ami, aussi bien sur l'architecture intérieure que sur les habitants supposés de la bâtisse.
En l'absence de toute livraison, il était donc tout naturel que nous prîmes l'escalier. Étant en quelque sorte l'hôte de mon compagnon, j'ouvris la petite porte en haut de l'escalier et j'avançais dans une pénombre inhabituelle à cette heure de la journée, même en hiver. Layth me suivit, poussant devant lui notre prisonnier, qui avait les mains liées dans le dos.
D'après mes souvenirs, le salon aurait dû être beaucoup plus lumineux qu'il ne se présentait à mes yeux, même après le temps d'accommodation nécessaire dans une pareille circonstance.
Il y avait à peine assez de lumière pour arriver au milieu du salon sans se tenir aux murs. Tous fermés, les volets des fenêtres ne laissaient passer que les quelques rayons qui tombaient dans leurs interstices.On ne voyait des choses que leurs ombres et une telle atmosphère d'angoisse baignait tout le grand salon que je faillis sursauter en tombant nez à nez sur mon cousin Gayth.
Après l'accueil de sa femme, son visage impassible acheva de me convaincre que je n'étais pas vraiment le bienvenu. Cependant, aussi bien pour donner le change devant mon ami, et lui épargner un malaise dont J'aurais été le seul responsable, que parce-que Gayth me manquait, je donnai à celui-ci une franche embrassade.
J'essayai de prendre le ton le plus jovial possible dans la circonstance.
- Cousin Gayth, quelle joie de te revoir!
- Kalen, répondit Gayth d'un sourire surfait, soyez les bienvenus, tes amis et toi.
- Je te présente mon ami Layth. Mon autre invité est une récente connaissance. Nous avons laissé nos chevaux dans ton écurie.
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ÎLE DE L'AIGLE (TOME I)
Roman pour AdolescentsLayth est un jeune homme qui a certes à peine 16 ans, mais sa valeur n'a pas attendu le compte de ses années. Suivez-le dans cette épopée qui changera sa destinée, ainsi que celle de tout son monde. Les pires moments d'un monde, comme les plus merve...