Pendant que nous, les hommes, ramassions les corps de nos agresseurs, les femmes nettoyaient les traces de leur malheureux et court passage dans le domaine de Gayth. Je sus plus tard qu'en plus de l'homme qui nous barra la route à l'arrivée, il y en avait d'autres, qui prirent les chevaux de Gayth, dans l'écurie. Layth estima que c'étaient des complices et des indicateurs dans Gala, qui avaient trouvé une occasion de voler des chevaux. En effet, les hommes que nous tuâmes étaient comparables à tous ceux qui nous avaient agressés ces derniers jours, et n'avaient pas besoin de voler des chevaux.
Layth, après avoir informé mon cousin que les hommes voulaient attenter à sa propre vie, proposa à celui-ci de le dédommager de toutes ses pertes matérielles. C'était mal connaître Gayth, qui s'en offusqua et, ne voulant pas sermonner mon invité dans sa maison, se tourna vers moi en disant :
– Dis à ton ami de cesser de m'insulter.
Je n'en fis rien, bien entendu. Layth n'avait pas besoin de moi pour saisir la subtilité de la situation. Cependant, je me demandais comment il comptait dédommager Gayth, excluant toute éventualité que sa proposition ne fût qu'une proposition de convenance ou qu'il s'attendît à la réponse de Gayth.
Lorsque le soir arriva, les femmes nous avaient préparé un repas digne des bons temps d'antan. Nous nous retrouvâmes tous à table, Gayth, sa femme et sa fille, ainsi que Layth et moi.
J'étais heureux de retrouver ce qui me restait comme famille, en compagnie de celui que je considérais déjà comme un frère et plus encore, s'il en était.
Je ne voulais pas accabler Gayth, en le questionnant sur les deux dernières années où nous ne nous étions pas vus. Je connaissais sa discrétion, aussi bien pour sa vie personnelle que pour ses fonctions. Nous nous sommes contentés de nous rappeler le bon vieux temps et la bonne vie qui allait avec. La discussion était partagée entre Gayth, Maya, et moi. Les plus jeunes, Layth et Kaméa ne disaient rien.
Kaméa se contentait de sourire quand j'évoquais des souvenirs qui l'impliquaient.
Elle était devenue une jeune femme, belle comme le jour. La jeune fille complice, espiègle et rieuse était partie pour toujours, laissant sa place à une future femme, discrète et soucieuse des bonnes manières.Layth non plus ne disait rien. Il se contentait d'écouter nos souvenirs et nos anecdotes. On ne pouvait pas dire qu'il souriait, mais c'était visible qu'il ne s'ennuyait pas. Au contraire, cette réunion paraissait lui plaire, et j'en étais très satisfait, bien qu'un peu étonné, connaissant son caractère.
Mon étonnement ne tarda pas à se dissiper, quand je remarquai ses regards intermittents vers Kaméa. Intrigué, je commençai à surveiller d'un œil les deux jeunes autour de la table. Je notai que Kaméa aussi regardait de temps en temps du côté de mon jeune ami. Je vis surtout dans ses yeux une couleur que je n'avais jamais connue auparavant.
Maya aussi les surveillait du coin de l'œil. Elle paraissait assez amusée. Il était vrai que dans les temps que nous vivions, il n'était pas courant que les jeunes gens se réunissent pour s'adonner au jeu de la mutuelle séduction. Il était aussi vrai que Layth, sans parler des prouesses qu'il venait d'accomplir, sauvant tout le monde d'une mort certaine, était un jeune homme très séduisant d'apparence. Je me rappelle m'être dit que, si mon cousin et sa famille savaient la moitié de ce que je savais alors de Layth, ils ne voudraient jamais le laisser quitter leur maison.
N'ayant pas le tempérament de juger les gens sur leur apparence, surtout ceux de genre masculin, je n'avais pas essayé de détailler physiquement mon jeune ami. Je ne le décrivis pas pour vous non plus chers lecteurs. Il est peut être temps de remédier à ce manquement.
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ÎLE DE L'AIGLE (TOME I)
Teen FictionLayth est un jeune homme qui a certes à peine 16 ans, mais sa valeur n'a pas attendu le compte de ses années. Suivez-le dans cette épopée qui changera sa destinée, ainsi que celle de tout son monde. Les pires moments d'un monde, comme les plus merve...