Lose Me To Find You

Chapitre 27

I'd give it all - Holy Moly & The Crackers, Ruth Patterson
***

Isaiah

Je la contemple, effleure sa peau nue et observe cette dernière se recouvrir de frissons sous mon toucher. Son sourire éclatant illumine son visage et me rend vulnérable. Bordel. Pour la première fois, faire l'amour avec une fille m'a réveillé et Dieu sait que des filles, j'en ai serré. Je ne me passerai jamais de la sensation de sa peau si douce contre la mienne et de ses baisers à la fois timides et déterminés. Kristen s'est dévoilée à moi et je me sens privilégié. Les cicatrices qui strient son corps sont le résultat de son mal-être et de toutes ces années durant lesquelles son père et Dean la maltraitaient. Ça me fend le cœur et j'aimerais réparer le sien qui, après toute cette insoutenable torture, doit être brisé en un millier de morceaux.

« Je t'aime ».

— Isaiah ?

Sa voix éraillée me sort de ma rêverie.

— Mmh ?

Elle rougit, se redresse et serre les draps autour de sa poitrine, pudique. Qu'elle est adorable, je vous jure...

— Parle-moi de Sarah.

Et merde.

Je pousse un long soupir et me redresse, m'adossant ainsi contre le mur. Fermant les yeux, je revois le visage de l'intéressée et me mets à sourire avec nostalgie. Ses cheveux tantôt bleus tantôt violets me manquent, ses yeux de ce bleu océan qui transperçaient n'importe qui, me rappellent son honnêteté.

— Eh bien... Sarah était une fille à la gentillesse illimitée mais refusait de l'admettre. Elle était blessée par le passé, comme toi. Elle est venue à la maison, y a deux ans, pour recevoir des soins en famille d'accueil après que sa mère ait fait une overdose devant elle. Elle est restée trois mois chez nous. Sarah vivait seule avec sa mère dans un quartier malfamé de Los Angeles. Elle savait ce qu'était la galère.

Je rouvre les yeux et observe Kristen : elle est très concentrée et m'écoute attentivement.

— Lorsqu'elle est arrivée ici, j'ai tout de suite voulu l'aider et la comprendre. Mais elle refusait et ne souhaitait pas être regarder autrement qu'avec haine et dégoût. Mes parents la trouvaient trop insolente et désagréable. Kyle s'était beaucoup attaché à elle et moi aussi.

Kristen m'adresse un faible rictus, je continue mon récit :

— Elle était très sensible et détestait qu'on la traite de façon égale. Sarah n'a pas grandi avec une mère qui se souciait d'elle. Elle n'avait pas de père et pas de repères. Mais mon souhait était de l'aider à tout prix et je suis tombé amoureux...

— Pourquoi n'est-elle plus là ? s'interroge Kristen, impatience d'avoir la réponse à sa question.

Je me mordille la lèvre inférieure, dévoré par la culpabilité qui me ronge depuis deux ans. Depuis qu'elle a été obligée de partir. D'une voix tremblante de remords et colère, je souffle :

— Mon père. Il nous a surpris en train de nous embrasser et l'a renvoyé de chez nous sans nous laisser le temps de nous expliquer. Il était entré dans une fureur noire et me faisait peur. Ma mère n'a pas pu nous défendre alors qu'elle aurait pu le faire. Ce soir-là je lui en ai voulu et j'ai fugué, blessé. Je voulais la retrouver, alors j'ai ratissé toute la ville, en vain. Je ne l'ai plus jamais revue et mon père était victorieux : il avait détruit une relation et gardait son fils auprès de lui.

Un petit silence s'ensuit puis Kristen s'approche de moi et s'empare de mes mains qu'elle serre doucement entre les siennes.

— C'est horrible... je suis désolée. C'est pour ça que Louisa ne veut pas que nous soyons ensemble ? Et que les règles existent ?