Lose Me To Find You

Chapitre 37

Willow - Jasmine Thompson
***

Isaiah

Je me réveille et constate que Kristen est toujours blottie contre moi, allongée sur son lit. Ses poings sont fermés, ses lèvres entrouvertes et ses petits yeux clos. Ses cils effleurent ses pommettes et sa frange son arcade sourcilière. Elle est magnifique même quand elle dort. Tout en plissant les yeux, je fixe l'heure sur son horloge numérique qui indique plus de deux heures du matin. En faisant le moins de bruit possible, je me lève et prends garde à ne pas déranger mon ange. Ouais, niais vous aviez dit ? Hum. Alors que je m'apprête à sortir de la chambre, je tourne la tête vers Kristen et souris. Elle a l'air si paisible que ça me paraît irréel après tout ce qui s'est passé. Comme si elle avait senti que ma présence n'était plus, Kristen fronce les sourcils et émet un petit gémissement rauque qui me fait bien frissonner.

Je finis par détourner le regard et partir de la pièce pour retrouver mon propre lit. Fixant le plafond durant de longues et interminables minutes, je soupire bruyamment et me force à fermer les yeux, à la recherche du sommeil. Fort heureusement, ce dernier finit par venir à mon encontre et m'entraîne avec lui dans les abysses du repos. Une pause qui, je pensais, était longue, prend fin lorsque mon réveil sonne à sept heures et que cette sonnerie résonne dans mon crâne pendant longtemps. Assez pour que Kyle ne vienne l'éteindre lui-même en me râlant dessus sous prétexte que ce dernier n'a pas cours aujourd'hui et qu'il aimerait bien dormir. Lorsque je daigne me lever, je m'étire et sors de ma chambre en baillant. Je croise Kristen qui, désormais, ne se cache plus sous des pulls bien trop larges pour elle. Bordel ce que j'aime la voir ainsi : épanouie et libre. Son corps n'est plus une échappatoire, c'est un trophée que Kristen brandira fièrement un jour.

Je descends en bas et ne trouve ni ma mère ni mon père. Ils sont sûrement à l'hôpital avec Yaëlle et Madame Rey. De deviner cette information me rassure : peut-être feront-ils enfin le nécessaire pour notre amie ? Je l'espère puisque nous n'en avons pas parlé en rentrant. Kristen a insisté, je prie pour que tout rentre dans l'ordre. Perdu dans mes pensées, je ne fais pas attention à mon entourage et n'entends pas que Kristen m'appelle gentiment depuis trois bonnes minutes. Elle me tire de ma rêverie en me pinçant légèrement le bras. Je cligne des yeux et la regarde, ahuri. Kristen se bidonne puis reprend son sérieux. Elle me prévient alors :

— Ta mère m'a envoyé un message. Elle nous autorise à rater les cours pour qu'on puisse aller voir Yaëlle. Madame Lewis est au courant.

J'acquiesce et serre les poings, faisant craquer tous mes doigts en même temps.

— Je dois régler un truc une fois qu'on sera là-bas.

Kristen ne pose aucune question et nous voilà partis pour l'hôpital, à même pas huit heures du matin. Nous allons assez vite en vélos tout en respectant les vitesses et codes imposés. Je sens que mon acolyte est stressée de revoir son amie, normal. Hier Yaëlle lui criait dessus et était confuse. Elle vient de perdre sa mère qui lui a planté un couteau dans le bas-ventre. Le souhait de procréer n'est plus une option, hélas. Je vois le bâtiment de l'hôpital apparaître dans mon champ de vision et accélérer davantage. Le cœur battant à tout rompre, nous sautons de nos bicyclettes et nous nous ruons vers les ascenseurs. A cause de son entorse, Kristen a un pas boiteux mais ne se plaint pas et hâte également. Une fois dans la boîte métallique, nous reprenons nos souffles.

J'attrape la main tremblante de Kristen et la serre doucement. Elle lie nos doigts ensemble et déglutit, le regard braqué sur les portes de l'ascenseur, pressée que ces dernières s'ouvrent. Celles-ci finissent par le faire et nous nous dépêchons de trouver la chambre de notre amie, préoccupés de son état. Après avoir contourné quelques policiers et soignants, nous trouvons notre chemin. Nous déboulons dans sa chambre et découvrons sans surprise mes parents et Madame Rey. Ces derniers nous sourient et nous laissent un instant avec Yaëlle sans dire un mot. Notre amie semble plus calme qu'hier et a meilleure mine malgré la situation. Ses pupilles se posent sur nous tandis qu'un minuscule rictus qui se veut rassurant incurve ses lèvres. Elle semble ravagée par le chagrin : ses yeux sont gonflés et rougis, ses joues baignées de larmes et ses cernes marqués. Kristen se précipite auprès d'elle, quittant ma main pour que celle-ci trouve celle de Yaëlle.